Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
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Au coeur de la structure de Borgund
Module principal de la charpente de la stavkirke de Borgund :
Les principaux poteaux porteurs sont ici surlignés en rouge. Ils encadrent la nef de l'église. Je ne sais pas si les stav sont tous
ces poteaux ou uniquement ceux des quatre angles - poteaux corniers-. Je chercherai. Ces poteaux sont donc faits de troncs de
pins sylvestres :
Ces poteaux principaux sont porteurs de la charpente de la toiture principale, ici en orange, avec ses cinq fermes vues de côté :
Cette charpente du toit principal est elle même est porteuse de la charpente du clocheton sommital, ici en jaune :
Il existe un poteau intermédiaire qui ne part pas du sol, ici en marron :
Très élancés, les poteaux porteurs principaux ( rouges ici) portent donc la charge de la charpente du toit principal
elle-même surmontée de celle du clocheton sommital, plus les couvertures correspondantes. Les troncs des pins
sylvestres sont naturellement structurés pour porter les branches et feuillages. Ici, ils peuvent largement encaisser
la compression due au poids des charpentes, mais le risque est le flambage. je vais revenir en détails sur cette
notion de résistance des matériaux. Simplement, pour éviter entre autres la rupture par flambage, il faut rigidifier
l'ensemble. C'est certainement le rôle principal de la structure ici en vert, avec ses croix de Saint-André :
Il est à mon avis erroné de lui attribuer uniquement un rôle de contreventement au sens strict du terme. Nous allons
creuser tout cela dans les prochains posts.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:04, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Flambage ou flambement
Au début de cette petite vidéo - inutile de la regarder entièrement-, une compression progressivement croissante est
appliquée sur un tube en carton. On le voit fléchir jusqu'au brutal point de rupture :
La charge critique de flambage théorique, pour un poteau homogène de diamètre donné, est inversement proportionnelle
au carré de la longueur de flambage *. Voir ici pour aller plus loin :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Flambage
Dans la structure de base de l'église de Borgund, La poutre horizontale avec les croix de Saint-André diminue
considérablement la longueur de flambage :
On passe de L à 0,57 L. Cette diminution de la longueur de flambage permet aux poteaux de supporter une charge
trois fois plus importante, grosso modo. Ces croix de Saint-André et les traverses associées n'ont donc pas qu'une
fonction ornementale ...
Ensuite, il faut voir les extrémités des poteaux. La résistance au flambage varie si les extrémités sont encastrées
(fixed), en rotules ( pinned) ou libres ( free) :
Initialement les stav, colonnes de bois des stavkirke, étaient plantés directement dans la terre, ce qui donnait
l'équivalent d'un encastrement au sol. Mais le pourrissement dû à l'humidité a fait opter pour une autre solution. Nous
verrons cela plus tard. La structure avec croix de Saint-André donne l'équivalent d'un encastrement en haut de la longueur
de flambage, ce qui renforce la résistance, puisque l'encastrement est la solution la plus solide.
* Pour une poutre articulée en rotules en haut et en bas.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:10, édité 8 fois
Northman- Messages : 547
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Les "tang", traverses en tenailles
La rigidification de la structure de base et la diminution de la longueur de flambage dépend déjà du soin apporté à la
réalisation de ces poutres appelées tang en norvégien :
Elles doivent particulièrement bien enserrer les poteaux. D'après ce schéma elle sont en deux parties, prenant ainsi
les poteaux, stav, en étau.
Sur un agrandissement d'une des rares photos que j'ai prises à l'intérieur de la stavkirke de Borgund, on voit
qu'effectivement la tang supérieure est en deux parties :
On voit mieux sur cette photo trouvée sur internet :
Tang, c'est "pince", "tenaille". http://no.thefreedictionary.com/tang.
On pourrait donc traduire le nom de ces poutres par "traverses en tenailles". Il serait intéressant de savoir comment les
deux parties de ces "tenailles" sont assemblées pour obtenir un bon enserrement des colonnes de bois.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:12, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Les "tang", traverses en tenailles
Sur cette photo, on voit bien ce qui semble être des têtes de chevilles en bois, qui serviraient donc à la fois à maintenir les deux traverses en tenailles serrées l'une contre l'autre, et à fixer les étrésillons des croix de Saint-André sur ces mêmes traverses. Si ces chevilles servent effectivement à maintenir les deux traverses serrées l'une contre l'autre, alors elles ne doivent pas être enfoncées perpendiculairement aux chants de ces poutres, mais en biais. Je n'ai toujours pas trouvé pour le moment de données sur le mode d'assemblage de ces tang, traverses en tenailles, donc cette hypothèse des fixations par chevilles reste à vérifier. J'ai pointé ces têtes de chevilles avec des cercles bleus :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:13, édité 1 fois
Northman- Messages : 547
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Le contreventement
"Le contreventement consiste à mettre en place des dispositifs empêchant la basculement et l’écroulement de la structure sous la pression du vent."
Source : https://constructionbois.bilp.fr/guide-ossature-bois/ossature-mur/ossature-bois-plateforme/contreventement
"Effet du vent sur une structure non-contreventée : Le vent provoque une force horizontale (en rouge) sur la structure. La résistance des points de
fixation étant négligeable par rapport à cette force, les fixations sont assimilables à des rotules (en bleu). La structure bascule autour de ses rotules : "
Exemple de structure en bois contreventée par des bras de contreventement :
La structure centrale de la stavkirke de Borgund est très bien contreventée entre autres par les croix de Saint-André et les traverses en tenailles :
Cette poutre (en vert sur le schéma ) constituée par les traverses en tenailles et les croix de Saint-André est donc à la fois un dispositif
anti-flambage des grandes colonnes de bois et un système de contreventement.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:15, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit: Il serait intéressant de savoir comment les deux parties de ces "tenailles" sont assemblées pour obtenir un bon enserrement des colonnes de bois.
Je ne serais pas surpris qu'on voie d'ici peu pousser une stavkirke en Normandie! Tu connaîtras bientôt tous les trucs de fabrication!
De Borgund à Flåm par la route des montagnes
Pour ce 31 décembre 2015, je vous propose une petite bouffée d'oxygène après ces posts sur les structures en bois et les forces. Sortons momentanément de la stavkirke de Borgund pour aller prendre l'air sur les plateaux montagneux des alentours. Prenons la route des montagnes :
Elle passe au dessus du long tunnel pris à l'aller :
Très souvent des animaux sur les routes norvégiennes, même importantes :
Aconit septentrional :
Linaigrette à feuilles étroites :
Encore des animaux sur la route, dans ces paysages très sauvages :
Toutes ces photos ont été prises le 17 juillet 2008.
Saisissant, l'Aurlandsfjord vu des hauteurs. Au loin, à gauche de la cascade, l'entrée du sublime Nærøyfjord, avec Beitelen,
ce musoir naturel de 675 mètres qui plonge droit dans l'eau de ce bras de mer.
Très bonne année 2016 !
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:16, édité 1 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
De la neige!! on en veut!!!!
Meilleurs vœux aussi!
Meilleurs vœux aussi!
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
alainAdmin a écrit:De la neige!! on en veut!!!!
Meilleurs vœux aussi!
Oui!
Pour info pour Northman qui ne suit pas toujours les autres sujets:
- un cadeau de nouvel an ici https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t113-dubuffet-labonfam-abeber
- et un mot sur la neige là https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t44-jean-yves-amir
Un peu de toponymie scandinave en Normandie
Jean-Yves Amir a écrit: ... Pour info pour Northman qui ne suit pas toujours les autres sujets...
Toujours le même problème : Soit je ne participe plus du tout au forum par manque de temps pour aller partout, soit je continue quand même en ne me concentrant correctement que sur un seul sujet à la fois.
Jean-Yves Amir a écrit: Je ne serais pas surpris qu'on voie d'ici peu pousser une stavkirke en Normandie! Tu connaîtras bientôt tous les trucs de fabrication! Laughing
Non, je n'aurai pas le temps de me lancer dans un tel projet !
Il reste cependant intéressant d'étudier de près une structure en bois comme l'église de Borgund qui a tenu le coup pendant plus de 800 ans. C'est la Stavkirke la mieux préservée sur les 28 restantes en Norvège... De la construction durable !
Mais nous avons des kirke en Normandie. Plus exactement des toponymes issus du vieux norrois kirkja :
Carquebut, , Cricqueboeuf, Cricqueville-en-Auge, Cricqueville-en-Bessin, La Crique, Criquebeuf-en-Caux, Criquebeuf-la-Campagne, Criquebeuf-sur-Seine, Criquetot-l'Esneval, Criquetot-le-Mauconduit, Criquetot-sur-Longeville, Criquetot-sur-Ouville, Querqueville.
Référence : "Dictionnaire étymologique des nolms de communes de Normandie". René Lepelley, 2003 éditions Charles Corlet et Presses universitaires de Caen.
Il est très intéressant de voir que les moins déformés par rapport à la langue d'origine sont dans le Cotentin, à l'ouest de la Normandie : Par exemple Carquebut a exactement la même étymologie que Cricqueboeuf. Carquebut se trouve dans le Cotentin et Cricqueboeuf dans le Calvados, non loin de Honfleur. De même, Querqueville, près de Cherbourg, a la même étymologie que les deux Cricqueville situés dans le Calvados.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:17, édité 1 fois
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Structure de la charpente de Borgund, suite
Revenons dans la stavkirke de Borgund. La structure principale, qui encadre et surplombe la nef, comprend une colonne
de bois qui ne descend pas jusqu'au sol :
La force transmise par le poteau central est reprise par deux jambes de force réalisant une belle arcature en plein cintre :
Même si l'élan vertical fait penser au gothique, la période de construction, les arcatures en plein cintre et la quasi absence
de fenêtres nous plongent en plein art roman, ou en pleine influence du roman.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:19, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Histoire du christianisme norvégien. Population norvégienne actuelle
Nous avions vu ici que la période de construction des églises en bois debout s'étale sur les XIIème et XIIIème siècles, à l'exception de Reinli ( après 1326 ?) et de Rollag, construite après 1425, et de Grip, XVe siècle. Nous verrons là que la toute première génération de stavkirke remonte au XIe siècle.
Il est intéressant de resituer ces trois siècles dans l'histoire de la Norvège. J'ai trouvé un article d'Eric Eydoux, maître de conférences à l'université de Caen, qui la résume très bien. Voici l'extrait qui nous concerne :
"La création d'un pays unifié et christianisé :
C'est à la fin du IXe siècle, au moment où apparaît le terme Norvège – Noregr ou « route du Nord » – que le pays est unifié. Un siècle plus tard, le « Christ blanc » commence à chasser les anciennes divinités norroises, Odin, Thor ou Freyr – dieu de la Fécondité. C'est après la mort d'Olav Haraldsson en 1030, bientôt connu dans toute la Scandinavie sous le nom de saint Olav, que l'Église s'institutionnalise vraiment ; le processus s'achève en 1152 lorsque le pays accède à la dignité de province ecclésiastique, avec Trondheim pour métropole. Là s'élève toujours la cathédrale, le plus impressionnant fleuron de l'architecture religieuse de l'Europe du Nord, qui le cède cependant en originalité aux modestes stavkirker ou églises en bois debout. Au nombre de trente – dont celle du musée de plein air d'Oslo – elles sont spécifiques à la Norvège : une très déroutante allure de pagode y dissimule la structure d'une église classique.
Alors que s'implante l'Église, l'organisation sociale se diversifie et se hiérarchise suivant le modèle occidental. Tandis que dans les premières cités, telles Trondheim, Tynsberg et Oslo, émerge une bourgeoisie, les prérogatives royales se développent et les grands propriétaires, investis de fonctions militaires, commencent à former une caste nobiliaire. Les paysans, bientôt astreints à payer la dîme et l'impôt, sont également nombreux à perdre leur statut de propriétaire. Le servage n'aura néanmoins jamais droit de cité en Norvège où le paysan ne cessera d'être un homme libre, ce qu'on soulignera ensuite à l'envi. Au XIIIe siècle, Håkon Håkonsson (1217-1263) et Magnus le Législateur (1263-1280), souverains fermes et mesurés, finissent de mettre le royaume à l'heure de l'Europe. Mais si la Norvège connaît sous leurs règnes sa « période de grandeur », le déclin s'amorce dès le siècle suivant. Tandis que les Allemands de la Hanse, principalement implantés à Bergen, assurent leur domination sur le commerce, le pays perd une première fois son autonomie dans une union avec la Suède (1319-1355) ; puis il est frappé dans ses forces vives par la peste de 1349-50 qui emporte sans doute la moitié de sa population."
Vous aurez remarqué que l'auteur écrit "... aux modestes stavkirker...". La terminaison en -er est l'article indéfini masculin comme féminin pluriels, en bokmål. Donc :
Stavkirke : "Eglise en bois debout", en bokmål .
Stavirker : "Des églises en bois debout", toujours en bokmål.
On avait déjà vu que les articles définis sont postposés en norvégien. Les indéfinis le sont aussi au pluriel ... mais pas au singulier.
Trondheim sur la carte des stavkirke :
Vues de la cathédrale de Nidaros-Trondheim récupérées sur Internet :
L'aire urbaine de Trondheim comporte 279 515 habitants. C'est la quatrième aire urbaine de Norvège, la première étant la capitale Oslo avec 1 546 706 habitants, la seconde Bergen avec 402 624 habitants, et la troisième Stavanger avec 325 692 habitants.
Source :
https://en.wikipedia.org/wiki/Largest_metropolitan_areas_in_the_Nordic_countries
La précision des chiffres reste relative mais donne un bon ordre d'idée.
Si l'on additionne les populations de ces quatre plus grandes aires urbaines de Norvège, on obtient 2 554 537 habitants, soit 49,2% des 5 189 435 habitants du pays entier. Quasiment la moitié de la population norvégienne se concentre donc dans les quatre plus grandes aires urbaines du pays. Cette vue satellite nocturne montre bien où se concentre la population :
Principalement dans les grandes villes côtières. C'est pourquoi on trouve des paysages extrêmement sauvages dès qu'on s'aventure sur les routes montagneuses de l'intérieur du pays.
Oslo est une capitale à taille humaine. On y respire. J'en garde un très bon souvenir pour y avoir effectué un stage de quatre jours en 1993.
Vous n'aurez pas manqué de remarquer les spots lumineux en mer du Nord : Plateformes pétrolières.
Dernière édition par Northman le Ven 5 Fév 2016 - 19:16, édité 14 fois
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Les paysages très sauvages de Norvège
Avec 5 189 435 habitants pour une superficie totale de 385 199 kilomètre-carrés, la densité de population norvégienne est de 13,70 habitants par kilomètre-carré. Pour comparer, la superficie totale de la France est de 675 000 kilomètres-carrés. La superficie de la Norvège est donc 0,57 fois celle de la France.
La France comprend 67 148 000 habitants. La population de la Norvège est donc 0,08 fois celle de la France, dont la densité est de 98,8 habitants au kilomètre-carré. On comprend donc bien que l'on puisse trouver des espaces très sauvages en Norvège, dès qu'on s'éloigne des principales aires urbaines et des côtes. Voici pour illustrer quelques photos prises en juillet 2008 sur la route des Trolls et en haut de Dalsnibba, non loin de Geiranger :
Dernière édition par Northman le Jeu 4 Fév 2016 - 11:45, édité 2 fois
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Les croisées d'écharpes de la charpente de Borgund
Charpente de la toiture de la nef de la stavkirke de Borgund :
Chacune des fermes se compose de deux arbalétriers (en rouge ci-dessous), d'un entrait retroussé (en orange) et d'une
croisée d'écharpes qui renforce la résistance des arbalétriers à la flexion, dans leurs parties supérieures.
La courbure des écharpes donne un effet de voûte :
Il serait vraiment intéressant de chercher d'où est venue cette technique de la croisée d'écharpes avec entrait retroussé.
Et malheureusement, on ne voit pas le détail des assemblages entre ces différentes composantes de la ferme, sur le schéma
comme sur la photo.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:26, édité 3 fois
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Croisées d'écharpes, suite
L'entrait retroussé n'étant pas moisé, aurait-on ceci ?
Arbalétriers en rouge, entrait retroussé en orange, jambes de force en jaune, étrésillons ou écharpes secondaires en
croix de Saint-André en vert. Difficile de trancher...
Ce détail d'un dessin de la charpente de la stavkirke de Gol est plus précis, mais encore flou sur les assemblages :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:31, édité 4 fois
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Charpente de Borgund : Forces
Les trois fermes centrales de la charpente (orange ci-dessous) de toiture de la nef de la stavkirke de Borgund
reprennent le poids de la flèche (jaune) :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:33, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
Même si l'élan vertical fait penser au gothique, la période de construction, les arcatures en plein cintre et la quasi absence de fenêtres nous plongent en plein art roman.
Juste un mot sur ce point, avec un peu de retard... (désolé)
Il me semble que ces références stylistiques "roman" ou "gothique" ne fonctionnent pas pour une telle construction.
Les arcs en plein cintre, hérités de la construction romaine, ont un rôle structurel dans l'architecture romane. Ici, ils ne jouent qu'un rôle décoratif, ils auraient pu être remplacés par une simple équerre.
Je connais mal la question, mais j'ai le sentiment que cette construction, très sophistiquée dans sa maitrise des structures, se rapproche davantage du gothique, même si on est très loin de ce qui relève de ce style dans l'architecture de pierre.
Pas évident...
Art roman ou influences romanes ? Influences gothiques ?
Jean-Yves Amir a écrit:Northman a écrit:
Même si l'élan vertical fait penser au gothique, la période de construction, les arcatures en plein cintre et la quasi absence de fenêtres nous plongent en plein art roman.
Juste un mot sur ce point, avec un peu de retard... (désolé)
Il me semble que ces références stylistiques "roman" ou "gothique" ne fonctionnent pas tellement pour une telle construction.
Les arcs en plein cintre, hérités de la construction romaine, ont un rôle structurel dans l'architecture romane. Ici, ils ne jouent qu'un rôle décoratif, ils auraient pu être remplacés par une simple équerre.
Je connais mal la question, mais j'ai le sentiment que cette construction, très sophistiquée dans sa maitrise des structures, se rapproche davantage du gothique, même si on est très loin de ce qui relève de ce style dans l'architecture de pierre.
Pas évident...
Oui jean-Yves les arcs en plein cintre et l'absence d'ogives et/ou de croisées d'ogives ne sont effectivement pas des critères suffisants pour exclure complètement les influences gothiques. C'est surtout le critère de la lumière avec cette quasi-absence de fenêtres qui m'a fait pencher vers l'intimité du roman. Je dois le vérifier, mais les petits "hublots" que l'on voit sur la stavirke de Borgund sont même des ajouts ultérieurs. L'élan vertical des hautes stavkirke est cependant commun avec l'élan vertical des églises gothiques, même s'il ne va pas chercher la lumière extérieure.
Les arcs en plein cintre, nous l'avons vu, ont quand-même un rôle structural dans les stavkirve de type Borgund, comme jambes de forces par exemple pour soutenir les traverses en tenailles là où les colonnes de bois ne descendent pas jusqu'au sol.
https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t107p30-norvege-les-stavkirke-eglises-en-bois-debout#1591
Les charpentiers auraient très bien pu former des arcatures ogivales pour leur faire jouer le même rôle. Ils ont opté pour le plein cintre. Pourquoi ? Modèles d'églises de pierre romanes avec arcatures en plein cintre ?
Mais faut-il finalement chercher à classer les stavkirke dans l'une ou l'autre catégorie ? On peut déjà affirmer qu'elles sont bien à part, surtout vues de l'extérieur, et rechercher la documentation solide qui permettra de retrouver les différentes influences architecturales, les modèles initiaux, en commençant par les plus anciennes des stavkirke. J'essaie déjà de faire ce genre de recherche au fur et à mesure de mon analyse des différents détails de la charpente. J'avoue que ce sujet, couplé à mon amour pour la Norvège, est passionnant et quand même dépaysant. J'espère vous faire partager un peu de cet amour et de cette passion au travers de cette recherche qui, comme je l'ai posé au départ, garde les stavkirke comme colonne vertébrale, tout en "aérant" par de multiples ouvertures sur la Norvège...
19.02.2016 : La charpente de toiture de Borgund est clairement influencée par le style gothique. Voir ce post ultérieur. ce post ultérieur et le suivant.
Dernière édition par Northman le Ven 19 Fév 2016 - 21:16, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
Faut-il finalement chercher à classer les stavkirke dans l'une ou l'autre catégorie ? On peut déjà affirmer qu'elles sont bien à part, surtout vues de l'extérieur, et rechercher la documentation solide qui permettra de retrouver les différentes influences architecturales, les modèles initiaux, en commençant par les plus anciennes des stavkirke. J'essaie déjà de faire ce genre de recherche au fur et à mesure de mon analyse des différents détails de la charpente. J'avoue que ce sujet, couplé à mon amour pour la Norvège, est passionnant et quand même dépaysant. J'espère vous faire partager un peu de cet amour et de cette passion au travers de cette recherche qui, comme je l'ai posé au départ, garde les stavkirke comme colonne vertébrale, tout en "aérant" par de multiples ouvertures sur la Norvège...
Oui oui, Northman, tu fais du très bon boulot, précis et documenté, et qui donne envie d'aller en Norvège! C'est sûr, c'est même au programme de vacances prochaines...
La question que je me pose, mais je ne sais pas y répondre..., c'est de savoir quelles ont pu être les influences architecturales à cette époque. Les idées et les savoir faire circulaient beaucoup à travers l'Europe.
Comment les artisans adaptaient-ils leurs connaissances techniques, leurs envies de démonstrations ou d'innovations en fonction des situations locales, je me le demande.
A ce sujet, j'ai bien aimé le livre "Les Piliers de la terre" de Ken Follet qui raconte l'invention du gothique du point de vue d'un bâtisseur, d'un maçon, et les relations complexes entre les contraintes techniques et celles des pouvoirs.
On n'était pas en Norvège, mais j'ai l'impression que les charpentiers norvégiens devaient vivre le même genre de tensions...
Ceci dit en toute modestie, car je le répète, je ne sais pas.
Borgund, forces : Poids de la flèche et poussée du vent
Jean-Yves Amir a écrit:
La question que je me pose, mais je ne sais pas y répondre..., c'est de savoir quelles ont pu être les influences architecturales à cette époque. Les idées et les savoir faire circulaient beaucoup à travers l'Europe.
Comment les artisans adaptaient-ils leurs connaissances techniques, leurs envies de démonstrations ou d'innovations en fonction des situations locales, je me le demande.
A ce sujet, j'ai bien aimé le livre "Les Piliers de la terre" de Ken Follet qui raconte l'invention du gothique du point de vue d'un bâtisseur, d'un maçon, et les relations complexes entre les contraintes techniques et celles des pouvoirs.
On n'était pas en Norvège, mais j'ai l'impression que les charpentiers norvégiens devaient vivre le même genre de tensions...
Ceci dit en toute modestie, car je le répète, je ne sais pas.
On reste dans l'esprit ouvert et humble de la recherche. Il y a au moins une influence importante, celle des années de culture et d'expérience qui ont précédé le christianisme en Norvège. On va particulièrement la retrouver plus loin dans ce sujet quand on abordera la stavkirke d'Urnes. Et ce savoir faire en charpenterie de marine, hérité des Vikings dont les navires ont largement fait leurs preuves ! Si je vois des parallèles je n'hésiterai pas à vous en faire part. Et à la base, une forte influence naturelle par cet arbre, le pin sylvestre, avec son grand fût bien droit et sa grande hauteur...
Continuons avec les jonctions du clocher et de la toiture de la nef :
Mes trois points rouge sur cette coupe verticale représentent les points de jonction entre le clocher et la toiture de la nef de
Borgund :
En statique, la reprise du poids de la flèche par les arbalétriers et l'entrait (entrait retroussé et pannes intermédiaires en orange)
ne pose pas de problème. La statique ne justifie pas le système de croisée d'écharpes, sauf peut-être pour renforcer l'appui haut
de la panne faîtière sur les arbalétriers :
Faisons maintenant souffler un fort vent latéral :
Ce vent fort va induire de puissantes forces déformantes sur notre triangle de points de jonction :
Et là le système de croisées d'écharpes (en vert) donne un très bon renforcement du triangle, une amélioration
de sa rigidité, un contreventement au sens littéral :
Admirable, cette charpente ... qui a résisté à toutes les tempêtes depuis plus de 800 ans...
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:38, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Techniques de charpenterie de marine des Normands du XIème siècle :
La tapisserie - en fait broderie- de Bayeux, réalisée au XIème siècle, inscrite au Registre Mémoire du Monde de l'UNESCO, est un extraordinaire document
historique qui relate la préparation et le début de la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant, le plus célèbre des ducs de Normandie, se
terminant par la bataille d'Hastings en 1066. On y voit en particulier des scènes de construction de navires :
"Les arbres coupés, on équarrit des planches et on met à l’eau les bateaux prêts pour l’invasion de l’Angleterre. On abat les
arbres avec une hache à long manche. On obtenait des planches en les aplanissant avec des cognées en T à manche coudé. La largeur
du fer permet un long planage de la planche. Le charpentier pose le bout de la planche à dégrossir dans une fente au sommet du tronc
d’un arbre ce qui lui facilite le travail.
Une hachette d’aplanissage en forme de T est utilisée par un homme du bateau du haut. Un autre homme dans le même bateau du haut
manie une tarière que l’on presse avec la poitrine et qui est munie d’une mèche. L’homme à gauche dans le bateau de dessous utilise un
marteau : dans ces scènes il ne se trouve pas de doloires (cognées servant à aplanir une pièce de bois)
Les deux ouvriers dans le bateau du bas portent de longues barbes pour rappeler leur âge et l’expérience exigée d’un charpentier de navire."
Source , permettant la visite virtuelle complète bien commentée de toute la tapisserie :
http://kerdonis.fr/ZTAPISSERIE/page33a.html
La visite virtuelle de la tapisserie de Bayeux ne procure cependant pas l'émotion de la visite réelle. Le site officiel :
http://www.bayeuxmuseum.com/la_tapisserie_de_bayeux.html
J'aime particulièrement la représentation des yeux et du visage de ce charpentier, montrant la concentration et la précision dans le travail
de taille d'une planche avec la hache en T à manche coudé :
Le type de navire réalisé, bien connu :
Il fallait effectivement que la taille des planches fût précise... et sans aucun type de scie !
Du tronc d'arbre à la planche, méthode Viking :
Etapes de construction d'un langskip Viking :
Une mine d'informations sur les Vikings et leurs bateaux, en anglais :
La hache en T à manche coudé, de 18'12" à 18'32" dans la vidéo ci-dessus, qui contient des
informations utiles pour la suite de notre sujet. Je les traduirai dès que possible. Voici cependant
un texte de qualité en français sur les navires vikings, sur le site de l'association Dreknor :
http://www.dreknor.fr/spip.php?article68
Ce passage est particulièrement importants pour nous Français :
"Certains navires sont ornés à la proue d'une tête de dragon , dreki. Par extension certains
chroniqueurs les ont appelés des drekars. L'origine du mot drakkar, barbarisme et solécisme, n'a
jamais été trouvée, si ce n'est que ce mot doit certainement remonter à l'époque romantique."
Dès qu'on se penche un peu sur les Vikings et leurs navires, on s'aperçoit vite qu'il faut éviter
d'employer le mot drakkar... Un barbarisme et un solécisme, quelle horreur linguistique ! Je suis
profondément choqué. Je dois interrompre momentanément mes contributions....
Barbarisme : "Faute de langage consistant à employer un mot qui n'existe pas ou à déformer un
mot; mot ainsi employé." Larousse 2014
Solécisme : "construction syntaxique s'écartant de la forme grammaticale admise."
Larousse 2014.
Le mot "drakkar" n'existe pas en anglais. Collins English Dictionnary 1989. Dans le troisième
documentaire ci-dessus, ils emploient globalement Viking ships. Si on veut détailler les
navires, mieux vaut employer directement les mots scandinaves knörr pour le navire de
commerce, le gros porteur, et langskip pour le long navire rapide de guerre.
Donc on oublie "drakkar" mais pas les dragons. Nous allons y revenir dès le prochain post, car on les
retrouve sur les stavkirke.
En attendant, voici le sympathique dragon de proue du Dreknor :
J'ai envie d'en mettre un à l'entrée de notre maison, avec la mention "Dragon gentil"...
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:39, édité 6 fois
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Les dragons de toiture de Borgund :
Ces photos ont été prises lors de notre visite du 17 juillet 2008.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:40, édité 1 fois
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
S.U.P.E.R.B.E!!
(et tout depuis le début, d'ailleurs)
(et tout depuis le début, d'ailleurs)
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
alainAdmin a écrit: S.U.P.E.R.B.E!!
Oui, nous avons eu exactement la même réaction en découvrant l'église de Borgund, puis celle d'Urnes, en juillet 2008 !
alainAdmin a écrit: (et tout depuis le début, d'ailleurs)
Merci Alain. Là je mets (encore plus) les
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
Les dragons de toiture de Borgund :
Me font irrésistiblement penser à ces pignons de toit de l'architecture Thaï, eux aussi en forme de dragons...
Dragons, toits de temples thaïlandais et gargouilles
Jean-Yves Amir a écrit:
Les dragons de toiture de Borgund... Me font irrésistiblement penser à ces pignons de toit de l'architecture Thaï, eux aussi en forme de dragons...
Ces toitures couvrent elles des bâtiments à vocation particulière ? C'est important de le savoir.
Je vois aussi quelque chose de commun entre ces dragons et les monstres des gargouilles de nos églises de pierre :
Nous allons creuser tout ça ...
Dernière édition par Northman le Dim 31 Jan 2016 - 14:33, édité 3 fois
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Dragons
Tels des repoussoirs, tels les poils hérissés d'un animal qui se défend, prêt à bondir, les dragons de Borgund sont orientés
en rupture angulaire (en rouge ci-dessous) avec l'harmonie générale des pentes des cascades de toitures ( en bleu ci-dessous),
quand on va de l'intérieur vers l'extérieur de l'église. Cela donne déjà un puissant effet :
De même, l'orientation des gargouilles est en rupture angulaire avec les lignes générales verticales des églises de pierre.
Elles crachent l'eau issue des toitures, mais sont aussi, symboliquement, des repoussoirs :
Dans les deux cas, ce sont des monstres "convertis" pour la défense de ces lieux de rassemblement spirituel et/ou de
prière intime. Jean-Yves, ces bâtiments Thaï sont ils des temples bouddhistes ?
Au Mont-Saint-Michel, tout comme au sommet de la flèche, l'Archange terrasse de dragon.
Statue de l'église paroissiale du Mont :
Ce qui renvoie clairement au combat décrit dans l'Apocalypse de Saint-Jean, chapitre 12, versets 7 à 9 :
Alors une bataille s'engagea dans le ciel. Michel et ses anges combattirent le dragon, et celui-ci se battit contre
eux avec ses anges. Mais le dragon fut vaincu, et ses anges et lui n'eurent plus la possibilité de rester dans le ciel.
L'énorme dragon fut jeté dehors. C'est lui le serpent ancien, appelé le diable ou Satan, qui trompe le monde entier.
Il fut jeté sur la terre, et ses anges avec lui.
Source : Traduction Œcuménique de la Bible (TOB).
Le Saint-Michel de Delacroix :
Très clairement dans le christianisme le dragon représente les forces du Mal. Il est donc intéressant de voir ces dragons
"retournés"* placés en défenseurs de l'église de Borgund. Cela nous pousse donc aussi à explorer le symbolisme du dragon,
souvent placé à la proue des navires, dans la mythologie viking ... Et le rapport entre le christianisme et les traditions
religieuses ancestrales des Vikings à l'époque de l'implantation des premières stavkirke, donc au XIème siècle, la première
génération de stavkirke ayant disparu à cause du pourrissement des pieds de stav plantés directement dans le sol..
* L'étymologie de "conversion" est précisément "retournement"... comme avec les skis.
Dernière édition par Northman le Dim 29 Jan 2017 - 21:20, édité 6 fois
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
Jean-Yves, ces bâtiments Thaï sont ils des temples bouddhistes ?
Mais je n'en sais rien!!!!
Temple bouddhiste thaïlandais
Jean-Yves Amir a écrit:Northman a écrit:
Jean-Yves, ces bâtiments Thaï sont ils des temples bouddhistes ?
Mais je n'en sais rien!!!!
Tiens, j'ai trouvé cette image d'un grand temple bouddhiste de Thaïlande :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:24, édité 1 fois
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:Tiens, j'ai trouvé cette image d'un grand temple bouddhiste de Thaïlande :Jean-Yves Amir a écrit:Mais je n'en sais rien!!!!Northman a écrit:
Jean-Yves, ces bâtiments Thaï sont ils des temples bouddhistes ?
J'ai été interrompu par un coup de fil... Je voulais ajouter que je pensais que oui.
(C'est assez bizarre, quand tu cherches des images d'architecture thaïlandaise, tu tombes toujours sur les mêmes sites avec des images protégées (des trucs en filigrane).)
Tournée des toitures des stavkirke norvégiennes à la recherche d'autres dragons
La carte pour mémoire :
Gol :
Heddal : Dragons plus petits, des croix tout en haut. Ces petits dragons ont l'air plus teigneux.
Attention, la taille peut être trompeuse :
Høyjord : Dragons vraiment très abstraits :
Eidsborg :
Des lancettes qui pointent à la verticale :
Il faut en voir une de plus près :
Røldal, des croix, point de dragons :
Flesberg, aucune ornementation des hauts de pignons :
Rollag, idem. Mais on voit très bien le sous-bassement en pierres :
Nore, comme Eidsborg, des lancettes :
Uvdal, lancettes et sous-bassement en pierres bien visible :
Hedal, des croix :
Torpo, rien :
Reinli, des croix :
Hopperstad, magnifique ! Des dragons :
Undredal, mini-stavkirke déjà visitée. Pas d'ornementation des sommets de pignons :
Kaupanger, pas d'ornementation des hauts de pignons, mais quatre petites flèches ( fléchettes ?)
encadrant la flèche principale :
Urnes, je vous la réserve pour la suite. C'est la seule qui soit actuellement classée au
Patrimoine Mondial de l'Unesco...
Øye n'a pas ou n'a plus de clocher. Rien sur les sommets de pignons, sauf une croix sur
une des entrées :
Høre, rien au sommet des pignons, sous-bassement de pierres bien visible :
Lomen, deux modestes croix :
Hegge, rien aux sommets des pignons :
Garmo, petite, belle, avec dragons :
Ringebu, juste de petites boules aux sommets des pignons :
Lom, dragons :
Rødven, pas de dragons, contrebutée. De toute évidence, couverture pas d'origine :
Kvernes, idem :
Grip, petite, pas de dragons. Couverture pas d'origine :
Haltdalen, petite, sans clocher, sans dragons, mais intéressante :
Cette tournée nous aura aussi permis de voir toutes ces églises de l'extérieur, et de constater
leur diversité. Avant de revenir aux têtes de dragons des sommets de pignons, je vous emmène
visiter la stavkirke d'Urnes, donc la seule classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:28, édité 3 fois
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Stavkirke d'Urnes, Patrimoine Mondial de l'Unesco
Elle est située au bord du Lustrafjord, branche du Sognefjord :
Nous l'avons visitée le 21 juillet 2008. Pour s'y rendre, il faut prendre un petit bac au départ de Solvorn :
Mieux vaut faire la traversée en passager piéton, c'est nettement moins onéreux, et il n'y a qu'une petite vingtaine de
minutes de marche pour monter jusqu'à l'église d'Urnes :
La stavkirke est orientée est-sud-est :
Borgund est en fait orientée ouest-nord-ouest, à l'opposé de ce qu'on observe le plus souvent.
Sur la route qui monte à l'église d'Urnes, ceci :
Nous l'avons vu plusieurs fois lors de ces vacances : Une confiance totale. Vous vous servez en cerises ou framboises, vous
mettez votre argent dans la caisse, vous y prenez votre monnaie. Le vendeur n'est pas là ! Ca fait partie de ce que j'aime
beaucoup dans ce pays...
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:29, édité 2 fois
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Stavkirke d'Urnes, Patrimoine Mondial de l'Unesco
Au premier abord, et surtout quand on a vu Borgund avant, on se demande pourquoi c'est Urnes qui est classée au
Patrimoine Mondial de l'Unesco :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:30, édité 1 fois
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Stavkirke d'Urnes, Patrimoine Mondial de l'Unesco
Les dragons ne sont pas sur les toits. C'est sur sa façade nord que se trouve le grand trésor artistique de cette
stavkirke .
Sublimes sculptures sur bois. Influence Viking évidente. Plus de 800 ans, voire plus, quelle émotion...
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:31, édité 2 fois
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
taaadaaa!!!
tout à coup j'ai eu l'idée de chercher
"stavkirke 3d"
et d'abord je trouve ceci:
https://www.youtube.com/watch?v=569s8Gvk5Nw
tout à coup j'ai eu l'idée de chercher
"stavkirke 3d"
et d'abord je trouve ceci:
https://www.youtube.com/watch?v=569s8Gvk5Nw
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
alainAdmin a écrit:taaadaaa!!! tout à coup j'ai eu l'idée de chercher
"stavkirke 3d"
Super !
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Urnes vue par l'Unesco
"Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse
La « stavkirke » (église à piliers de bois, église sur pieux) d’Urnes est située sur un promontoire dans le remarquable Sognefjord, sur la côte occidentale de la Norvège. Les « stavkirke » constituent l’un des types les plus élaborés et les plus technologiquement avancés de construction en bois qu’ait connu le Nord-Ouest de l’Europe au Moyen Âge. Les églises étaient construites sur le plan basilical classique mais entièrement en bois. L’ossature de la charpente était doublée de planches et le toit était recouvert de bardeaux conformément aux techniques de construction répandues à l’époque dans les pays scandinaves. On a répertorié environ 1300 églises médiévales, dont, à ce jour, 28 ont été sauvegardées en Norvège. Certaines d’entre elles sont très grandes, telles que les églises de Borgund, d’Hopperstad et de Heddal, alors que d’autres comme que celles de Torpo ou d’Underdal sont plus petites.
Urnes est l’une des plus anciennes et constitue un exemple exceptionnel des « stavkirke ». L’église exprime à travers le bois le langage et les structures spatiales de l’architecture romane en pierre, caractérisée par le recours à des arcs de cintre plein et des colonnes cylindriques coiffées de chapiteaux cubiques. Le bois et les décors sculptés, de très grande qualité, sur les parties extérieures de l’église intègrent les panneaux et éléments à entrelacs de tradition viking présents sur le précédent bâtiment (XIe siècle) qui sont à l’origine du « style d’Urnes » que l’on trouve également dans d’autres parties de la Scandinavie et du Nord-Ouest de l’Europe. Ces sculptures peuvent être observées sur le mur nord avec une décoration sculptée représentant un entrelacs d’animaux au combat. De semblables sculptures recouvrent le pignon ouest de la nef et le pignon est du chœur. À l’intérieur de l’église, on trouve une extraordinaire série de chapiteaux sculptés de motifs figuratifs datant du XIIe siècle. Les sculptures sont importantes à deux titres, à la fois en tant qu’ œuvre artistique exceptionnelle mais également en tant que lien entre la culture nordique préchrétienne et le christianisme de l’époque médiévale. L’église rassemble également une riche collection d’objets liturgiques du Moyen Âge.
Critère (i) : La « stavkirke » d’Urnes est un exemple exceptionnel de l’architecture scandinave traditionnelle en bois. En un même lieu, s’y associent des caractéristiques de l’art celtique, des traditions vikings et des structures spatiales romanes. L’exceptionnelle qualité des décors sculptés de l’église d’Urnes est une réalisation artistique unique.
Critère (iii) : La « stavkirke » d’Urnes est un bâtiment ancien en bois et est exceptionnel par la réutilisation à grande échelle des éléments tant décoratifs que de construction d’une autre « stavkirke » construite un siècle plus tôt. Il s’agit là d’un exemple exceptionnel de l’utilisation du bois pour exprimer le langage de l’architecture romane en pierre.
Intégrité
Le bien du patrimoine mondial est composé de la « stavkirke » en elle-même, entourée d’un cimetière médiéval ceint d’un mur de pierre. Puisque tous les éléments constitutifs d’un bâtiment construit sur pieux et d’une église sont conservés, l’intégrité du site est pleinement présente. L’église et le cimetière sont toujours utilisés. Tous les objets liturgiques sont présents, nombre d’entre eux sont très anciens, datant même de l’époque médiévale. En tant que bâtiment représentatif de la technique de construction « sur pieux », toutes les caractéristiques de cette technique se trouvent réunies dans cette église. Par ailleurs, avec les vestiges réutilisés et les éléments excavés d’un ancien bâtiment édifié avec des pieux creusés dans le sol, Urnes avec son cadre fait de seuils reposant sur des fondations en pierre est un témoignage du développement achevé de la technique de construction « sur pieux ». Le décor extérieur de l’ancienne église est remarquablement bien préservé après presque mille ans d’exposition et de dégradation par les conditions atmosphériques.
La vulnérabilité de l’église est principalement liée aux risques d’incendie et à la pression exercée par une activité touristique excessive. Les changements climatiques, tels que des précipitations accrues, auront également des impacts négatifs sur le bâtiment en bois s’il n’en est pas tenu compte dans les meilleurs délais.
Authenticité
Au cours des siècles, des interventions ont eu lieu pour des raisons pratiques et afin d’adapter le bâtiment aux besoins liés aux pratiques religieuses. Ces interventions sont bien visibles et constituent ainsi un témoignage authentique sur la vie sociale et les pratiques religieuses. À l’intérieur du bâtiment, deux des 16 pieux ont été coupés au Moyen Âge afin de laisser plus d’espace à un autel latéral qui fut retiré plus tard. Le mobilier médiéval de la « stavkirke » d’Urnes comprend un calvaire en bois qui ouvre sur le chœur, deux chandeliers d’autel en bronze émaillé de Limoges et une chaise entièrement faite en bois tourné. Au cours du XVIIe siècle, quelques interventions ont eu lieu tant sur la construction que sur le mobilier. Le retable et la chaire de l’église, la galerie, les bancs d’église et les bancs fermés, le jubé et la voute en bois ont été ajoutés vers 1700. Le chœur a été agrandi à l’Est vers 1600, également au moyen de la technique de construction « sur pieux ». Les murs y ont été recouverts de peintures représentant des volutes, des motifs architecturaux et des apôtres, tous ces éléments sont datés de 1601. Un clocher en forme de tourelle été construit. Le nom de Støpulhaugen donné à la colline située juste au-delà du mur de pierres indique que, dans les premiers temps, la cloche se trouvait dans un édifice séparé de l’église.
La « stavkirke » d’Urnes a fait l’objet d’un excellent travail de conservation en tant qu’ensemble homogène. Les embellissements du XVIIe siècle (en 1601 et aux environs de 1700) et les restaurations de 1906-1910 ont pleinement sauvegardé son authenticité. C’est également le cas pour la restauration des fondations (2009-2010).
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Le bien du patrimoine mondial est protégé par la Loi sur le patrimoine culturel norvégien. L’État partie en a la responsabilité globale et les autorités du comté assurent la responsabilité de la gestion du bien au niveau régional. Le propriétaire, la Société pour la sauvegarde des monuments anciens, a établi un plan général pour la gestion et la conservation du bien. Un groupe de coopération pour le bien du patrimoine mondial a été créé en 1998, il regroupe des représentants de tous les niveaux administratifs et des parties prenantes.
L’église n’est plus une église paroissiale. Elle a cependant une valeur symbolique essentielle pour la communauté et est toujours utilisée pour des baptêmes et des mariages. Le cimetière médiéval n’est plus utilisé que par quelques familles locales.
En 2010, un vaste programme de restauration mené par la Direction du patrimoine culturel s’est achevé et l’église est désormais en bon état de conservation. Un système élaboré de protection contre les incendies, avec un système d’extinction et de suivi, a été installé. En raison de l’isolement de l’église, la fréquentation touristique du site reste faible. Bien que les installations destinées à l’accueil de touristes soient réduites au minimum, elles sont conçues avec soin. Toute nouvelle activité fait l’objet d’un contrôle par le groupe de coopération et sera soumise aux procédures mises en place par l’autorité en charge. "
Source: Le site de l'UNESCO :
http://whc.unesco.org/fr/list/58
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:32, édité 2 fois
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Le bateau viking d'Oseberg, daté 815-820, donc début IXe siècle
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:33, édité 5 fois
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Sculptures d'Urnes et du navire viking d'Oseberg
Détail du panneau nord d'Urnes (XIe siècle) :
Détail des sculptures de proue du navire viking d'Oseberg (début IXe siècle) :
Dernière édition par Northman le Lun 15 Fév 2016 - 13:27, édité 2 fois
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Du bon usage des serpents et des dragons
Cette musique semble appropriée pour lire la suite du post qui creuse la signification des scènes de combat ci-dessus, sur le navire d'Oseberg et le portail nord d'Urnes. Vous pouvez la mettre en fond sonore :
"Le portail nord du XIe siècle de la Stavkirke d'Urnes a été interprété comme comportant des scènes de serpents et de dragons qui représentent le Ragnarök."
Référence : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ragnar%C3%B6k
Sur ce site intéressant , http://jalladeauj.fr/claveyrolasstavk/styled-6/index.html j'ai bien aimé ce texte :
" DU BON USAGE DES SERPENTS ET DES DRAGONS :
Pour soutenir ses légions, Rome formait des troupes auxiliaires: des « barbares » (ceux qui habitaient hors des frontières de l'Empire) combattaient, avec leurs armes et leur compétence propres, d'autres barbares. On peut penser que dragons et serpents des mythologies scandinaves ont été ainsi recrutés pour protéger l'église contre leurs congénères demeurés hostiles à la nouvelle religion. Dotés d'une fonction apotropaïque, mais n'ayant pas renoncé à leur cruauté originelle, les dragons et les serpents des légendes nordiques interdisaient l'entrée dans l'espace sacré aux forces ancestrales et mauvaises qui tentaient de reprendre le dessus.
En prolongeant les études de Bugge, Peter Anker propose une autre interprétation. Sur les portails en bois figurerait une représentation simplifiée du Agnarrok (ou Ragnarök), ce combat des dieux et des géants aboutissant à une destruction du monde actuel, annoncé dans des textes comme la Voluspa ou l'Edda.
« L'Edda de Snorre donne lui aussi une version de la prophétie du Ragnarrok. D'après lui, un terrible hiver de trois ans précédera les événements servant de prélude au désastre final. Ensuite d'après Voluspa, vient sur le monde un temps de guerre et d'anarchie :
« Temps des haches, temps des épées
Les boucliers sont fendus
Temps des épées, temps des loups
Avant la chute de la Terre ... »
Les géants livrent alors une grande attaque contre les dieux, qui combattent sous le commandement d'Odin. Le chien Garm aboie aux portes de l'enfer, le serpent Midgard qui a ceinturé le monde brise ses chaînes et fait écumer les océans de ses coups de fouet, le bateau Nagelfar, construit par les morts avec leurs ongles, a pour équipage les terribles géants et détache ses amarres, puis il approche des dieux. Les nains hurlent de peur, le dieu Heimdall fait sonner sa trompe Gjallahorn que l'on entend dans le monde entier et la lutte finale entre les dieux et les géants, entre les forces du bien et celles du mal, commence. Odin combat avec le loup féroce Fenris, dont la gueule ouverte va de la terre au ciel, et il est tué mais son fils Vidar le venge. Thor tue le serpent Midgard mais il est lui-même empoisonné par son venin. Les dieux et les géants s'exterminent alors mutuellement dans un terrible massacre, l'arbre du monde Yggdrasil se fend de haut en bas, les rochers s'écroulent, le ciel est fendu en deux, le soleil devient noir et la terre s'enfonce dans l'océan, les étoiles disparaissent et le géant Surt enflamme le ciel de son feu. Enfin la Sibylle dans une vision entrevoit la naissance d'un nouveau monde, éternellement vert, surgissant sur les ruines de l'ancien. A nouveau « les aigles volent – attrapant les saumons dans les montagnes… » Le nouveau monde est délivré de tout mal, une nouvelle espèce de dieu naît, et une nouvelle famille d’êtres humains délivrés du péché et de la faute. Alors, « le Puissant arrive (…) le Fort, qui gouverne l’Univers » » (Peter Anker, op. cit., pp. 38-39).
Ce récit eschatologique date de la fin de l'ère viking, mais, comme on le voit, il a été mêlé très tôt à des thèmes chrétiens. Même réduit à des monstres s'égorgeant les uns les autres, ce bestiaire devait être plus immédiatement « parlant » aux XIe et XIIe siècles pour les populations rurales norvégiennes que des images provenant de l'Apocalypse de saint Jean. Ce n'est qu'aux siècles suivants, lorsque le christianisme s'est plus profondément implanté, qu'est apparue, dans les peintures sur bois notamment, une iconographie spécifiquement chrétienne.
Cependant, il faut remarquer que serpents et dragons sont prisonniers de réseaux très serrés de rameaux de vigne. « Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron » (Jn, XV, 1).. Le thème de la vigne et de la vendange se rencontre également dans l'Apocalypse (XIV, 18-19). Les forces maléfiques sont maintenues hors d'état de nuire dans les pampres divins.
Il se pourrait que la « Grande Bête » du portail Nord d'Urnes soit le Lion de Juda, vainqueur du Mal et digne d'ouvrir le livre du destin du monde (Apoc. V, 5). Plus tard, la Vigne s'est substituée au Lion.
Selon Bugge, suivi par Anker, les combats mortels des monstres seraient une représentation symbolique de l'échec des êtres des anciennes croyances: incapables de vaincre le christianisme, elles se sont retournées les unes contre les autres dans un affrontement suicidaire, semblable au combat final des géants et des dieux de la prophétie de la Voluspa.
Convertis au christianisme, les Norvégiens n'ont pas cessé pour autant de croire aux dieux du temps des vikings: réduits au rang de forces du Mal, ils n'en existent pas moins. Lui-même récemment converti, le clergé local favorisa l'identification du Ragnarrok à la victoire du christianisme, et n'hésita pas à en promouvoir les représentations sur les portails des stavkirker. « Ce n'est certainement pas un fait plus étonnant que celui d'élever des églises de bois en quantité à une époque ou la règle canonique demandait que les églises soient construites en pierre » (Peter Anker, op. cit., p. 449).
Nous en sommes réduits aux hypothèses, mais une chose est certaine: il serait de toute façon impensable que l'église ait été ornée, extérieurement et intérieurement, de représentations dont la signification aurait été purement païenne."
On retrouve notre thème des dragons de toitures "convertis" pour défendre, tels des repoussoirs, les stavkirke qu'ils ornent. La scène du navire d'Oseberg (815-820) est antérieure à la christianisation de la Norvège : Pas de rameaux de vigne...
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Portail principal de la stavkirke de Borgund
Vue d'ensemble :
Agrandissement d'une scène de combat :
Cette scène est similaire à celle du panneau nord d'Urnes vu plus haut.
Le panneau nord d'Urnes est fort probablement issu du portail principal (ouest) de l'église primitive :
"Portal i nordveggen, opprinnelig vestportal i den eldre stavkirken på samme sted"
Source : https://no.m.wikipedia.org/wiki/Urnes_stavkirke
Lors de la reconstruction de l'église d'Urnes, au XIIe siècle, l'église primitive n'ayant pas tenu dans le temps à cause des
poteaux directement plantés dans le sol, on a placé les sculptures de l'ex-portail principal côté nord. Comment est orné le
portail principal de l'actuelle église d'Urnes bâtie au XIIe siècle ?
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Portail principal d'Urnes
Par comparaison avec le portail principal de Borgund, le portail ouest de la stavkirke d'Urnes est très sobre.
Mes photos ne le montrent pas très bien. J'en ai retrouvé une ancienne sur Internet :
On a donc choisi, lors de la reconstruction de l'église d'Urnes au XIIe siècle, de placer les ornements de l'ancien portail
du XIe siècle sur un panneau de la façade nord, et de réaliser un portail principal beaucoup plus sobre. Il peut y avoir
plusieurs raisons, et je n'ai rien trouvé pour le moment qui permette de trancher.
Dernière édition par Northman le Dim 29 Jan 2017 - 21:22, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Escapade en kayak sur le Nærøyfjord
Classé lui aussi au Patrimoine Mondial de l'Unesco, comme le Geirangerfjord. Nous l'avons entièrement parcouru en kayak,
en deux fois. C'est le plus étroit, le plus encaissé sur cette carte :
Ici le sculpteur est la nature. Vallée glaciaire en U envahie par la mer. La Norvège, c'est une sublime rencontre entre la
montagne et la mer. Ce fjord sauvage en est une des plus belles illustrations. Par temps couvert, c'est saisissant, presque
angoissant. " ... Et sous un ciel noir, les fjords peuvent exprimer l'âpre photogénie que ne saurait révéler un horizon sans
nuage." Bernard Pichon, "La Scandinavie grandeur nature", Editions Favre, 2011.
La dernière photo a été prise vers le nord au débouché du Nærøyfjord sur l'Aurlansfjord, dans la lumière tardive du soir...
Pas de véritable nuit ici à cette époque de l'année...
Dernière édition par Northman le Dim 29 Jan 2017 - 21:24, édité 6 fois
Northman- Messages : 547
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... Puis sur le Geirangerfjord !
Nous avons récidivé en parcourant l'intégralité du Geirangerfjord, aller-retour, en kayak. Localisation
du Nærøyfjord en bas et du Geiranger fjord en haut, points bleus sur cette carte des Stavkirke :
Carte du Geirangerfjord :
De 11° de températures maximales sur le Nærøyfjord, dans un régime dépressionnaire à faible gradient de pression,
nous passions quelques jours plus tard sur le Geirangerfjord à 28° sous anticyclone, ce qui change tout :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:41, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Norvège, petit voyage étymologique et géographique
Norvège, c'est Norge en bokmål, Noreg en nynorsk, nous l'avons vu. Racine étymologique commune, le vieux norrois Norðvegr. Norð - vegr , la route ou le chemin du Nord, que l'on retrouve dans l'anglais ou l'allemand contemporains avec Norway et Norwegen... et bien sûr le français Norvège. Le nom du pays n'est donc pas celui d'un lieu au sens statique, mais celui d'une route, d'un chemin, vers le Nord. Un nom qui invite au grand voyage, au-delà du cercle polaire arctique !
Le ð de Norð en vieux norrois intrigue. Comment se prononce cette lettre ? On a la réponse dans un livre de Jean Renaud, professeur à l'université de Caen, auteur d'un Dictionnaire des toponymes d'origine scandinave en Normandie, OREP éditions, 2009 :
C'est le fameux th sonore, comme celui de this en anglais. La prononciation de Norð en vieux norrois est donc plus proche de celle de l'anglais actuel North que de celle de l'actuel norvégien Nord :
http://no.thefreedictionary.com/Nord
On a déjà vu que l'islandais est la langue scandinave restée la plus proche du vieux norrois. En islandais contemporain, nord est norður. Ecoutez le ici, dans Norður Írland en cliquant sur triangle bleu :
http://fr.forvo.com/word/nor%C3%B0ur_%C3%ADrland/#is
Aussi ici dans Norður-Kórea :
http://fr.forvo.com/word/nor%C3%B0ur-k%C3%B3rea/#is
On retrouve donc notre ð. Les islandais l'ont conservé, les anglais aussi avec le fameux the, mais ce son n'existe plus en norvégien contemporain.
Nord est aussi nord en nynorsk :
http://www.nob-ordbok.uio.no/perl/ordbok.cgi?OPP=nord&ant_bokmaal=5&ant_nynorsk=5&nynorsk=+&ordbok=bokmaal
La carte de la Norvège évoque bien le "chemin du Nord" :
A bientôt pour la suite de ce post ...
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:42, édité 1 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
Superbe balade en kayak, Northman! Cela fait rêver et doit être un sacré souvenir pour toi!...
Mais attention, elle présente des risques J'ai entendu dire que dans certains fjords de Norvège, comme dans les lochs d'Ecosse, rodaient encore quelques dragons d'antan...
Faune des fjords
Jean-Yves Amir a écrit: Superbe balade en kayak, Northman! Cela fait rêver et doit être un sacré souvenir pour toi!... Mais attention, elle présente des risques J'ai entendu dire que dans certains fjords de Norvège, comme dans les lochs d'Ecosse, rodaient encore quelques dragons d'antan...
J'étais en longue pause au bord du Nærøyfjord, attendant la renverse du courant. Quand brusquement elle a surgi de la surface paisible de l'eau, s'est retournée en l'air pour plaquer l'eau sur son dos, dans un énorme vacarme, amplifié par l'encaissement du fjord. Une orque isolée ! La photo n'est pas terrible car j'ai dû dégainer rapidement et les réglages en ont pâti. Mais quand même, on la voit, avec son ventre blanc et sa nageoire pectorale droite qui pointe vers le haut :
Sur le Geirangerfjord, des marsouins, au souffle puissant :
Au départ d'Undredal vers le Nærøyfjord, partie aval, j'avais aussi été salué par un marsouin :
Oui Jean-Yves, ces sorties font partie des plus beaux jours de ma vie. Et je rêve de retourner en Norvège, cette fois très au nord du pays.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 15:42, édité 1 fois
Northman- Messages : 547
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