"Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
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"Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
je viens de voir un film génial
mais génial vraiment
cross wind, d'un cinéaste estonien dont je nai pas encore mémorisé le nom
ne le loupez pas
3 bonnes raisons pour vous d'aller le voir
1 Domi aime bien l'Estonie
2 Alain, tu aimes quand ça tourne autour de l'immobile
3 c'est un chef d'oeuvre absolu
mais génial vraiment
cross wind, d'un cinéaste estonien dont je nai pas encore mémorisé le nom
ne le loupez pas
3 bonnes raisons pour vous d'aller le voir
1 Domi aime bien l'Estonie
2 Alain, tu aimes quand ça tourne autour de l'immobile
3 c'est un chef d'oeuvre absolu
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
Alain :
Moi et Domi on a vu le film hier, wait, ça va me prendre du temps à faire mon topo.
( oui ça sous-entend que j'ai des critiques à faire, mais wait)
Première question:
pourquoi nous dit-on que personne n'a fait de tels mouvements de caméras sur des "tableaux vivants"?
Moi je n'en sais rien, manque de culture cinéphile pointue de ma part, mais ça me semble surprenant que personne n'ai essayé ce système.
Même 2 minutes.
Par ailleurs je me souviens de tableaux vivants de Godard, faut que j'aille voir comment c'était fait.
Cela me semble bizarre qu'un type sorte en 2015 avec une idée que jamais personne n'avait eu depuis un siècle.
En art c'est assez rare , non ?
Bien sûr, cela a déjà été fait, mais pas à cette dimension, et pas comme procédé narratif étendu à un long métrage.
Par ailleurs je me souviens de tableaux vivants de Godard, faut que j'aille voir comment c'était fait.
Oui, dans "Passion" je crois, c'étaient des tableaux reconstitués, Delacroix...
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Dim 6 Mar 2016 - 17:45, édité 2 fois
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
Jean-Pierre P.
Je suis heureux que ce film t'ait plu, Jean-Pierre
Nous sommes allés le voir dimanche un peu par hasard, sans avoir lu aucune critique à son sujet, juste un article dans télérama qui racontait une rencontre avec le réalisateur et les conditions de tournage, plus qu'une analyse. Nous partions pour découvrir une "curiosité", nous sommes sortis avec le choc du chef d'oeuvre.
Depuis, j'ai lu des critiques. Les avis sont curieusement partagés.... Peu importe: mon opinion est faite.
Je vais surveiller la suite des réalisations de ce nouvel auteur. Il parait que son second film sera tourné en France, sur le sujet de l'immigration. La forme en sera totalement différente, je me demande ce qu'il va nous faire!
C'est sans doute un point de vue personnel : j'aime beaucoup de films, mais j'ai toujours été intimement marqué par ceux qui allient la densité du propos avec la forme radicale, la gageure formelle. Je pense à Octobre d'Eisenstein, L'homme à la caméra de Vertov, Le vent de Sjostrom, L'année dernière à Marienbad de Resnais, Un condamné à mort s'est échappé de Bresson, Jeanne d'arc de Dreyer, La Jetée de Chris Marker, Fenêtre sur cour d'Hitchcock, Elephant de Gus Van Sant, Funny games de Haneke ....
"A la croisée des vents" tient bien dans cette lignée là.
je suis allé voir Crosswind hier et ai trouvé, comme toi, Jean - Yves , ce film grand, inoubliable. Ma culture cinématographique ne me permet pas de dire si les procédés qu'emploie Helder sont nouveaux ou pas. C'est de peu d'importance puisque c'est unique.
Je suis heureux que ce film t'ait plu, Jean-Pierre
Nous sommes allés le voir dimanche un peu par hasard, sans avoir lu aucune critique à son sujet, juste un article dans télérama qui racontait une rencontre avec le réalisateur et les conditions de tournage, plus qu'une analyse. Nous partions pour découvrir une "curiosité", nous sommes sortis avec le choc du chef d'oeuvre.
Depuis, j'ai lu des critiques. Les avis sont curieusement partagés.... Peu importe: mon opinion est faite.
Je vais surveiller la suite des réalisations de ce nouvel auteur. Il parait que son second film sera tourné en France, sur le sujet de l'immigration. La forme en sera totalement différente, je me demande ce qu'il va nous faire!
C'est sans doute un point de vue personnel : j'aime beaucoup de films, mais j'ai toujours été intimement marqué par ceux qui allient la densité du propos avec la forme radicale, la gageure formelle. Je pense à Octobre d'Eisenstein, L'homme à la caméra de Vertov, Le vent de Sjostrom, L'année dernière à Marienbad de Resnais, Un condamné à mort s'est échappé de Bresson, Jeanne d'arc de Dreyer, La Jetée de Chris Marker, Fenêtre sur cour d'Hitchcock, Elephant de Gus Van Sant, Funny games de Haneke ....
"A la croisée des vents" tient bien dans cette lignée là.
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
je reviendrai tranquillement sur ce film-monument
ps: image du monument à la "Grande guerre patriotique", à Kiev
ps: image du monument à la "Grande guerre patriotique", à Kiev
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
alainAdmin a écrit:je reviendrai tranquillement sur ce film-monument
ps: image du monument à la "Grande guerre patriotique", à Kiev
Ton évocation de ce monument commémoratif est assez juste, l'emphase du style "réaliste socialiste" mise à part.
Le parti pris formel du cinéaste se justifie doublement:
- la vie du personnage principal, Erna, dont le journal est lu en voix off, s'est arrêtée le jour où sa famille a été déportée. Le temps s'est alors figé et le monde immobilisé.
- pour rendre hommage aux déportés estoniens, le réalisateur crée un "film monument" où les personnages sont comme statufiés, transformés en pierre ou en bronze. Les figurants qui ont participé au film ont fait un immense effort physique pour supporter les conditions de tournage, même dans le froid. Cela ne se comprend que si l'on considère qu'ils s'engageaient dans ce mémorial: ils acceptaient de se muer en statue le temps du tournage afin de commémorer, un peu comme lorsqu'on fait une "minute de silence".
J'ai lu quelque part que les "plans fixes" de ce film étaient ennuyeux: c'est tout le contraire! Il n'y a pas un seul plan fixe puisque la caméra se déplace en permanence. Et aucun ennui pour le spectateur, en tous les cas pour moi: le film produit un fort effet hallucinatoire et tient sur toute sa durée un haut degré émotionnel.
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
D'où vient cette émotion?
Du sujet lui-même, bien-sûr, la déportation, sujet si lourd, si dense, qu'il est difficile d'en parler (mais peut-être y viendrons nous..).
Mais aussi de cette forme particulière choisie par le cinéaste Marrti Helde.
C'est un paradoxe pour un film de cinéma, art du mouvement enregistré, le réalisateur fait sourdre l'émotion de l'immobilité, ou plutôt du plus infime mouvement dans les images de son film.
Par exemple, dans les tableaux immobiles des figurants, le vent, le vent réel, le simple vent continue de souffler. Cela tient à presque rien: tandis que les femmes et les hommes sont statufiés, les feuillages des arbres ou les toiles des vêtements continuent de bouger... un souffle suffit, dans l'immobilité généralisée, à rendre sensible ces légers mouvements. Et alors c'est une émotion.
Autre exemple: le spectateur, fasciné par l'immobilité des acteurs et des figurants et par la perfection de la réalisation, est nécessairement amené à surveiller le moment où ça bouge quand même... le petit défaut disons, l'instant, la seconde, où l'humain revient. Il y en a peu, et je trouve qu'il sont eux aussi source d'émotion car il font sentir à quel point leur effort a été grand. Ainsi, cette femme, à gauche dans cette image,
Oui, elle
je me souviens qu'elle a cligné des yeux.
Ce n'est rien, et en même temps c'est si beau!
Du sujet lui-même, bien-sûr, la déportation, sujet si lourd, si dense, qu'il est difficile d'en parler (mais peut-être y viendrons nous..).
Mais aussi de cette forme particulière choisie par le cinéaste Marrti Helde.
C'est un paradoxe pour un film de cinéma, art du mouvement enregistré, le réalisateur fait sourdre l'émotion de l'immobilité, ou plutôt du plus infime mouvement dans les images de son film.
Par exemple, dans les tableaux immobiles des figurants, le vent, le vent réel, le simple vent continue de souffler. Cela tient à presque rien: tandis que les femmes et les hommes sont statufiés, les feuillages des arbres ou les toiles des vêtements continuent de bouger... un souffle suffit, dans l'immobilité généralisée, à rendre sensible ces légers mouvements. Et alors c'est une émotion.
Autre exemple: le spectateur, fasciné par l'immobilité des acteurs et des figurants et par la perfection de la réalisation, est nécessairement amené à surveiller le moment où ça bouge quand même... le petit défaut disons, l'instant, la seconde, où l'humain revient. Il y en a peu, et je trouve qu'il sont eux aussi source d'émotion car il font sentir à quel point leur effort a été grand. Ainsi, cette femme, à gauche dans cette image,
Oui, elle
je me souviens qu'elle a cligné des yeux.
Ce n'est rien, et en même temps c'est si beau!
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
oui ce genre de choses c'est très très beau, c'est mettre de la vie dans le monument, j'ai adoréJean-Yves Amir a écrit:..... le vent, le vent réel, le simple vent continue de souffler. ...
euuuhhhh, justement je trouve que c'est un des problèmes du film , on est ,Jean-Yves Amir a écrit:... surveiller le moment où ça bouge quand même... le petit défaut disons, l'instant, la seconde, où l'humain revient.....
après avoir pris l'habitude du tour de force du procédé(et l'avoir admiré) pris dans un petit jeu où on guette le petit décalage qui va advenir,
on guette ce qui est filmé , ça perd un peu le contenu, ça crée une distance alors que le but du réalisateur est l'empathie totale.
alain- Admin
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Date d'inscription : 02/02/2015
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
alain a écrit: euuuhhhh, justement je trouve que c'est un des problèmes du film , on est, après avoir pris l'habitude du tour de force du procédé(et l'avoir admiré) pris dans un petit jeu où on guette le petit décalage qui va advenir,on guette ce qui est filmé , ça perd un peu le contenu, ça crée une distance alors que le but du réalisateur est l'empathie totale.
Oui, je comprends ta remarque. Mais en fait, je ne crois pas que le but du réalisateur soit l'empathie totale. Il sait bien que le procédé radical qu'il a adopté crée nécessairement une distance, ou même une "distanciation" au sens de Brecht.
Le spectateur a tout le temps de regarder le développement de chaque plan et de réfléchir à ce qu'il est en train de regarder. Le "petit jeu où on guette le petit décalage ", ce jeu auquel tu fais allusion fait partie intégrante de la construction du film puisque c'est par lui que la narration avance à l'intérieur de chaque tableau : quand la caméra revient sur ses pas, on remarque que les poses des acteurs ne sont plus les mêmes, que quelque chose a changé depuis notre premier passage, et ces changements, parfois infimes, font avancer l'"action".
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
Au moment où j'ai lancé ce sujet, seule la bande annonce du film était disponible.
En voici maintenant un autre extrait:
https://vimeo.com/121382510
Le DVD est sorti
En voici maintenant un autre extrait:
https://vimeo.com/121382510
Le DVD est sorti
Re: "Crosswind - la croisée des vents" de Martti Helde
.... manip 3D : trouver un extrait du film sur youtube ou sur ses propres DVDs,
Obtenir la séquence voulue d'un "travelling", importer dans 'ContextCapture'.
Exporter l'objet virtuel.)
Donc voilà:
https://www.youtube.com/watch?v=dUvrT95K6so
https://skfb.ly/6tw6v
et
https://skfb.ly/6tw6L
https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t295p25-3drone#3974
Obtenir la séquence voulue d'un "travelling", importer dans 'ContextCapture'.
Exporter l'objet virtuel.)
Donc voilà:
https://www.youtube.com/watch?v=dUvrT95K6so
https://skfb.ly/6tw6v
et
https://skfb.ly/6tw6L
https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t295p25-3drone#3974
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