Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
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Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
alainAdmin a écrit:au fait!! pourrais-tu expliciter ta question???
car le dessin n'est pas dans "t m'"
donc c'est quadrature du cercle, ta question, non ?
11 Mais si, il y est!
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Sam 26 Sep 2015 - 20:14, édité 2 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
12 ah ?? ok je vais aller revoir........
j'étais en train d'écrire ceci ; lol:
au fait , dois-je dire que j'ai toujours trouvé abominable-ridicule le "tu m'" de Duchamp, et que je n'y ai jamais rien compris.
Pas plus fier de ça par ailleurs
j'étais en train d'écrire ceci ; lol:
au fait , dois-je dire que j'ai toujours trouvé abominable-ridicule le "tu m'" de Duchamp, et que je n'y ai jamais rien compris.
Pas plus fier de ça par ailleurs
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
15
Ben oui, en forçant un peu les rouges, on la voit mieux cette étrange structure, là, au milieu, "derrière" l'ombre de la roue et de la pointe du tire bouchon:alainAdmin a écrit:ah merde tu as raison!!
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:02, édité 3 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
16
Guère mieux pour moi, mais justement, on va essayer de réunir ce qu'on peut savoir...
Commençons par le commencement: si j'ai lancé cette devinette, c'est parce que cette oeuvre a été donnée comme sujet d'analyse au bac en arts plastiques. Alors je me suis demandé ce que j'aurais dit si j'avais eu à faire cette analyse....
Comme le document offert aux candidats n'était pas de très bonne qualité, je suis allé chercher le document à la source, c'est à dire à la Yale University Art Gallery de New Haven à partir de laquelle on peut télécharger une image d'assez bonne définition. Et là, en zoomant, j'ai trouvé cette mystérieuse structure sous jacente que je n'avais jamais vue auparavant.
Et en regardant bien dans le tableau, on trouve d'autres traces de construction plus ou moins recouvertes...
alainAdmin a écrit:au fait , dois-je dire que j'ai toujours trouvé abominable-ridicule le "tu m'" de Duchamp, et que je n'y ai jamais rien compris.
Pas plus fier de ça par ailleurs
Guère mieux pour moi, mais justement, on va essayer de réunir ce qu'on peut savoir...
Commençons par le commencement: si j'ai lancé cette devinette, c'est parce que cette oeuvre a été donnée comme sujet d'analyse au bac en arts plastiques. Alors je me suis demandé ce que j'aurais dit si j'avais eu à faire cette analyse....
Comme le document offert aux candidats n'était pas de très bonne qualité, je suis allé chercher le document à la source, c'est à dire à la Yale University Art Gallery de New Haven à partir de laquelle on peut télécharger une image d'assez bonne définition. Et là, en zoomant, j'ai trouvé cette mystérieuse structure sous jacente que je n'avais jamais vue auparavant.
Et en regardant bien dans le tableau, on trouve d'autres traces de construction plus ou moins recouvertes...
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:03, édité 2 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
17 Allons-y tranquillement.
1 COMMANDE
Duchamp est un artiste complexe et énigmatique. Tu m' est une de ses oeuvres les plus mystérieuses.
Peinte en 1918, elle est la dernière peinture de l'artiste.
C'est une commande de la riche collectionneuse Katherine Dreier.
http://www.revue-geste.fr/articles/geste5/GESTE%2005%20-%20Ralentis%20-%20Perret.pdf
Ce tableau était destiné à un emplacement bien précis, au dessus de la bibliothèque de Mme Dreier, d'où son format allongé très particulier
1 COMMANDE
Duchamp est un artiste complexe et énigmatique. Tu m' est une de ses oeuvres les plus mystérieuses.
Peinte en 1918, elle est la dernière peinture de l'artiste.
C'est une commande de la riche collectionneuse Katherine Dreier.
http://www.revue-geste.fr/articles/geste5/GESTE%2005%20-%20Ralentis%20-%20Perret.pdf
La pièce est remarquablement discrète. Et ésotérique. Marcel Duchamp la présente comme
un « inventaire » de ses ready-made, un exercice plutôt ennuyeux auquel il se contraint pour
répondre au désir de la commanditaire, une collectionneuse américaine fortunée dont le
goût pour Duchamp et ses oeuvres est assez mystérieux. Katherine Dreier ne fait pas partie
du groupe des amies désireuses de s’encanailler. C’est une femme rangée qui aime l’art
et veut servir ses intérêts sans paraître remarquer que Duchamp n’est pas nécessairement
le mieux placé pour les représenter. Bref : une commande à laquelle il faut répondre par
nécessité financière. Une commanditaire pas particulièrement inspirante. Le désir de quitter
l’Amérique va-t-en guerre et de clore un chapitre de sa vie. La dernière corvée avant le vrai
départ.
Ce tableau était destiné à un emplacement bien précis, au dessus de la bibliothèque de Mme Dreier, d'où son format allongé très particulier
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:03, édité 5 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
18 2 INVENTAIRES
Un des caractères les plus forts et les plus passionnants de Duchamp, c'est la logique interne de développement de son oeuvre, qui semble à la fois libre et ouverte, presque aléatoire, et en même temps très maîtrisée.
Cette maîtrise apparait régulièrement dans ses oeuvres récapitulatives comme le Grand verre (1915-23), la Boîte en valise (1935-41), Etant donnés (1964) où Duchamp rassemble un certain nombre de ses oeuvres antérieures. Tu m' (1918) fait partie de ces oeuvres récapitulatives. Nous allons voir pourquoi.
Ainsi, par exemple, le Grand verre (1915-23)
reprend et rassemble, entre autres, la Mariée de 1912
les Neuf moules malics de 1914-15
La broyeuse de chocolat de 1914
Un des caractères les plus forts et les plus passionnants de Duchamp, c'est la logique interne de développement de son oeuvre, qui semble à la fois libre et ouverte, presque aléatoire, et en même temps très maîtrisée.
Cette maîtrise apparait régulièrement dans ses oeuvres récapitulatives comme le Grand verre (1915-23), la Boîte en valise (1935-41), Etant donnés (1964) où Duchamp rassemble un certain nombre de ses oeuvres antérieures. Tu m' (1918) fait partie de ces oeuvres récapitulatives. Nous allons voir pourquoi.
Ainsi, par exemple, le Grand verre (1915-23)
reprend et rassemble, entre autres, la Mariée de 1912
les Neuf moules malics de 1914-15
La broyeuse de chocolat de 1914
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:03, édité 5 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
19 3 READY MADE
En 1913 / 1915, il y a donc un siècle, Duchamp invente ce qu'on appelle le "ready made".
Il s'agit de simples objets industriels (à l'origine car la réalité est un peu plus compliquée) érigés au rang d'oeuvre d'art
- par la volonté de l'artiste diront les uns,
- par la reconnaissance des institutions artistiques diront d'autres,
- par miracle diront certains,
- par scandale et tour de passe passe diront d'autres encore...
- pour des raisons artistiques profondes, complexes et cohérentes avec toute l'oeuvre de Duchamp peut-être.
Objets de débats à l'infini, c'est certain....
Le premier en date est cette Roue de bicyclette, avec son ombre, car, comme Duchamp le précise " l'ombre du ready made fait partie du ready made"
Et voici le Porte chapeau de 1917.
Je ne mets que ces deux là car ce sont eux qui nous intéressent dans l'analyse de Tu m'
En 1913 / 1915, il y a donc un siècle, Duchamp invente ce qu'on appelle le "ready made".
Il s'agit de simples objets industriels (à l'origine car la réalité est un peu plus compliquée) érigés au rang d'oeuvre d'art
- par la volonté de l'artiste diront les uns,
- par la reconnaissance des institutions artistiques diront d'autres,
- par miracle diront certains,
- par scandale et tour de passe passe diront d'autres encore...
- pour des raisons artistiques profondes, complexes et cohérentes avec toute l'oeuvre de Duchamp peut-être.
Objets de débats à l'infini, c'est certain....
Le premier en date est cette Roue de bicyclette, avec son ombre, car, comme Duchamp le précise " l'ombre du ready made fait partie du ready made"
Et voici le Porte chapeau de 1917.
Je ne mets que ces deux là car ce sont eux qui nous intéressent dans l'analyse de Tu m'
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:04, édité 6 fois (Raison : A)
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
20 4 STOPPAGES ETALON
Une autre qualité incontestable de Duchamp est d'avoir inventé des dispositifs qu'on n'avait jamais vu avant dans le monde de l'art, pas plus dans la peinture que dans la sculpture, ni nulle part ailleurs.
Trois stoppages étalon de 1913-14 fait partie de ces OVNI
A la base, c'est une expérience pseudo scientifique absurde: laisser tomber de 1 mètre de hauteur trois fils de un mètre de longueur. Conserver, relever et reporter sur une règle en bois de un mètre de longueur la forme sinusoïdale obtenue. Ranger le tout dans une boîte en bois.
Ces courbes ainsi relevées, fruits du hasard d'une certaine façon, Duchamp s'en sert comme d'un motif à plusieurs reprises.
Dans cette peinture par exemple Réseau de stoppages de 1914
Ou bien ici, dans Neuf moules malics de 1914-15, ce sont eux qui constituent ces filaments qui relient entre eux les célibataires.
Une autre qualité incontestable de Duchamp est d'avoir inventé des dispositifs qu'on n'avait jamais vu avant dans le monde de l'art, pas plus dans la peinture que dans la sculpture, ni nulle part ailleurs.
Trois stoppages étalon de 1913-14 fait partie de ces OVNI
A la base, c'est une expérience pseudo scientifique absurde: laisser tomber de 1 mètre de hauteur trois fils de un mètre de longueur. Conserver, relever et reporter sur une règle en bois de un mètre de longueur la forme sinusoïdale obtenue. Ranger le tout dans une boîte en bois.
Ces courbes ainsi relevées, fruits du hasard d'une certaine façon, Duchamp s'en sert comme d'un motif à plusieurs reprises.
Dans cette peinture par exemple Réseau de stoppages de 1914
Ou bien ici, dans Neuf moules malics de 1914-15, ce sont eux qui constituent ces filaments qui relient entre eux les célibataires.
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:04, édité 3 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
21 5 PERSPECTIVE LINEAIRE
Paradoxalement, en même temps qu'il invente ces dispositifs radicalement nouveaux, Duchamp ne cesse de s'intéresser à la perspective linéaire la plus classique.
Enfin, "classique" est une façon de parler, car Duchamp utilise la perspective de façon assez libre, et davantage comme piège optique que pour construire un espace spatialement cohérent.
Ainsi, la perspective donne une relative crédibilité à l'objet absurde de la Glissière. Par exemple, les montants devraient diminuer avec la profondeur (exagérée), hors ils restent d'épaisseur constante.
1915 Glissière contenant un moulin à eau
Dans Apolinère enameled de 1916-17, le lit est un objet impossible.
Quand à la Broyeuse de chocolat de 1914, il s'agit également d'un subtil jeu de perspective à la limite entre possible et impossible.
Paradoxalement, en même temps qu'il invente ces dispositifs radicalement nouveaux, Duchamp ne cesse de s'intéresser à la perspective linéaire la plus classique.
Enfin, "classique" est une façon de parler, car Duchamp utilise la perspective de façon assez libre, et davantage comme piège optique que pour construire un espace spatialement cohérent.
Ainsi, la perspective donne une relative crédibilité à l'objet absurde de la Glissière. Par exemple, les montants devraient diminuer avec la profondeur (exagérée), hors ils restent d'épaisseur constante.
1915 Glissière contenant un moulin à eau
Dans Apolinère enameled de 1916-17, le lit est un objet impossible.
Quand à la Broyeuse de chocolat de 1914, il s'agit également d'un subtil jeu de perspective à la limite entre possible et impossible.
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:04, édité 5 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
22 L'affaire "tu m'" est-elle close ou cherchez-vous encore à savoir des choses à son propos ?
gabrielle colace- Messages : 3
Date d'inscription : 03/07/2015
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
23
Bienvenue Gabrielle.
Non non, l'affaire n'est pas close! Je me suis simplement interrompu dans mon explication avant de poursuivre sur les illusions d'optique et la stéréoscopie, et de tenter une synthèse autant que faire se peut.
Pour ce qui concerne ma question de départ sur ce dessin caché, le mystère reste entier. Si vous souhaitez intervenir, allez-y, je reprendrai mon fil ensuite. Nous pouvons aussi poursuivre sous forme de dialogue.
En fait, le problème pour moi, c'est qu'une fois décryptés les différents éléments de Tu m', une fois analysée la perspective, je ne débouche sur rien. C'est frustrant!
gabrielle colace a écrit:L'affaire "tu m'" est-elle close ou cherchez-vous encore à savoir des choses à son propos ?
Bienvenue Gabrielle.
Non non, l'affaire n'est pas close! Je me suis simplement interrompu dans mon explication avant de poursuivre sur les illusions d'optique et la stéréoscopie, et de tenter une synthèse autant que faire se peut.
Pour ce qui concerne ma question de départ sur ce dessin caché, le mystère reste entier. Si vous souhaitez intervenir, allez-y, je reprendrai mon fil ensuite. Nous pouvons aussi poursuivre sous forme de dialogue.
En fait, le problème pour moi, c'est qu'une fois décryptés les différents éléments de Tu m', une fois analysée la perspective, je ne débouche sur rien. C'est frustrant!
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:05, édité 2 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
24 j'ai eu tout une année de cours sur Duchamp, mais rien là-dessus.
J'ignore pourquoi, ce que fait Duchamp m'irrite, m'agace même! Mais je comprends l'intérêt qu'il peut représenter et je remercie malgré tout Jean-Yves pour ce compressé de Duchamp en 5 points très intéressant.
Je ne peux répondre à l'énigme autrement qu'en disant que les lignes qui apparaissent sont un sombre complot de Duchamp pour rendre fou ceux qui regardent de près ce tableau
J'ignore pourquoi, ce que fait Duchamp m'irrite, m'agace même! Mais je comprends l'intérêt qu'il peut représenter et je remercie malgré tout Jean-Yves pour ce compressé de Duchamp en 5 points très intéressant.
Je ne peux répondre à l'énigme autrement qu'en disant que les lignes qui apparaissent sont un sombre complot de Duchamp pour rendre fou ceux qui regardent de près ce tableau
Alice Somhusbands- Messages : 12
Date d'inscription : 21/06/2015
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
25
Merci à toi, mais je n'ai pas terminé. Il me reste 2 ou 3 points à présenter avant d'entrer dans le vif du sujet, c'est à dire la synthèse des éléments. Et j'avoue que je retarde l'échéance car je coince un peu. En potassant, j'ai quand même trouvé quelques petites choses nouvelles pour moi mais rien de tout à fait satisfaisant.
Mais ce qui me surprend, c'est que ce dessin ne correspond à rien d'équivalent, à ma connaissance, dans l'oeuvre de Duchamp qui a, au contraire, tendance à revenir sur les mêmes éléments qu'il réemploie.
Cette oeuvre là est particulièrement énigmatique. Et Duchamp lui-même ne la trouvait pas réussie. On la sent très travaillée, ambitieuse et un peu laborieuse... Et en même temps, on aimerait bien savoir où il voulait en venir.Alice Somhusbands a écrit:j'ai eu tout une année de cours sur Duchamp, mais rien là-dessus.
J'ignore pourquoi, ce que fait Duchamp m'irrite, m'agace même! Mais je comprends l'intérêt qu'il peut représenter et je remercie malgré tout Jean-Yves pour ce compressé de Duchamp en 5 points très intéressant.
Merci à toi, mais je n'ai pas terminé. Il me reste 2 ou 3 points à présenter avant d'entrer dans le vif du sujet, c'est à dire la synthèse des éléments. Et j'avoue que je retarde l'échéance car je coince un peu. En potassant, j'ai quand même trouvé quelques petites choses nouvelles pour moi mais rien de tout à fait satisfaisant.
Non, je ne pense pas qu'il s'amusait à cela. Je pense qu'il doit s'agir d'un projet abandonné, qui devait, ou non, faire partie de Tu m'.
Je ne peux répondre à l'énigme autrement qu'en disant que les lignes qui apparaissent sont un sombre complot de Duchamp pour rendre fou ceux qui regardent de près ce tableau
Mais ce qui me surprend, c'est que ce dessin ne correspond à rien d'équivalent, à ma connaissance, dans l'oeuvre de Duchamp qui a, au contraire, tendance à revenir sur les mêmes éléments qu'il réemploie.
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:06, édité 1 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
26 Je me permets de douter de ces traces sur "tu m'". C'est aux rayons x, au carbone 14 ? A l'oeil nu ces restes sont invisibles.
Qu'en dit le site de Yale ? Et zut, je ne retrouve pas votre image de "tu m'".
Tu m'aimes, mais aussi tu m"emmerdes:
Katherin Dreier a souvent soutenu Marcel, financièrement. Ils ont voyagé ensemble, à Venise par exemple. Elle était un peu amoureuse de lui. Mais ne comprenait pas sa démarche des ready made. Elle voulait donc une peinture. Il a cédé. Pour la soeur de Dreier, si mes souvenirs sont bons, il avait fait la petite cage avec l'os de seiche, que la soeur a refusé, ne la trouvant pas à son goût
Qu'en dit le site de Yale ? Et zut, je ne retrouve pas votre image de "tu m'".
Tu m'aimes, mais aussi tu m"emmerdes:
Katherin Dreier a souvent soutenu Marcel, financièrement. Ils ont voyagé ensemble, à Venise par exemple. Elle était un peu amoureuse de lui. Mais ne comprenait pas sa démarche des ready made. Elle voulait donc une peinture. Il a cédé. Pour la soeur de Dreier, si mes souvenirs sont bons, il avait fait la petite cage avec l'os de seiche, que la soeur a refusé, ne la trouvant pas à son goût
gabrielle colace- Messages : 3
Date d'inscription : 03/07/2015
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
27
Comme je l'ai dit ci-dessus, c'est après avoir téléchargé le document sur le site de Yale que j'ai remarqué ces tracés.
C'est une image de bonne qualité, meilleure que ce qu'on trouve habituellement. Il suffit de zoomer sur le côté gauche pour les voir.
Pour les faire mieux apparaitre et obtenir l'image que j'ai mise dans le premier message de ce sujet, j'ai évidemment joué sur les couleurs et les contrastes.
Si si, à l'oeil nu!gabrielle colace a écrit:Je me permets de douter de ces traces sur "tu m'". C'est aux rayons x, au carbone 14 ? A l'oeil nu ces restes sont invisibles.
Qu'en dit le site de Yale ? Et zut, je ne retrouve pas votre image de "tu m'".
Comme je l'ai dit ci-dessus, c'est après avoir téléchargé le document sur le site de Yale que j'ai remarqué ces tracés.
C'est une image de bonne qualité, meilleure que ce qu'on trouve habituellement. Il suffit de zoomer sur le côté gauche pour les voir.
Pour les faire mieux apparaitre et obtenir l'image que j'ai mise dans le premier message de ce sujet, j'ai évidemment joué sur les couleurs et les contrastes.
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:07, édité 1 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
28 6 VISION EN RELIEF Dans la suite logique du point précédent sur la perspective figurent les recherches récurrentes de Duchamp sur la vision en relief.
Elles prennent plusieurs aspects.
Les rotoreliefs de 1930, par exemple, qui sont des disques qui, mis en rotation, produisent un effet optique tridimensionnel.
Mais auparavant, en 1918, soit à l'époque de Tu m', Duchamp s'intéresse à la stéréoscopie.
Stéréoscopie à la main 1918-19
Man Ray fait des recherches similaires. Ils ont même le projet, tous les deux, de créer un film en relief à partir de la machine de Duchamp Rotative plaque de verres.
Pour rappel, la stéréoscopie est ce procédé qui consiste à créer une illusion de relief par juxtaposition de deux images prises sous des angles très légèrement différents.
Il a eu beaucoup de succès dans le domaine de l'imagerie érotique en particulier, et j'ai tendance à penser que c'est une des sources d' Etant donnés...
Elles prennent plusieurs aspects.
Les rotoreliefs de 1930, par exemple, qui sont des disques qui, mis en rotation, produisent un effet optique tridimensionnel.
Mais auparavant, en 1918, soit à l'époque de Tu m', Duchamp s'intéresse à la stéréoscopie.
Stéréoscopie à la main 1918-19
Man Ray fait des recherches similaires. Ils ont même le projet, tous les deux, de créer un film en relief à partir de la machine de Duchamp Rotative plaque de verres.
Pour rappel, la stéréoscopie est ce procédé qui consiste à créer une illusion de relief par juxtaposition de deux images prises sous des angles très légèrement différents.
Il a eu beaucoup de succès dans le domaine de l'imagerie érotique en particulier, et j'ai tendance à penser que c'est une des sources d' Etant donnés...
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Dim 27 Déc 2015 - 13:28, édité 3 fois
tu m' en filigrane
29 Si c'est visible à l'oeil nu, il est effectivement étrange que personne n'en fasse mention, même à Yale.
Deux hypothèses compatibles:
1 C 'est un dessous avec repentir laissé un peu visible comme les stoppages étalon par dessus les deux nus dans le printemps
2 ça confirme l'intérêt pour la géométrie perspective qui avait déjà induit le choix de la roue de bicyclette, pas un ready made comme les autres, puisque destiné à un usage privé, dans son atelier.
1+2= Marcel s'est dit que K Dreier l'emmerdait avec sa commande d'une peinture et il a trouvé un raccourci: l'ombre de la roue de bicyclette qui présente autant de géométrie, de 3ème et 4ème dimension que dans le projet initial dessiné.
Deux hypothèses compatibles:
1 C 'est un dessous avec repentir laissé un peu visible comme les stoppages étalon par dessus les deux nus dans le printemps
2 ça confirme l'intérêt pour la géométrie perspective qui avait déjà induit le choix de la roue de bicyclette, pas un ready made comme les autres, puisque destiné à un usage privé, dans son atelier.
1+2= Marcel s'est dit que K Dreier l'emmerdait avec sa commande d'une peinture et il a trouvé un raccourci: l'ombre de la roue de bicyclette qui présente autant de géométrie, de 3ème et 4ème dimension que dans le projet initial dessiné.
gabrielle colace- Messages : 3
Date d'inscription : 03/07/2015
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
30
Oui, faute de plus ample information sur ce schéma perspectif caché, plus ou moins recouvert, je pense que ce doit être à peu près ça.
C'est vrai qu'il y a une ressemblance entre le réseau de lignes formé par l'ombre de la roue de bicyclette et ce schéma perspectif, comme si le premier avait remplacé le second.
J'explicite
effectivement, sous le Réseau de stoppages (1914) se cache une version du Printemps
dont voici ici l'étude préparatoire de 1911:
gabrielle colace a écrit:Si c'est visible à l'oeil nu, il est effectivement étrange que personne n'en fasse mention, même à Yale.
Deux hypothèses compatibles:
1 C 'est un dessous avec repentir laissé un peu visible comme les stoppages étalon par dessus les deux nus dans le printemps
2 ça confirme l'intérêt pour la géométrie perspective qui avait déjà induit le choix de la roue de bicyclette, pas un ready made comme les autres, puisque destiné à un usage privé, dans son atelier.
1+2= Marcel s'est dit que K Dreier l'emmerdait avec sa commande d'une peinture et il a trouvé un raccourci: l'ombre de la roue de bicyclette qui présente autant de géométrie, de 3ème et 4ème dimension que dans le projet initial dessiné.
Oui, faute de plus ample information sur ce schéma perspectif caché, plus ou moins recouvert, je pense que ce doit être à peu près ça.
C'est vrai qu'il y a une ressemblance entre le réseau de lignes formé par l'ombre de la roue de bicyclette et ce schéma perspectif, comme si le premier avait remplacé le second.
J'explicite
en montrant les images correspondantes:1 C 'est un dessous avec repentir laissé un peu visible comme les stoppages étalon par dessus les deux nus dans le printemps
effectivement, sous le Réseau de stoppages (1914) se cache une version du Printemps
dont voici ici l'étude préparatoire de 1911:
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:08, édité 1 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
31 7 EROS C'EST LA VIE!
Rrose Selavy comme Duchamp nommait son double féminin.
Je poursuis en rappelant les allusions érotiques plus ou moins explicites qui parcourent toute l'oeuvre de Duchamp. C'est sans doute son thème central, pratiquement toutes ses oeuvres pouvant être abordées sous cet angle, même ses ready made prétendument "neutres".
Voici juste quelques exemples:
Le roi et la reine traversés par des nus en vitesse
Feuille de vigne femelle
Prière de toucher
Objet dard
Porte bouteilles
Rrose Selavy comme Duchamp nommait son double féminin.
Je poursuis en rappelant les allusions érotiques plus ou moins explicites qui parcourent toute l'oeuvre de Duchamp. C'est sans doute son thème central, pratiquement toutes ses oeuvres pouvant être abordées sous cet angle, même ses ready made prétendument "neutres".
Voici juste quelques exemples:
Le roi et la reine traversés par des nus en vitesse
Feuille de vigne femelle
Prière de toucher
Objet dard
Porte bouteilles
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:09, édité 10 fois
Re: Duchamp, analyse de "Tu m'", partie 1
32 8 SCIENCE OU MAGIE?
Duchamp, dans un esprit mi sérieux, mi ludique ou poétique, s'intéressait aux sciences, à la physique, à l'électromagnétisme, à la chronophotographie mais aussi au spiritisme ou à la quatrième dimension, dans un joyeux et éclectique mélange qui évoque parfois la science fiction.
"La "photographie spirite" était aussi l'un des grands "trucs" de la physique amusante et, dans les cabinets obscurs, on multipliait les "séances spirites", les "diableries couleur de rose" et autres spectacles de "magie blanche". En cette même année 1910, ou Duchamp peignait Dumouchel en état apparent de transe fluidique, le théâtre Robert Houdin, qu'avait racheté Georges Mélies, affichait à son programme "Les phénomènes du Spiritisme" et les "Merveilles de l'Occultisme"(...) Et l'on sait le goût qu'avait Duchamp, comme Raymond Roussel, pour toutes les magies foraines..."
(Jean Clair "Sur Marcel Duchamp et la fin de l'art" p198)
Portrait du docteur Dumouchel 1910
Jakob von Narkiewicz-Jodko, Effluves d’une main électrifiée posée sur la plaque photographique (mars 1896), épreuve à la gélatine argentique, 18,1 x 12,9 cm, Fonds Camille Flammarion
Duchamp, dans un esprit mi sérieux, mi ludique ou poétique, s'intéressait aux sciences, à la physique, à l'électromagnétisme, à la chronophotographie mais aussi au spiritisme ou à la quatrième dimension, dans un joyeux et éclectique mélange qui évoque parfois la science fiction.
"La "photographie spirite" était aussi l'un des grands "trucs" de la physique amusante et, dans les cabinets obscurs, on multipliait les "séances spirites", les "diableries couleur de rose" et autres spectacles de "magie blanche". En cette même année 1910, ou Duchamp peignait Dumouchel en état apparent de transe fluidique, le théâtre Robert Houdin, qu'avait racheté Georges Mélies, affichait à son programme "Les phénomènes du Spiritisme" et les "Merveilles de l'Occultisme"(...) Et l'on sait le goût qu'avait Duchamp, comme Raymond Roussel, pour toutes les magies foraines..."
(Jean Clair "Sur Marcel Duchamp et la fin de l'art" p198)
Portrait du docteur Dumouchel 1910
Jakob von Narkiewicz-Jodko, Effluves d’une main électrifiée posée sur la plaque photographique (mars 1896), épreuve à la gélatine argentique, 18,1 x 12,9 cm, Fonds Camille Flammarion
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 28 Oct 2015 - 15:09, édité 7 fois
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