I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
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I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Très bien compris mais je n'ose traduire publiquement, l'agent slvbdx 007 me tenant en joue avec son viseur laser... A la moindre faute ...
Je regroupe ici plusieurs interventions venues après ce post, afin de condenser la progression et d'en arriver toujours dans ce même post à la conclusion :
Tentative n°1 : Jean-Yves a écrit:
C'est sûr, faut faire gaffe! Je tente:
"Je préfère l'hiver et l'automne, quand vous sentez le squelette du paysage - sa solitude, l'impression mortuaire de l'hiver.
Quelque chose attend dessous, l'histoire entière ne se montre pas encore"
à peu près ça?
Tentative n°2 : Jean-Yves a écrit:
... Non, c'est une traduction personnelle [ la tentative n°1]... Je n'ai pas l'habitude! En français, ça sonne quand même bizarrement.
Seconde tentative : "Je préfère l'hiver et l'automne, quand vous sentez l'ossature du paysage - sa solitude, son sentiment de mort. Quelque chose couve dessous, l'histoire ne se montre pas encore entièrement"
Tentative n°3 : slvybdx a écrit:...c'est bien ! ( 2ème tentative bien meilleure ! )
suggestion pour la dernière phrase : " quelque chose attend, tapi dessous , on ne voit pas toute l'histoire. "
On passe donc progressivement du littéral pachydermique au finement ciselé façon dentelle : A mettre dans la rubrique "sculpture". Bravo, quelle équipe !
On aboutit donc à ceci :
"Je préfère l'hiver et l'automne, quand vous sentez l'ossature du paysage - sa solitude, son sentiment de mort. Quelque chose attend, tapi dessous , on ne voit pas toute l'histoire. "
Je n'ai pas mieux à proposer !
Dernière édition par Northman le Mar 7 Fév 2017 - 20:05, édité 14 fois
Northman- Messages : 547
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Un premier regard sur Winter, Andrew Wyeth, 1946 ( suite) :
Dernière édition par Northman le Lun 6 Fév 2017 - 21:18, édité 5 fois
Northman- Messages : 547
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Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
J'ajouterais Spring, 1978, à la liste des oeuvres que l'on pourrait rapprocher en suivant le même "filon" :
On y retrouve le même type de colline que dans Winter, et les titres montrent une succession chronologique : après
l'hiver, le printemps ( du moins nous l'espérons ) . Aussi cette discrète présence de neige ainsi qu'un chemin.
Et bien sûr le rapport du corps à la terre et à la gravité, comme dans Christina's World et Winter.
Donc je résume ce "filon" flairé et sa chronologie à ce jour :
Winter (1946), Wind from the sea et Dodges ridge (1947) - lequel est antérieur à l'autre ?-, Christina's world (1948),
November first (1950), Spring (1978) puis Pentecost (1989).
November first me semble quand-même vraiment à part, et le principal lien que je verrais est dans son titre. Visuellement il
jure au premier coup d'oeil dans cette série. J'ai envie de l'enlever, c'est intuitif et direct.
Si vous en "flairez" d'autres à ajouter dans cette série n'hésitez pas. Mon idée est de partir des tableaux et de leur fine observation,
de leur comparaison, de creuser les contextes dans lesquels ils ont été réalisés, pour aboutir à l'histoire "tapie" là-dessous. On a déjà
une grosse partie du puzzle avec tout le travail déjà effectué sur Christina's World et Wind from the sea, et un début de
seconde partie avec les premiers jalons lancés sur Winter et Spring.
J'ai quand-même lancé plus haut le thème de cette très forte amitié entre Andrew Wyeth et Christina Olson forgée dans une puissante
lutte commune entre les forces de vie et les forces de mort. On voit bien cette lutte chez Christina Olson, mais nous ne l'avons pas
encore creusée chez Andrew Wyeth, dont le visage et les yeux vus plus haut constituent cependant un appel à le faire.
Cela vous dit ?
Northman- Messages : 547
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Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Northman a écrit:[justify]
Cela vous dit ?
Réponse en deux temps:
1 L'essentiel, pour moi, est de t'avoir donné à découvrir un artiste que tu ne connaissais sans doute pas avant de lire ce post. Je vois que tu te passionnes pour ses oeuvres, cela me réjouit. C'est le sens profond de ce forum. Et au delà de ce partage, ce que nous faisons ici ensemble apportera peut-être une meilleure compréhension de cet artiste mal connu en France.
2 Pour continuer, avant d'aller plus loin, il me faut du temps. Il me faut d'abord terminer le topo Christina's world / Wind from the sea . Et ensuite, sur ce que tu proposes, j'ai besoin de réfléchir, de laisser mûrir. Wyeth était lui même un homme du temps lent, de la longue observation des gens et des choses.
Inspirons nous de lui
Et en 3 j'ajouterai qu'il n'est pas facile de trouver de bons documents sur ses oeuvres. Il faut voir ce qu'on peut réunir. Sur Spring, j'ai un commentaire de l'artiste -très surprenant- que je n'ai pas encore eu le temps de taper. Et sur les autres oeuvres que tu proposes -autour des saisons - il faut que je vérifie si je peux trouver d'autres éléments d'information.
Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Jean-Yves Amir a écrit:
L'essentiel, pour moi, est de t'avoir donné à découvrir un artiste que tu ne connaissais sans doute pas avant de lire ce post. Je vois que tu te passionnes pour ses oeuvres, cela me réjouit. C'est le sens profond de ce forum. Et au delà de ce partage, ce que nous faisons ici ensemble apportera peut-être une meilleure compréhension de cet artiste mal connu en France.
Effectivement je ne le connaissais pas - de façon générale, ma culture en peinture artistique est très limitée- et je te remercie de me l'avoir fait découvrir. J'accroche avec ce peintre car je ressens un "essentiel" au-delà de la première apparence de ses images, ce qui rejoint le sens profond et allégorique de sa citation sur l'hiver et l'automne. On est ici dans l'Amérique profonde, avec un accès dans l'âme profonde d'un peintre américain, très aimé là-bas, au travers de ses tableaux-fenêtres, en tout cas bien loin d'une Amérique avec tambours et
Jean-Yves Amir a écrit:
Pour continuer, avant d'aller plus loin, il me faut du temps. Il me faut d'abord terminer le topo Christina's world / Wind from the sea . Et ensuite, sur ce que tu proposes, j'ai besoin de réfléchir, de laisser mûrir. Wyeth était lui même un homme du temps lent, de la longue observation des gens et des choses.
Inspirons nous de lui
Le rapport au temps... mes derniers posts sont comme des jets rapides dans un sentiment d'urgence : En effet, nous sortons de l'hiver profond et les jours commencent à rallonger, ce qui va me faire reprendre une activité très chronophage en plus de mes activités professionnelles. Je n'aurai donc malheureusement quasiment plus de temps pour participer au forum. Je terminerai cependant ma "saison" hivernale 2016-2017 en relançant Sue Byrne sur le petit Stupa afin d'aller jusqu'au bout.
Jean-Yves Amir a écrit:
J'ajouterai qu'il n'est pas facile de trouver de bons documents sur ses oeuvres. Il faut voir ce qu'on peut réunir. Sur Spring, j'ai un commentaire de l'artiste -très surprenant- que je n'ai pas encore eu le temps de taper. Et sur les autres oeuvres que tu proposes -autour des saisons - il faut que je vérifie si je peux trouver d'autres éléments d'information.
Oui, je l'ai remarqué aussi et je vais très vite quand je cherche sur Internet. J'ai par exemple butté sur Pentecost : Tu ouvres à toute vitesse des pages et des pages pour rien ou pas grand chose après avoir entré "Andrew Wyeth Pentecost" sur un moteur de recherche pourtant américain, et tu finis par voir un lien vers ... ce forum, d'où une désagréable impression de tourner en rond et un arrêt net de la recherche. J'en suis vite arrivé à la conclusion qu'il va falloir commander des livres aux USA, d'où la référence trouvée citée plus haut, qui peut être un point de départ.
Mes liens transversaux entre Wind from the sea / Christina's world et d'autres oeuvres de Wyeth d'abord fondés sur le flair montrent très vite des critères de rapprochement multiples, donc pas seulement les saisons et ce à quoi elles renvoient en profondeur. Quand tu auras plus de temps, relis plus attentivement mes posts ci-dessus. Je trouve intéressant de partir des oeuvres elles-mêmes, et elles en disent certainement plus long que ce que l'auteur lui même peut en dire... le conscient n'étant que la partie visible de l'iceberg... Il faudrait me semble-t'il garder à l'esprit la fraîcheur de la toute première impression que donnent une oeuvre ou un rapprochement d'oeuvres, et ne pas la perdre quand on plonge ensuite dans la nécessaire analyse intellectuelle minutieuse. Il faudrait aussi trouver une très bonne biographie complète d'Andrew Wyeth, car le lien que tu donnes plus haut est un livre dont on ne peut consulter qu'une partie.
Pour terminer, ce rapprochement en mosaïque :
Les points communs sont multiples... Il y a à coup sûr une histoire "tapie" là-dessous, pour reprendre la citation de Wyeth ...
Dernière édition par Northman le Mar 7 Fév 2017 - 17:30, édité 1 fois
Northman- Messages : 547
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Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Northman a écrit:[justify]
Les points communs sont multiples... Il y a à coup sûr une histoire "tapie" là-dessous, pour reprendre la citation de Wyeth ...
Ta mosaïque est plus parlante, je crois que je comprends mieux ce que tu veux faire. Et on va tâcher de se dépêcher avant l'arrivée des beaux jours!
Tout à fait juste. C'est toujours une difficulté dans l'analyse des oeuvres. Il est souvent utile de la compléter par des connaissances extérieures factuelles, mais il ne faut pas perdre de vue ce que le tableau nous dit par lui-ême, et garder dans un coin de la mémoire l'impression première qu'elle a produite.
Il faudrait me semble-t'il garder à l'esprit la fraîcheur de la toute première impression que donnent une oeuvre ou un rapprochement d'oeuvres, et ne pas la perdre quand on plonge dans la nécessaire analyse intellectuelle minutieuse.
Je vais te proposer des éléments supplémentaires, tu me diras s'ils rentrent dans ton "champ d'investigation".
Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Je propose celle-ci pour commencer (1951 TRODDEN WEED). Elle va bien dans l'ensemble (le sol, l'herbe, le chemin, la marche...), et le commentaire qu'en fait Wyeth tombe pile poil dans ce qui te préoccupe (si j'ai à peu près compris)
"Trodden weed" peut se traduire par "Mauvaise herbe piétinée".
Voici ce qu'en dit le peintre:
"Auto-portrait. C'était après une opération risquée (de huit heures) du poumon. Après cela, j'ai marché à travers la campagne, autour de Chadds, reprenant des forces, et portant ces bottes françaises de cavalier qui appartenaient au peintre Howard Pyle. En marchant, je devais faire attention à mes pieds parce que j'étais peu stable. Et soudain, l'idée m'est venue que nous écrasons tous des choses sous nos pieds et que nous les détruisons - sans y penser. Cette ligne noire n'est pas simplement un procédé de composition - c'est la présence de la mort. Avant mon opération, j'avais observé les oeuvres de Dürer. Ils disent, que pendant mon opération, mon coeur s'est arrêté de battre, une fois. A ce moment là, j'ai pu voir Dürer, debout, vêtu de noir, et il s'est mis à traverser la pièce carrelée, en venant vers moi.
Quand mon coeur s'est remis à battre, il a reculé, lui, Dürer - la mort. Cette peinture est donc chargée d'émotions, dangereuse et menaçante.
Je l'aime."
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mar 7 Fév 2017 - 16:37, édité 1 fois
Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
J'ajoute tout de suite ce commentaire de Wyeth sur Spring car je crois qu'il répond très bien à ce que tu ressens.... Cette histoire tapie sous le sol, sous "l'ossature du paysage"....
WYETH 1978 SPRING
Voici une étrange image de Karl Kuerner (voisin et ami de Wyeth à Chadd's Ford) qui m'a emmené loin et profond. Elle a une bonne qualité qui vous "tire". (?) C'est venu quand je l'ai vu dans son lit, agé et de plus en plus malade. Il s'est brusquement réveillé et a dit : "Andy, tu as entendu ce claquement?". Il avait le regard lointain... Ce bruit sec était son souvenir des barbelés qu'on coupait sur le front pendant la première guerre mondiale. Une nuit, il avait entendu ce son et avait ouvert le feu avec sa mitrailleuse. Son supérieur l'avait incendié. Quand le jour se leva, il y avait un bataillon entier de soldats français morts, sur les fils juste devant son poste de tir. Il a eu la Croix de Fer. Mon Dieu, j'avais l'impression d'être avec lui sur le front de l'ouest, assis à ses côtés. Cette histoire m'a emmené loin de là où j'étais - avec un vieil homme alité - et j'ai pensé "cet homme est hors du temps", et j'ai alors commencé à penser à ces monticules (amoncellements? tumuli?) là haut sur la colline et pourquoi ne pas le mettre dans l'un d'entre eux.
Il y a cet autre "monticule" là-bas et j'espère que les gens qui regardent ce tableau demanderont "Qui est là-dedans?" (Merci à Slvbdx pour sa traduction)
Source: "Andrew Wyeth, Autobiography" Introduction by Thomas Hoving, ed Bulfinch Press, Hachette Book Group
WYETH 1978 SPRING
Voici une étrange image de Karl Kuerner (voisin et ami de Wyeth à Chadd's Ford) qui m'a emmené loin et profond. Elle a une bonne qualité qui vous "tire". (?) C'est venu quand je l'ai vu dans son lit, agé et de plus en plus malade. Il s'est brusquement réveillé et a dit : "Andy, tu as entendu ce claquement?". Il avait le regard lointain... Ce bruit sec était son souvenir des barbelés qu'on coupait sur le front pendant la première guerre mondiale. Une nuit, il avait entendu ce son et avait ouvert le feu avec sa mitrailleuse. Son supérieur l'avait incendié. Quand le jour se leva, il y avait un bataillon entier de soldats français morts, sur les fils juste devant son poste de tir. Il a eu la Croix de Fer. Mon Dieu, j'avais l'impression d'être avec lui sur le front de l'ouest, assis à ses côtés. Cette histoire m'a emmené loin de là où j'étais - avec un vieil homme alité - et j'ai pensé "cet homme est hors du temps", et j'ai alors commencé à penser à ces monticules (amoncellements? tumuli?) là haut sur la colline et pourquoi ne pas le mettre dans l'un d'entre eux.
Il y a cet autre "monticule" là-bas et j'espère que les gens qui regardent ce tableau demanderont "Qui est là-dedans?" (Merci à Slvbdx pour sa traduction)
Source: "Andrew Wyeth, Autobiography" Introduction by Thomas Hoving, ed Bulfinch Press, Hachette Book Group
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mar 28 Fév 2017 - 16:19, édité 1 fois
Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 8 Fév 2017 - 17:50, édité 2 fois
Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Première réaction à chaud :
Jean-Yves Amir a écrit:
Et en opposition avec cette première mosaïque fondée sur la gravité, le rapport au sol, on pourrait en élaborer une seconde, fondée sur l'air l'envol
La dernière, avec les plumes, s'intitule Airborne....
Jean-Yves nous sommes sur un bon filon, car j'avais EXACTEMENT la même mosaïque en tête, en vis à vis - opposition à ma précédente, à trois tableaux, sur la "gravité", mais je ne voulais pas trop "envahir" : Ca va très très vite dans ma tête, aussi par flashs d'images. Cette mosaïque que tu montres m'émeut, car elle est venue de façon fulgurante à mon esprit il y a deux ou trois jour. Stupéfiant...
Le tableau Dodges Ridge (1947) est intéressant car il est à la fois dans la "gravité" et l'aérien, avec une proportion équilibrée de ciel - même s'il est couvert et lourd- et de terre - avec encore une colline. On retrouve le tissu matérialisant le vent, sous forme de lambeaux. La croix elle-même penche, comme poussée par le vent :
Quelle est l'expression anglaise pour "ciel lourd" ? Heavy sky ? Peut on parler de heavy clouds ? Je sais en tout cas pour avoir consulté nombre de bulletins de météo marine en anglais ( shipping forecasts) qu'existent les
heavy showers.
Tes ajouts à la mosaïque "gravité" me parlent bien, mais il faut en conserver le "coeur", avec Christina Olson et le
jeune homme, tous deux dans un rapport difficile avec la gravité. Et aussi l'homme de Spring, carrément horizontal
et immobile, à la limite de l'apesanteur.
Jean-Yves Amir a écrit:J'ajoute tout de suite ce commentaire de Wyeth sur Spring car je crois qu'il répond très bien à ce que tu ressens.... Cette histoire tapie sous le sol, sous "l'ossature du paysage"....
WYETH 1978 SPRING
Voici une étrange image de Karl Kuerner (voisin et ami de Wyeth à Chadd's Ford) qui m'a emmené loin et profond. Elle a une bonne qualité qui vous "tire". (?) C'est venu quand je l'ai vu dans son lit, agé et de plus en plus malade. Il s'est brusquement réveillé et a dit : "Andy, tu as entendu ce claquement?". Il avait le regard lointain... Ce bruit sec était son souvenir des barbelés qu'on coupait sur le front pendant la première guerre mondiale. Une nuit, il avait entendu ce son et avait ouvert le feu avec sa mitrailleuse. Son supérieur l'avait incendié. Quand le jour se leva, il y avait un bataillon entier de soldats français morts, sur les fils juste devant son poste de tir. Il a eu la Croix de Fer. Mon Dieu, j'avais l'impression d'être avec lui sur le front de l'ouest, assis à ses côtés. Cette histoire m'a emmené loin de là où j'étais - avec un vieil homme alité - et j'ai pensé "cet homme est hors du temps", et j'ai alors commencé à penser à ces monticules (amoncellements? tumuli?) là haut sur la colline et pourquoi ne pas le mettre dans l'un d'entre eux.
Il y a cet autre "monticule" là-bas et j'espère que les gens qui regardent ce tableau demanderont "Qui est là-dedans?" (Merci à Slvbdx pour sa traduction)
Source: "Andrew Wyeth, Autobiography" Introduction by Thomas Hoving, ed Bulfinch Press, Hachette Book Group
En plein dans le mille.
"Elle a une bonne qualité qui vous "tire".[/i] (?)" : Quelle est la phrase originale en anglais ?
Nous sommes dans une série de premiers jets très intuitifs et des débuts de rapprochements avec de la littérature fiable. Et ça n'est qu'un début, je pressens un filon très riche.
Northman- Messages : 547
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Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Northman a écrit:[justify]
Quelle est l'expression anglaise pour "ciel lourd" ? Heavy sky ? Peut on parler de heavy clouds ? Je sais en tout cas pour avoir consulté nombre de bulletins de météo marine en anglais ( shipping forecasts) qu'existent les heavy showers.
Je ne peux guère t'aider sur ce point car je ne connais que heavy rain... du vécu....
Oui, bon filon, c'est dingue quand on s'y plonge et y réfléchit. Idem pour Trodden weed, non?
En plein dans le mille.
"Elle a une bonne qualité qui vous "tire".[/i] (?)" : Quelle est la phrase originale en anglais ?
"It's got a good, pulling quality"
Ce livre que j'ai acheté au Brandywine Museum est réalisé à partir d'interviews enregistrés. C'est du parlé plus que de la langue écrite rédigée.
Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
"Heavy sky" , yes and "heavy clouds" yes ...
slvybdx- Messages : 5
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Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Pas facile de compléter cette seconde mosaïque.
Oui. J'essaie de l'adjoindre tout de même à l'ensemble, j'ajoute d'autres propositions, on verra ensuite ce qui détone - ou pas.Northman a écrit:
Le tableau Dodges Ridge (1947) est intéressant car il est à la fois dans la "gravité" et l'aérien
Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Jean-Yves Amir a écrit:
Je propose celle-ci pour commencer (1951 TRODDEN WEED). Elle va bien dans l'ensemble (le sol, l'herbe, le chemin, la marche...), et le commentaire qu'en fait Wyeth tombe pile poil dans ce qui te préoccupe (si j'ai à peu près compris)
"Trodden weed" peut se traduire par "Mauvaise herbe piétinée".
Voici ce qu'en dit le peintre:
"Auto-portrait. C'était après une opération risquée (de huit heures) du poumon. Après cela, j'ai marché à travers la campagne, autour de Chadds, reprenant des forces, et portant ces bottes françaises de cavalier qui appartenaient au peintre Howard Pyle. En marchant, je devais faire attention à mes pieds parce que j'étais peu stable. Et soudain, l'idée m'est venue que nous écrasons tous des choses sous nos pieds et que nous les détruisons - sans y penser. Cette ligne noire n'est pas simplement un procédé de composition - c'est la présence de la mort. Avant mon opération, j'avais observé les oeuvres de Dürer. Ils disent, que pendant mon opération, mon coeur s'est arrêté de battre, une fois. A ce moment là, j'ai pu voir Dürer, debout, vêtu de noir, et il s'est mis à traverser la pièce carrelée, en venant vers moi.
Quand mon coeur s'est remis à battre, il a reculé, lui, Dürer - la mort. Cette peinture est donc chargée d'émotions, dangereuse et menaçante.
Je l'aime."
Impressionnant, nous sommes en plein dans la même veine que Spring, et dans la même mosaïque (notre mosaïque "gravité"). Ton ajout de Trodden Weed est très bien vu. Deux coups de zoom dessus. La plante écrasée, et le paysage en arrière plan - une colline- avec la minime proportion de ciel du tableau :
As-tu du bon texte sur Winter (1946), Jean-Yves ?
Transition avec ce coup de zoom sur une partie précise de Winter :
Dernière édition par Northman le Jeu 9 Fév 2017 - 10:15, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Localisation : Normandie
Plongée dans "Winter" (1946) d'Andrew Wyeth
... et encore dans le mille. Winter est le premier tableau réalisé après la mort du père d'Andrew Wyeth, N.C. Wyeth :
Le texte est coupé là, c'est frustrant, mais le tableau nous dit la suite ... Source : Biographie, lacunaire sur Internet, citée par Jean-Yves en début de sujet : ici
" Le réalisme américain" par Gerry Souter
Notre rapprochement en mosaïque de ces quatre tableaux à un seul personnage, sur la simple base de ce que l'on voit et ressent ne nous a pas trompés, et nous emmène très loin. Il y a confirmation de cette puissante lutte entre forces de vie et forces de mort, que l'on retrouve vraiment dans les quatre œuvres. Pour Christina Olson, vue dans Christina's World, la maladie l'a obligée à faire un deuil extrêmement douloureux pour une jeune femme, et que je condense symboliquement : Celui de la petite robe d'été rose.
Le jeune homme de Winter est physiquement en danger de chute, nous l'avons vu plus haut. L'ornière dans laquelle se trouve son pied gauche, qui peut causer la chute, est une de celles du chemin qui monte vers le haut du tableau et vers cette crête derrière laquelle se trouve donc le lieu de la mort du père d'Andrew Wyeth... Encore une histoire, et même un grand drame "tapi" - slvybdx a frappé très fort ! Bravo ! - derrière la crête de cette colline tapissée d'herbe. Encore cette présence de la mort derrière/dans la colline, voir plus haut à propos de Spring, tableau sur lequel il faudra revenir.
" C'était moi, perdu"... Début de phrase placé là comme une fondamentale clé de lecture : Perte du père-tuteur, rapport à la verticale du jeune homme du tableau... Jeune homme qui "perd pied", voir l'orientation des axes des pieds. Et nous verrons que ces axes de pieds nous emmènent encore plus loin. Une allégorie physique d'un risque de chute psychique, d'un passage presque "borderline", littéralement au bord de la ligne du chemin qui monte vers cette crête du tableau... On a déjà un premier facteur objectif de complication du deuil : La soudaineté due au caractère accidentel de la mort de N.C.Wyeth. Ce décès survient dans la charnière des 28-29-30 ans de la vie d'Andrew. Le fameux cap de la trentaine...
Le jeune homme regarde vers le bas mais marche en fait encore inconsciemment dans une direction très précise, qui n'est pas celle du "chemin du père" : Celle du soleil, donc son soleil intérieur, sa voie individuelle, différenciée de celle du père : Malgré ce passage psychologiquement redoutable lié au deuil de son père, ce jeune homme - donc Andrew Wyeth- s'en sortira très bien. Même si nous sommes en hiver, hiver intérieur et hiver extérieur, une fine analyse du tableau, que je développerai plus bas, montre que nous avons passé le plus sombre de l'hiver et que nous sommes dans sa deuxième partie, après le 4 février qui marque grosso modo la mi-hiver. Étrange synchronicité - encore une- : Alors que je suis actuellement plongé avec Jean-Yves et slvybdx dans ces recherches sur Andrew Wyeth, une personne sortant d'une longue période psychologiquement très difficile, vue avant-hier et ne sachant rien de ce qui turbine actuellement dans ma tête, m'a dit ceci: " je commence enfin à voir la lumière", un équivalent de la sortie du tunnel. On ne le voit qu'indirectement mais sur Winter le soleil-lumière-espoir brille et les jours rallongent sensiblement, comme je vais vous le prouver plus bas.
Le croisement de ses axes de pieds illustre son positionnement dans la vie à l'instant t du tableau, à la croisée des
chemins et ce en plein cap de la trentaine pour Andrew Wyeth :
Le pied en avant, celui de l'avenir, est axé dans la direction du soleil. Le pied en arrière, celui du passé, est axé
parallèlement au "chemin du père".
Chadds Ford se situe par 39°52'20" de latitude Nord et 75°35'29" de longitude Ouest. Pour ce qui nous intéresse
seule la latitude est importante :
Voici, en orange la course apparente du soleil au solstice d'hiver - j'ai pris ici le 21 décembre 2016- à Chadd's Ford :
Et voici, toujours en orange, celle de la mi-hiver - j'ai pris le 4 février 2017- au même endroit :
Source pour ce logiciel de calcul astrométrique très précis : http://www.sunearthtools.com/dp/tools/pos_sun.php?lang=fr
Aux alentours du solstice d'hiver, quand le soleil est au plus bas sur l'horizon et que les jours sont les plus courts,
époque de l'année où ont été placées les fêtes "antidépressives" collectives que sont Noël, le Nouvel An et l'Épiphanie,
qui ont pris le relais des saturnales romaines, la hauteur du soleil culmine au Sud aux alentours de 24 degrés à Chadds Ford.
A la mi-hiver, cette hauteur à la culmination passe à 32 degrés. La hauteur h du soleil dans le tableau Winter d'Andrew
Wyeth, en tenant compte de la perspective, est plus compatible avec la seconde partie de l'hiver qu'avec la première :
CQFD.
Northman- Messages : 547
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Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Beau travail Northman!!!!!!
Il y a effectivement une récurrence des thèmes de la mort et du deuil chez Wyeth. Parfois explicite, mais le plus souvent latente, "tapie". Elle apparait avec évidence dans ses propres commentaires : ceux qui figurent dans mon livre datent de 1995, il avait alors 78 ans. Il pouvait être angoissé par l'approche de sa propre mort, mais il me semble surtout qu'étant âgé, il pouvait se permettre de dévoiler cette préoccupation intime. Une préoccupation qu'ont tous les êtres humains mais qu'ils gardent généralement secrète.
Je prépare d'autres documents à ce sujet.
Il y a effectivement une récurrence des thèmes de la mort et du deuil chez Wyeth. Parfois explicite, mais le plus souvent latente, "tapie". Elle apparait avec évidence dans ses propres commentaires : ceux qui figurent dans mon livre datent de 1995, il avait alors 78 ans. Il pouvait être angoissé par l'approche de sa propre mort, mais il me semble surtout qu'étant âgé, il pouvait se permettre de dévoiler cette préoccupation intime. Une préoccupation qu'ont tous les êtres humains mais qu'ils gardent généralement secrète.
Je prépare d'autres documents à ce sujet.
Au passage, juste une petite question: pourquoi cette date du "4 février"? Pourquoi pas le 3, le 5 ou le 6? As-tu une raison précise à ce choix?Northman a écrit:[justify]
Et voici, toujours en orange, celle de la mi-hiver - j'ai pris le 4 février 2017- au même endroit :
Re: I "Winter"...Quelque chose attend, tapi dessous
Jean-Yves Amir a écrit:
Au passage, juste une petite question: pourquoi cette date du "4 février"? Pourquoi pas le 3, le 5 ou le 6? As-tu une raison précise à ce choix?
C'est mathématique : Si tu comptes 45 jours à partir d'un solstice d'hiver du 21 décembre, tu tombes sur le 4 février de l'année suivante. Comme une saison dure environ 90 jours, si tu divises par deux tu as 45 jours pour une demi-saison. Mais l'année non bissextile est de 365 jours et le solstice d'hiver ne tombe pas toujours le 21 décembre. Le 4 février est donc un grosso modo. Le 5 aurait aussi pu faire l'affaire.
Northman- Messages : 547
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