K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
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K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Jean-Yves aurais tu les titres des deux premières de ces trois œuvres de 1942, la troisième étant Winter fields d'après le sixième post
de ce sujet ? Les dates précises de réalisation des trois ? Et des commentaires associés d'Andrew Wyeth ?
"Mosaïque des oiseaux (1942) :"
La seconde semble être En Hauteur (1942-1950). Il a nommé son tableau en français ? Si je
tape "Andrew Wyeth En Hauteur" sur le moteur Google, ce tableau n'apparaît pas dans la
série des images proposées. On aimerait vraiment le voir en plus grand ...
Source déjà vue plus haut : "Le Réalisme américain" de Gerry Souter.
Et voilà ce que j'ai trouvé dans le même ouvrage à propos de l'impact de la Seconde Guerre
Mondiale sur la famille Wyeth :
Localisation de Port Clyde, non loin de l'île Allen vue plus haut :
Coup de zoom :
Andrew échappe donc de peu aux batailles du Pacifique, à un voyage pas vraiment touristique aux îles Salomon, et reste en
Amérique. La famille de Wyeth est donc beaucoup moins touchée que d'autres, américaines, qui par exemple on perdu un ou
des membres sur les fronts d'Europe ou du Pacifique. Ce sont surtout les histoires de famille consécutives aux mariages qui
semblent prendre le dessus d'après ce texte de Gerry Souter. NC Wyeth, le père d'Andrew, n'était vraiment pas facile à vivre...
D'où très probablement de puissants sentiments ambivalents chez Andrew lorsque son père mourut accidentellement en 1946 :
Second facteur connu de complication des deuils.... Le premier étant ici la soudaineté du décès, nous l'avons vu.
Ceci dit il serait quand-même intéressant de savoir la perception qu'a eue Andrew Wyeth de la Seconde Guerre Mondiale, et si elle
transparaît dans ses œuvres.
Northman- Messages : 547
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Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Northman a écrit:
Jean-Yves aurais tu les titres des deux premières de ces trois œuvres de 1942, la troisième étant Winter fields d'après le sixième post de ce sujet ? Les dates précises de réalisation des trois ? Et des commentaires associés d'Andrew Wyeth ?
Non, je n'ai pas de dates plus précises ni de commentaires du peintre sur ces oeuvres là.
WYETH 1942 TURKEY BUZZARD SOARING
WYETH 1942 1950 SOARING
Moi, ce qui m'intrigue, c'est cette petite maison là en bas!
Cette video donne peut-être des explications intéressantes, mais je ne comprends rien à ce que dit la commentatrice!
WYETH 1942 WINTER FIELDS
Et dans la série des oiseaux... ces deux tableaux magnifiques:
WYETH 1944 CROWS
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Lun 27 Fév 2017 - 18:38, édité 1 fois
Soaring, Andrew Wyeth, 1942-1950
Je crois que nous allons devoir approfondir notre regard sur ce tableau d'Andrew Wyeth :
Le mot soaring est utilisé en français par les parapentistes. C'est une technique consistant à utiliser le flux d'air ascendant généré par la rencontre d'un
vent laminaire avec une falaise ou un autre relief. En se plaçant dans l'ascendance le parapentiste peut reprendre de l'altitude puis redescendre doucement
en progressant dans le plan horizontal. On peut ainsi parcourir des dizaines de kilomètres par exemple le long d'une falaise.
Sur le tableau de Wyeth ces trois buses sont en vol plané. De façon générale les buses utilisent aussi beaucoup les ascendances d'air, qui peuvent être
provoquées par de la convection, mouvement vertical provoqué par le réchauffement de l'air à sa base par le sol, ce qui est différent de ce que j'ai décrit
à propos d'une technique très prisée des parapentistes.
Donc on a cette idée de vol plané, avec utilisation des ascendances d'air.
Quelles sont les traductions exactes possibles du mot anglais soaring ? Quelle est l'étymologie de ce mot ? Peut il aussi avoir une acception symbolique ?
WYETH 1942 TURKEY BUZZARD SOARING :
Ce tableau semble être un essai préliminaire : Même année que Soaring et même maison. Thème de la buse en vol plané. Mais dans Soaring Wyeth "prend son envol", prend
du recul - encore le recul- et de l'altitude donnant même l'impression qu'il a déjà fait de l'avion, ou vu une photo aérienne de ce paysage. Si tel n'est pas le cas, Wyeth est
vraiment très fort. Il se "déporte" totalement, se met presque dans les yeux d'une buse, et passe plus résolument à une vue en franche contre-plongée.
Jean-Yves a écrit:Cette video donne peut-être des explications intéressantes, mais je ne comprends rien à ce que dit la commentatrice!
Accent américain marqué mais on devrait, en la visionnant plusieurs fois, en tirer quelque chose. J'en ai capté une partie mais je n'ai pas le temps de continuer aujourd'hui. Slvybdx ?
Nous avons aussi cet extrait du livre de Gerry Souter déjà vu plus haut :
Je n'aurais pas traduit Soaring par "En Hauteur", car il y a perte de l'aspect dynamique du mot soaring. Avec ces
indication on pourrait peut-être même retrouver le relief réel sur Google Earth et le comparer à celui du tableau.
Il y a bien une dynamique dans Soaring. Les trois buses pourraient représenter trois phases du vol d'une seule :
On retrouve l'idée de l'instantané comme dans Wind of the sea avec les deux oiseaux du rideau, voir plus haut
dans ce sujet.
Dans ces deux tableau il est question de flux d'air que l'on ne voit pas, mais qui sont rendu "palpables" par le vol des
oiseaux dans Soaring, et les lignes de la trame des rideaux dans Wind of the Sea.
Il y a encore certainement encore beaucoup à dire de Soaring... D'autres idées fusent dans ma tête, mais je n'ai
plus le temps de continuer !
Northman- Messages : 547
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Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Beaucoup d'infos sur Chadd's ford et ses environs et ses habitants ici
http://www.petervnielsen.dk/john_andress_house.shtml
http://www.petervnielsen.dk/john_andress_house.shtml
Northman- Messages : 547
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Vidéo sur Christina's World
Puisqu'on commence à explorer les vidéos : Sur celle-ci on comprend mieux la langue,
car c'est de l'anglais BBC ! :
C'est plus sur Christina's World. Il va peut-être falloir créer un sommaire en premier
post de ce sujet. Je l'avais fait par exemple pour les stavkirke norvégiennes... et/ou
caser cette vidéo plus haut dans le sujet...
Je découvre petit à petit ce reportage de 58 minutes. Là j'en suis à l'enfance d'Andrew Wyeth.
Très intéressant d'avoir de tels éléments au stade où nous en sommes dans cette recherche.
Problème : Pas le temps de tout traduire, d'où un possible décrochage des non anglophones, ce
qui serait dommage, le but initial de Jean-Yves étant de faire connaître un peintre américain très
peu connu en France. Et je vais moi-même bientôt devoir décrocher par manque de temps, en me
disant qu'il y a encore beaucoup à découvrir sur Wyeth.
Il est très intéressant de partir des œuvres, de leurs titres, de leurs dates, de les confronter
quand nous le pouvons à ce qu'en a dit Wyeth, et à sa biographie. Nos petites mosaïques
"sauce maison" ont été riches d'enseignements. Avec ce genre de reportage, il ne manque
plus que des livres de spécialistes américains de Wyeth pour compléter et continuer
dans de belles avancées.
Personne en France ne se serait intéressé en profondeur à Andrew Wyeth au point d'éditer un
livre, un bon livre uniquement sur lui ? Si non, au boulot, Jean-Yves !
Dernière édition par Northman le Mar 14 Fév 2017 - 18:59, édité 7 fois
Northman- Messages : 547
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Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Au point où nous en sommes, voici à peu près ce que je pense:
Comme nous l'avons constaté à partir de nos mosaïques ci-dessus, la peinture de Wyeth s'assombrit en 1942. Quelque chose, un événement dans sa vie privée, a pu provoquer ce changement. En 1944, il peint l'étrange Christmas Morning qui, d'après les dire du peintre, évoque un deuil, "son premier lien avec la mort... une femme qu'il connaissait était morte". Nous ne savons rien sur cette femme ni sur la date de son décès. Il a pu survenir plusieurs mois auparavant... en 1943. Intuitivement, j'associe ce décès à la menace qui plane dans Soaring, peint en 1942, comme si les deux oeuvres tournaient autour du même événement, l'un l'anticipant, l'autre se plaçant après.
Les oeuvres de Wyeth invitent à se "faire des films", à se raconter des histoires. Par leurs mises en scènes internes, mais aussi par certaines trames qu'elles semblent vouloir tisser de l'une à l'autre; certains éléments - telle maison, telle personne, tel objet... - réapparaissant de tableau en tableau, à plusieurs années d'intervalle parfois. Cela fait partie du charme, profond, mystérieux, de l'oeuvre de Wyeth.
Alors je me pose la question de savoir s'il faut chercher à élucider ces mystères, ou s'il ne vaut pas mieux les laisser tels que le peintre nous les a confiés....
Si, sur Christmas Morning, il n'a visiblement pas souhaité en dire davantage, peut-être devons-nous respecter son secret.
Comme nous l'avons constaté à partir de nos mosaïques ci-dessus, la peinture de Wyeth s'assombrit en 1942. Quelque chose, un événement dans sa vie privée, a pu provoquer ce changement. En 1944, il peint l'étrange Christmas Morning qui, d'après les dire du peintre, évoque un deuil, "son premier lien avec la mort... une femme qu'il connaissait était morte". Nous ne savons rien sur cette femme ni sur la date de son décès. Il a pu survenir plusieurs mois auparavant... en 1943. Intuitivement, j'associe ce décès à la menace qui plane dans Soaring, peint en 1942, comme si les deux oeuvres tournaient autour du même événement, l'un l'anticipant, l'autre se plaçant après.
Les oeuvres de Wyeth invitent à se "faire des films", à se raconter des histoires. Par leurs mises en scènes internes, mais aussi par certaines trames qu'elles semblent vouloir tisser de l'une à l'autre; certains éléments - telle maison, telle personne, tel objet... - réapparaissant de tableau en tableau, à plusieurs années d'intervalle parfois. Cela fait partie du charme, profond, mystérieux, de l'oeuvre de Wyeth.
Alors je me pose la question de savoir s'il faut chercher à élucider ces mystères, ou s'il ne vaut pas mieux les laisser tels que le peintre nous les a confiés....
Si, sur Christmas Morning, il n'a visiblement pas souhaité en dire davantage, peut-être devons-nous respecter son secret.
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mar 14 Fév 2017 - 20:45, édité 3 fois
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Comme cette petite maison de John Andress m'intriguait, ainsi que les autres lieux des environs de Chadd's Ford peints par Wyeth et repérés sur cette vue aérienne, je suis allé voir sur google earth et sur street view ce qu'il sont devenus maintenant. Le résultat est assez surprenant...
Voici approximativement la même zone actuellement. La rivière à gauche m'a servi de repère, son cours, lui, n'a guère changé. Mais on voit à quel point les prés de Wyeth ont disparu, remplacés par des zones résidentielles reboisées.
Très impressionnante, je trouve, l'évolution de ce même lieu peint en 1940 d'abord :
WYETH 1940 ROAD CUT (repérez bien les talus sur les côtés)
Puis à nouveau en 1985:
WYETH 1985 RING ROAD (repérez bien les talus, et la ruine octogonale d'Archie's Church)
Que voici en 2015 via street view:
cette première vue correspond à peu près à celle de Road cut, 1940
cette seconde vue correspond à Ring road, 1985, et la route s'appelle toujours "ring road"
et la ruine octogonale est bien là, à gauche, dans le virage après la descente
oui, là!
Etonnant, non?
Voici approximativement la même zone actuellement. La rivière à gauche m'a servi de repère, son cours, lui, n'a guère changé. Mais on voit à quel point les prés de Wyeth ont disparu, remplacés par des zones résidentielles reboisées.
Très impressionnante, je trouve, l'évolution de ce même lieu peint en 1940 d'abord :
WYETH 1940 ROAD CUT (repérez bien les talus sur les côtés)
Puis à nouveau en 1985:
WYETH 1985 RING ROAD (repérez bien les talus, et la ruine octogonale d'Archie's Church)
Que voici en 2015 via street view:
cette première vue correspond à peu près à celle de Road cut, 1940
cette seconde vue correspond à Ring road, 1985, et la route s'appelle toujours "ring road"
et la ruine octogonale est bien là, à gauche, dans le virage après la descente
oui, là!
Etonnant, non?
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Lun 27 Fév 2017 - 18:42, édité 1 fois
Quel oiseau dans Soaring ?
Turkey buzzard, ça n'est pas une buse , mauvaise traduction dans le (du ?) livre de Gerry Souter, mais l'urubu à tête rouge ou vautour aura. Cathartes aura (Linné, 1758). Puisque Wyeth les a peints dans un style naturaliste -contrastant avec le fond- honorons le en étant tout aussi précis sur le nom de ces oiseaux qui planent au-dessus de la maison de John Andress dans Soaring :
Photographies trouvées sur Internet :
On retrouve bien les deux composantes du sens du mot soaring : Vol plané et utilisation des courants ascendants. La
"pompe" des praticiens du vol à voile. La traduction "En altitude" dans le (du ?) livre de Gerry Souter est mauvaise. Le
mot "altitude" est statique et ne rend pas la dynamique de l'ascendance. Il doit y avoir une lecture symbolique possible de
ce titre Soaring. "Prendre de la hauteur" ou "prise de hauteur" serait déjà plus juste que "en hauteur". Même quand il
s'agit d'un livre il faut rester prudent et recouper les informations... Par rapport à quoi Wyeth aurait-il eu besoin de prendre
de la hauteur à l'époque où il a commencé ce tableau ? Au vu de sa biographie j'ai ma petite idée mais j'attends encore un peu...
Les urubus à tête rouge de Soaring semblent affranchis de la gravité, les ascendances d'air n'étant pas visibles à l'œil nu,
ou l'étant pour un œil averti lorsqu'elles sont matérialisées par des nuages convectifs de la famille des cumulus.
Ceci dit, même pour la biographie d'Andrew Wyeth, il faut faire des recoupements, ce qui demande du temps. Au vu de cette
mauvaise traduction de Soaring qui fait très probablement passer à côté d'un message essentiel du tableau, je ne prendrais
pas le livre de Gerry Souter - ou sa traduction ?- pour argent comptant.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Urubu_%C3%A0_t%C3%AAte_rouge
L'urubu à tête rouge n'est présent qu'en été en Pennsylvanie (aire jaune; aire verte : territoire occupé à l'année). Avec le
dérèglement climatique cette carte va peut-être évoluer, mais elle est certainement valable pour 1942 :
Pennsylvanie :
Jean-Yves Amir a écrit:Comme cette petite maison de John Andress m'intriguait, ainsi que les autres lieux des environs de Chadd's Ford peints par Wyeth et repérés sur cette vue aérienne, je suis allé voir sur google earth et sur street view ce qu'il sont devenus maintenant. Le résultat est assez surprenant... Voici approximativement la même zone actuellement. La rivière à gauche m'a servi de repère, son cours, lui, n'a guère changé. Mais on voit à quel point les prés de Wyeth ont disparu, remplacés par des zones résidentielles reboisées.
Oui, j'ai essayé de survoler la maison de John Andress avec le simulateur de vol de Google earth, en me plaçant approximativement à l'altitude du plus gros vautour aura : Le reboisement du secteur rend le paysage méconnaissable même en altitude, et je ne retrouve pas les reliefs de Soaring.
Sait on quelque chose de ce John Andress ?
Northman- Messages : 547
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To soar, définition
Définition du verbe to soar en anglais, Oxford Dictionary :
Source : https://en.oxforddictionaries.com/definition/soar
On retrouve bien les deux aspects, la prise de hauteur et le vol plané. On a bien une utilisation symbolique possible.
Etymologie intéressante, on retrouve le latin aura, comme dans vautour aura ou cathartes aura, en fait vautour de brise
en latin. Etrange coïncidence avec cette étymologie indienne du mot "urubu" :
L'étymologie de to soar nous ramène au mot français "essor", dont voici le premier sens dans le Littré :
"Action de l'oiseau qui s'élance pour prendre son vol.
Avant que la nitée Se trouvât assez forte encor Pour voler et prendre l'essor, [La Fontaine, Fab. IV, 22]
Déjà prenait l'essor pour se sauver dans les montagnes cet aigle.... [Fléchier, Tur.]
Il reprit l'essor, il alla se reposer un peu plus loin, et revint encore sur le sein de Vénus, [Montesquieu, Céphise et l'Am.]
Être à l'essor, se dit d'un oiseau qui vole loin de son nid pour ses différents besoins.
L'aube du jour arrive, et d'amis point du tout ; L'alouette à l'essor, le maître s'en vient faire Sa ronde.... [La Fontaine, Fabl. IV, 22]
Terme de fauconnerie. Monter d'essor, se dit du vol de l'oiseau lorsqu'il monte à perte de vue pour trouver un air plus frais.
Par extension.
Et dès que son Dieu l'ordonne, Son âme, prenant l'essor, S'élève d'un vol rapide Vers la demeure où réside Son véritable trésor, [Racine, Cantique, II]
Son âme, hélas trop tôt prenant l'essor, Tel un fruit mûr qu'un jeune enfant dérobe, Nous est ravie.... [Béranger, Quénescourt.]
Prendre l'essor, s'est dit aussi pour s'en aller à la hâte.
M'en croirez-vous, monsieur ? prenez l'essor, [Hauteroche, le Souper mal apprêté, sc. 18]
Fig. Prendre l'essor s'est dit pour s'écarter de son sujet.
Pourquoi, me dira-t-on, nous ramener toujours Cette cassette ? est-ce une circonstance Qui soit de si grande importance ? Oui, selon mon avis ; on va voir si j'ai tort ; Je ne prends point ici l'essor, Ni n'affecte de railleries, [La Fontaine, Fianc.]
Et le second sens :
"Fig. Mouvement moral, comparé à l'essor de l'oiseau, par lequel un homme, un esprit, une âme se portent aux choses élevées, étendues.
Leur esprit prend l'essor où leur langue les guide, [Régnier, Sat. v.]
Et quand je me demande un titre légitime D'où prendre quelque gloire et chercher quelque estime, Je vois pour tout appui de mes plus hauts essors Le néant que je suis et le rien d'où je sors, [Corneille, Imit. III, 40]
Son âme toute royale garde l'équilibre, même dans ses plus grands essors ; ses élévations mêmes ont quelque chose de modéré dans le principe, [Sainte-Beuve, Causeries, 19 janvier 1852]
Donner l'essor à son génie, à son imagination, à sa plume, lui donner libre carrière.
Vous n'avez qu'à suivre les traits d'une imagination qui se donne l'essor, [Molière, Critique, 7]
En un sens plus restreint, il se dit d'une personne qui se dégage d'une contrainte, d'une sujétion, d'une infériorité. Ce jeune homme a pris tout à coup l'essor.
Quand le poids du malheur accablant son enfance Interdisait l'essor à ses puissants destins, [Saurin, Spart. II, 1]"
Source : http://www.littre.org/definition/essor
Mon intuition est que le choix du titre du tableau Soaring va bien au-delà de la simple description physique du vol de ces urubus à tête rouge. Pour aller plus loin, deux axes :
Bien situer ce tableau dans l'évolution artistique d'Andrew Wyeth et mettre en face, avec précision, sa biographie autour de 1942.
Northman- Messages : 547
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Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Northman a écrit:
Mon intuition est que le choix du titre du tableau Soaring va bien au-delà de la simple description physique du vol de ces urubus à tête rouge. Pour aller plus loin, deux axes :
Bien situer ce tableau dans l'évolution artistique d'Andrew Wyeth et mettre en face, avec précision, sa biographie autour de 1942.
Nous touchons là à des choses complexes. J'y réfléchis en même temps que toi. Pour essayer d'avancer, j'aurais plutôt tendance à quitter la piste biographique. Nous manquons d'éléments et elle n'est peut-être pas la plus pertinente. Je me demande s'il ne serait pas plus fructueux, pour comprendre la peinture de Wyeth, de l'aborder globalement, de façon synthétique plutôt qu'hyper analytique.
Dans Soaring, une fois de plus, ce qui me frappe c'est la distance du regard...
Mosaïque de la distance, mosaïque de la proximité...
Suis trop fatigué ce soir pour préciser, mais c'est dans cette direction qu'on pourrait peut-être creuser...
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Jean-Yves Amir a écrit: Nous touchons là à des choses complexes. J'y réfléchis en même temps que toi. Pour essayer d'avancer, j'aurais plutôt tendance à quitter la piste biographique. Nous manquons d'éléments et elle n'est peut-être pas la plus pertinente.
Une œuvre s'inscrit pourtant forcément dans le vécu de son auteur. Ce livre à paraître dans trois mois devrait être intéressant :
En attendant je pense qu'il ne faudrait pas abandonner la piste biographique. Il y a aussi des éléments par exemple dans ce reportage d'une heure vu plus haut. Mais c'est sûr, cela demande du travail.
Jean-Yves Amir a écrit:Je me demande s'il ne serait pas plus fructueux, pour comprendre la peinture de Wyeth, de l'aborder globalement, de façon synthétique plutôt qu'hyper analytique.
Les deux approches sont complémentaires et ne s'excluent pas l'une l'autre. Je ne regrette pas l'analyse poussée de Winter, par exemple, et sa confrontation avec la biographie d'Andrew Wyeth. Nos "mosaïques" maison vont dans le sens de l'approche globale et nous ont aussi bien fait avancer. Wyeth, avec son regard si pénétrant et son extrême souci des détails, a lui même un côté très "analytique", d'une certaine façon. Mais nous avons aussi eu des clés sur Winter en plaçant l'œuvre dans la mosaïque "gravité", à côté de Christina's World, Trodden Weed et Spring. De même, mon besoin de "zoomer" sur Soaring - et le travail n'est pas terminé- vient initialement de son positionnement dans une mosaïque chronologique. Soaring est effectivement une œuvre-tournant si tu écoutes bien la petite vidéo de l'américaine sur cette œuvre, voir plus haut, même si ce tournant n'est évidemment pas aussi important que celui de Winter.
Donc nous avons jusque là avancé avec les deux approches, globale et analytique. En exclure une des deux serait vraiment dommage. Continuons à fonctionner avec les deux hémisphères de nos cerveaux.
Jean-Yves Amir a écrit:Dans Soaring, une fois de plus, ce qui me frappe c'est la distance du regard...
Mosaïque de la distance, mosaïque de la proximité...
Oui c'est un bon thème, c'est un thème à creuser aussi "en mosaïque". Dans Soaring tu as aussi un rapport avec la gravité, thème transversal déjà abordé : Les urubus en semblent presque totalement affranchis, légèreté, que l'on retrouve dans le titre même de l'oeuvre. Par contre quel est le "climat" dans la petite maison isolée, si peu "respirante" avec sa seule et si petite ouverture représentée ? De quelle "maison" parle-t'on ?
Distance du regard, oui, effectivement, et ainsi "relativisation" de cette petite maison dans l'immensité du paysage et de ses vastes horizons : Andrew Wyeth a eu besoin de prendre de la distance, du recul, de la hauteur. Mais par rapport à quoi ? C'est forcément par rapport à quelque chose, quelque chose qui est justement figuré, symbolisé par cette petite maison représentée là, seule, au-delà de son appartenance à John Andress et de son appartenance à un hameau . Il faut donc aussi nécessairement aller voir du côté de la biographie et en particulier du climat régnant dans le microcosme domestique Wyeth, au quotidien, autour de 1942... Et là ça parle : C'est très étouffant, et cela donne effectivement besoin d'aller prendre l'air et de la hauteur - un certain essor, sens profond du titre- avec ces urubus.
Mais je développerai plus tard, car je manque de temps maintenant, et je vais en manquer de plus en plus ...
Simplement, ne fermons pas cette fenêtre, ne fermons aucune fenêtre... Voir les choses sous plusieurs angles donne un certain relief...
Northman- Messages : 547
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Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Northman a écrit:
Sait on quelque chose de ce John Andress ?
"On" sait peut-être quelque chose, mais "nous", non...
On apprend des choses sur sa maison ici, lien déjà indiqué plus haut, mais pas grand chose sur le bonhomme.
Cette description est utile car elle permet de bien repérer le bâtiment.The original portion was built in 1797, with additional construction in 1898. The property is known as a twin house, or Father/Son house, because it is two homes that mirror each other. It has traditional German architecture
that includes stairways in the back on either sides.
Il apparait là, dans cette aquarelle que tu as montrée:
Il apparait aussi ici:
Mais aussi là, derrière les maïs
WYETH 1942 WINTER CORN FIELDS
et là tout au fond, à droite, à l'arrière plan
WYETH 1942 WINTER FIELDS
Dans la mosaïque des tableaux de 1942-43, il y en a un sur lequel nous ne nous sommes pas assez attardés, où cette maison apparaît pourtant une fois de plus. Et ce tableau, je crois, est la clef de l'histoire.
Il s'agit de Public sale, de 1943
source http://www.philamuseum.org/exhibitions/2006/93.html?page=2Expressive pictorial devices are employed to convey emotion in Public Sale, a pivotal work of the 1940s. This tempera painting depicts the forced sale of a farm in Lancaster County, after the death of the farmer’s wife.
Wyeth, dans ses paysages, joue constamment avec les reliefs. Il creuse les vallons, réhausse les collines, surélève ou rabaisse les perspectives.... Les lieux de Public sale ne paraissent pas être les mêmes que ceux de Winter fields - la maison semble disparaître derrière une butte en s'enfonçant dans le sol (la gravité toujours!) et pourtant les éléments sont là: la maison double à deux cheminées, la grange ...
Détail de l'arrière plan de Winter field:
Mon hypothèse est donc que ces quatre oeuvres racontent une seule et même histoire:
Un fermier - John Andress? - est contraint de vendre sa ferme suite au décès de sa femme. C'est une "vente forcée". Les
"My first link with death. A woman I knew had died. I painted this purely from memory. It's a strange picture. I was striving for an overall schematic of dawn colors - silvery hues."
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Lun 27 Fév 2017 - 18:50, édité 4 fois
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Au passage, une adresse où on trouve beaucoup d'images http://m.blog.daum.net/saintj/13402652
Et une autre où il y a beaucoup d'infos
http://www.artic.edu/sites/default/files/libraries/pubs/1967/AIC1967AWyeth_comb.pdf
Et une autre où il y a beaucoup d'infos
http://www.artic.edu/sites/default/files/libraries/pubs/1967/AIC1967AWyeth_comb.pdf
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Dim 19 Fév 2017 - 9:22, édité 1 fois
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Voici quelques éléments supplémentaires qui tendent à prouver ce que j'ai écrit ci-dessus.
Tout d'abord ce dessin préparatoire pour Public sale qui montre que la scène se situe bien à Chadd's Ford, comme l'indique l'inscription à l'arrière de la camionnette, inscription éliminée ensuite dans le tableau définitif.
Les dessins suivant montrent à quel point Wyeth joue avec l'espace, à quel point il peut modifier un lieu observé afin de le plier à ce qu'il souhaite exprimer.
La comparaison des deux dessins préparatoires ci-dessus avec le tableau final est extraordinairement parlante. En alignant les trois images - la ligne rouge est placée à la hauteur de la base de la grange à droite - on s'aperçoit qu'en même temps qu'il éloigne la scène, Wyeth "enfonce" progressivement la maison derrière la butte.
Alors que dans le dessin suivant, en accentuant l'effet de contreplongée, il la fait surgir au sommet:
Je n'ai aucune indication de date ni de lieu pour ce dernier dessin, mais je suis persuadé qu'il s'agit toujours de la même maison (de John Andress), reconnaissable à sa silhouette, à la grange à gauche et à l'éolienne à droite.
Ces procédés sont comparables aux distorsions perspectives de Christina's world et de Wind from the sea que j'ai démontrées plus haut.
Tout d'abord ce dessin préparatoire pour Public sale qui montre que la scène se situe bien à Chadd's Ford, comme l'indique l'inscription à l'arrière de la camionnette, inscription éliminée ensuite dans le tableau définitif.
Jean-Yves Amir a écrit:
Wyeth, dans ses paysages, joue constamment avec les reliefs. Il creuse les vallons, réhausse les collines, surélève ou rabaisse les perspectives.... Les lieux de Public sale ne paraissent pas être les mêmes que ceux de Winter fields - la maison semble disparaître derrière une butte en s'enfonçant dans le sol (la gravité toujours!) et pourtant les éléments sont là: la maison double à deux cheminées, la grange ...
Les dessins suivant montrent à quel point Wyeth joue avec l'espace, à quel point il peut modifier un lieu observé afin de le plier à ce qu'il souhaite exprimer.
La comparaison des deux dessins préparatoires ci-dessus avec le tableau final est extraordinairement parlante. En alignant les trois images - la ligne rouge est placée à la hauteur de la base de la grange à droite - on s'aperçoit qu'en même temps qu'il éloigne la scène, Wyeth "enfonce" progressivement la maison derrière la butte.
Alors que dans le dessin suivant, en accentuant l'effet de contreplongée, il la fait surgir au sommet:
Je n'ai aucune indication de date ni de lieu pour ce dernier dessin, mais je suis persuadé qu'il s'agit toujours de la même maison (de John Andress), reconnaissable à sa silhouette, à la grange à gauche et à l'éolienne à droite.
Ces procédés sont comparables aux distorsions perspectives de Christina's world et de Wind from the sea que j'ai démontrées plus haut.
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Expressive pictorial devices are employed to convey emotion in Public Sale, a pivotal work of the 1940s. This tempera painting depicts the forced sale of a farm in Lancaster County, after the death of the farmer’s wife.
Situation du comté de Lancaster :
Situation de Chadds Ford, clairement en dehors du comté de Lancaster. Repère pour la comparaison des cartes, West Chester :
Chadds Ford se situe en fait sur le territoire du comté de Delaware :
Maison de Public Sale. Cheminée maçonnée dans le plan du pignon, rectangulaire à base longue et faible hauteur.
Pente de toit plus faible, maison plus "trappue" :
Maison de John Andress. Cheminée en retrait du plan du pignon, rapport base/hauteur nettement différent.
Pente de toit nettement plus forte, rives très différentes :
Ceci dit il est bon de passer en revue différentes hypothèses, c'est toujours intéressant. La formule forum est faite pour cela,
et ainsi vont les recherches. Intéressante ta façon de voir les urubus de Soaring comme une menace qui plane. On retrouve
d'ailleurs trois oiseaux sur le tableau juste ci-dessus, John Andress House, 1943...
L'éolienne de la maison de John Andress à droite : Oui. On en voit le bas du pylône sur John Andress House.
Les détails de la jonction cheminée-toiture ne sont pas traités avec précision sur le dessin préparatoire.
Dernière édition par Northman le Dim 19 Fév 2017 - 11:25, édité 3 fois
Northman- Messages : 547
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Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Northman a écrit:Situation de Chadds Ford, clairement en dehors du comté de Lancaster.Expressive pictorial devices are employed to convey emotion in Public Sale, a pivotal work of the 1940s. This tempera painting depicts the forced sale of a farm in Lancaster County, after the death of the farmer’s wife.
Oui, tu as raison, je n'avais pas pris garde à ce point car, dans mon souvenir, Chadd's Ford n'était pas bien loin de Lancaster. Il reste néanmoins l'inscription "Chadd's Ford" sur la camionnette...
Voici une explication plus précise sur Public sale:
source http://www.artic.edu/sites/default/files/libraries/pubs/1967/AIC1967AWyeth_comb.pdf
Conestoga Valley, lieu où est censée se situer la scène, est effectivement à côté de Lancaster. Mais Wyeth peint le tableau de mémoire, il reconstruit la scène à partir de son imagination, il n'est donc pas invraisemblable qu'il l'ait située dans un lieu qu'il connaissait bien.
Là aussi, tu as raison, mais je crois que cela ne change pas grand chose : Wyeth est capable de modifier le paysage et la forme des maisons à sa guise, selon l'atmosphère qu'il souhaite créer. Ainsi, dans les croquis préparatoires, on voit que la pente du toit diminue à mesure que la maison s'enfonce derrière la butte.
Maison de Public Sale. Cheminée maçonnée dans le plan du pignon, rectangulaire à base longue et faible hauteur.
Pente de toit plus faible, maison plus "trappue" :
Maison de John Andress. Cheminée en retrait du plan du pignon, rapport base/hauteur nettement différent.
Pente de toit nettement plus forte, rives très différentes :
En fait, je pense que nous faisons fausse route si nous prenons les tableaux de Wyeth comme des documents objectifs, alors que ce sont, pour la plupart, des "réalités reconstruites". Il l'a dit lui-même à plusieurs reprises, ses paysages où ses scènes sont constitués d'éléments observés mais recomposés. Il en va de même pour la question de la "biographie". Les événements de sa vie ne sont pas narrés en direct mais "remixés"et "cristallisés" de façon complexe avec parfois plusieurs années de recul.
source http://www.artic.edu/sites/default/files/libraries/pubs/1967/AIC1967AWyeth_comb.pdf
Voici deux exemples de ces lieux recomposés:
WYETH 1979 NIGHT SLEEPER
Commentaire du peintre: Les gens pensent que c'est moitié Pennsylvanie, moitié Maine. En fait c'est la ferme Woodward à Chadds Ford, qui est basée sur un lieu existant mais libéré de son contexte et de ses limites.
Second exemple:
WYETH 1942 PENNSYLVANIA LANDSCAPE
Et le commentaire de Wyeth:
Source: "Andrew Wyeth, Autobiography" Introduction by Thomas Hoving, ed Bulfinch Press, Hachette Book Group
Il s'agit d'un paysage composite, un "concentré de Pennsylvanie".
Il se méfie de la photographie et aime changer de point de vue.... Son regard flotte, bouge, ailleurs il se compare à un oiseau ou à une mouche, je ne sais plus!
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mer 1 Mar 2017 - 18:44, édité 2 fois
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Quoiqu'il en soit, Northman, entre objectivité et imaginaire, entre gravité et envol, entre matière et spiritualité, à travers notre dialogue et nos points de vue différents, nous touchons là au coeur même de l'art de Wyeth.
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Il est certainement possible d'aller plus loin, y compris en particulier sur Soaring. La barrière principale que je vois est celle de la langue. Plusieurs extraits cités dans ce sujet n'ont pas été traduits, des vidéos n'ont pas été traduites, ce qui pénalise les non anglophones et va à l'encontre de l'objectif initial. Traduire, bien traduire, entrer dans l'esprit des mots demande beaucoup de temps.
Temps que nous n'avons pas.
La suite de la recherche consisterait à faire une revue de la littérature américaine sur Andrew Wyeth, de tous les reportages et interviews : Un travail de chercheur*, de fin traducteur*, à temps plein pour un Français* passionné par Andrew Wyeth qui souhaiterait écrire un livre, un vrai, un bon. Et ce Français* devrait faire plusieurs voyages aux USA, sur les terres de Wyeth, et là où sont les originaux. Peut-être même un Franco-Américain pour mieux pénétrer tout l'aspect culturel américain qui imprègne l'œuvre d'Andrew Wyeth, et bien le monter aux lecteurs français.
Bref, un profil très particulier et assez pointu.
Ce sujet est une sorte de petit apéritif.
* Ceci peut bien entendu se décliner au féminin.
Jean-Yves Amir a écrit:Quoiqu'il en soit, Northman, entre objectivité et imaginaire, entre gravité et envol, entre matière et spiritualité, à travers notre dialogue et nos points de vue différents, nous touchons là au coeur même de l'art de Wyeth.
Oui, mais je reste sur ma faim. Impression d'avoir effleuré pas mal de choses, d'en avoir approfondi quelques unes, sans avoir pu aller jusqu'au bout. Mais ni l'un ni l'autre n'avons le profil décrit ci-dessus, et ni l'un ni l'autre n'avons assez de temps.
Ceci dit j'aurai quand-même pris plaisir à participer à ton sujet, Jean-Yves. Il m'aura permis de découvrir Andrew Wyeth, merci pour cela !
Northman- Messages : 547
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Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Petit apéritif! Petit apéritif! Mais tu es un ogre!!!!!Northman a écrit:
Ce sujet est une sorte de petit apéritif. Oui, mais je reste sur ma faim.
Je suis pas sûr qu'en art, dans l'exploration de l'oeuvre d'un artiste, on puisse "aller au bout", chaque question, chaque découverte, chaque facette soulevant de nouvelles questions... L'oeuvre de Wyeth se développe durant presque 70 ans de création (1939 - 2009) et nous n'avons débroussaillé qu'une décennie! Cela rend modeste.
Impression d'avoir effleuré pas mal de choses, d'en avoir approfondi quelques unes, sans avoir pu aller jusqu'au bout. Mais ni l'un ni l'autre n'avons le profil décrit ci-dessus, et ni l'un ni l'autre n'avons assez de temps.
Merci à toi pour ta riche, attentive et perspicace participation. J'espère que notre discussion permettra à d'autres personnes de s'intéresser plus en profondeur à ce peintre.
Ceci dit j'aurai quand-même pris plaisir à participer à ton sujet, Jean-Yves. Il m'aura permis de découvrir Andrew Wyeth, merci pour cela !
Pour ma part, je vais d'abord terminer la partie que j'ai laissée en suspens sur Wind from the sea.
J'ai envie aussi de compléter ce sujet par quelques oeuvres atypiques de Wyeth, juste pour les réunir et les montrer.
J'aimerais aussi travailler sur une peinture dont j'ai trouvé beaucoup d'éléments préparatoires. L'observation des études pour Public sale m'a fait comprendre que le travail d'élaboration de Wyeth était très intéressant...
Bref! A suivre...
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Jean-Yves Amir a écrit:Petit apéritif! Petit apéritif! Mais tu es un ogre!!!!!Northman a écrit:
Ce sujet est une sorte de petit apéritif. Oui, mais je reste sur ma faim.
Non non, c'est vraiment ce que je ressens !
Jean-Yves Amir a écrit:Je suis pas sûr qu'en art, dans l'exploration de l'oeuvre d'un artiste, on puisse "aller au bout", chaque question, chaque découverte, chaque facette soulevant de nouvelles questions... L'oeuvre de Wyeth se développe durant presque 70 ans de création (1939 - 2009) et nous n'avons débroussaillé qu'une décennie! Cela rend modeste.
Impression d'avoir effleuré pas mal de choses, d'en avoir approfondi quelques unes, sans avoir pu aller jusqu'au bout. Mais ni l'un ni l'autre n'avons le profil décrit ci-dessus, et ni l'un ni l'autre n'avons assez de temps.
Oui. Je formule mieux : Prendre conscience du fait de ne pas être allés bien loin, ou pas assez loin. Je réitère :
Northman a écrit:
La suite de la recherche consisterait à faire une revue de la littérature américaine sur Andrew Wyeth, de tous les reportages et interviews : Un travail de chercheur*, de fin traducteur*, à temps plein pour un Français* passionné par Andrew Wyeth qui souhaiterait écrire un livre, un vrai, un bon. Et ce Français* devrait faire plusieurs voyages aux USA, sur les terres de Wyeth, et là où sont les originaux. Peut-être même un Franco-Américain pour mieux pénétrer tout l'aspect culturel américain qui imprègne l'œuvre d'Andrew Wyeth, et bien le monter aux lecteurs français. Bref, un profil très particulier et assez pointu.* Ceci peut bien entendu se décliner au féminin.
Et j'insiste sur l'aspect culturel en tournant les choses d'une autre façon : Comment être conscients du fait que nous portons des lunettes françaises et que notre regard n'est pas "universel" ? Qu'il y a le mot "liberté" dans la devise de notre pays mais qu'en fait nos esprits sont quand-même assez formatés ? Comment être conscients du fait que nous passons à côté d'une partie de l'œuvre de Wyeth à cause de ces lunettes françaises ? Que dirait par exemple notre dernier petit philosophe franco-français à la mode - je pèse mes mots- en lisant le commentaire d'Andrew Wyeth sur Pentecost ?
Pourquoi employons nous une abréviation anglo-saxonne, NDE, pour évoquer les expériences de mort imminente ?
Une façon de prendre conscience de la présence de nos lunettes françaises sur nos nez est d'avoir eu la chance de vivre à l'étranger, suffisamment longtemps pour rêver dans la langue du pays.
L'écart entre les cultures anglo-saxonne et française, je le côtoie professionnellement depuis bientôt trente ans. Je sais vraiment de quoi je parle. Il faudrait presque un sujet là-dessus en parallèle à celui sur Andrew Wyeth.
Une des clés est le rapport à l'expérience, le primat de l'expérience. On dit les anglo-saxons "pragmatiques". Et c'est vrai qu'il faut l'assumer, l'expérience, et ne pas en occulter un champ parce qu'il nous déstabilise ou vient sérieusement lézarder des murs idéologiques, nous laissant sur le coup "sans idées" :
https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t90-avez-vous-remarque-combien-lexperience-nous-laisse-dabord-niais-desarmes-sans-idees
Jean-Yves Amir a écrit:Pour ma part, je vais d'abord terminer la partie que j'ai laissée en suspens sur Wind from the sea.
J'ai envie aussi de compléter ce sujet par quelques oeuvres atypiques de Wyeth, juste pour les réunir et les montrer.
J'aimerais aussi travailler sur une peinture dont j'ai trouvé beaucoup d'éléments préparatoires. L'observation des études pour Public sale m'a fait comprendre que le travail d'élaboration de Wyeth était très intéressant...
Bref! A suivre...
Je suivrai désormais de loin à cause de mon manque de temps. J'en aurai à nouveau au cours de l'hiver 2017-2018 !
Northman- Messages : 547
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Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Northman a écrit:
Et j'insiste sur l'aspect culturel en tournant les choses d'une autre façon : Comment être conscients du fait que nous portons des lunettes françaises et que notre regard n'est pas "universel" ?
Il serait intéressant que les visiteurs ou visiteuses américain(e)s de notre forum donnent leur opinion sur cette question.
S'ils venaient se joindre à nous, j'en serais heureux...
Vaste sujet, Northman, qui pourrait intéresser certains anglicistes de notre connaissance! A priori, je connais mal, mais j'aurai bien de petites idées... Tu peux l'ouvrir si tu veux dans la rubrique "mosaïque", ce qui nous permettrait de brasser plein d'exemples divers, artistiques et culturels au sens le plus large. Nous pourrions l'échafauder petit à petit, sans nous presser, au fur et à mesure que viendraient les idées....
L'écart entre les cultures anglo-saxonne et française, je le côtoie professionnellement depuis bientôt trente ans. Je sais vraiment de quoi je parle. Il faudrait presque un sujet là-dessus en parallèle à celui sur Andrew Wyeth.
Est-ce une remarque générale, ou bien fais-tu allusion à un point précis? Un point de vue que j'aurais adopté?
Une des clés est le rapport à l'expérience, le primat de l'expérience. On dit les anglo-saxons "pragmatiques". Et c'est vrai qu'il faut l'assumer, l'expérience, et ne pas en occulter un champ parce qu'il nous déstabilise ou vient sérieusement lézarder des murs idéologiques, nous laissant sur le coup "sans idées"
Dernière édition par Jean-Yves Amir le Mar 28 Fév 2017 - 9:09, édité 3 fois
Re: K Autour de "Soaring" et de "Public sale"
Northman a écrit: Comment être conscients du fait que nous passons à côté d'une partie de l'œuvre de Wyeth à cause de ces lunettes françaises ?
C'est certainement vrai. Des aspects de l'oeuvre de Wyeth nous échappent sans doute du fait que des éléments de la culture américaine manquent à notre connaissance.
Mais on pourrait dire cela de toute oeuvre d'art. Je ne peux peut-être pas saisir pleinement la peinture de Turner du fait que je ne suis pas anglais, ni celle de Vermeer du fait que je ne suis pas hollandais, etc... En même temps, je te répondrai que le brassage culturel, depuis des siècles, est tel que les cultures européennes, occidentales - et même mondiales ? - sont très perméables les unes aux autres.
En France à fortiori, notre pays étant depuis bien longtemps un carrefour où s'entrecroisent de multiples influences. Pour ma part, je me sens un peu italien, un peu espagnol, un peu grec, un peu anglais ... bref, que ceux que j'ai oubliés m'en excusent! Un peu américain également!
De plus, l'est des USA, le nord-est en particulier, est lui aussi un "melting pot", imprégné de culture occidentale allemande, et hollandaise en particulier en Pennsylvanie... L'Amérique "profonde" dont est issu Wyeth n'est pas le Texas, c'est bien cette Amérique multiculturelle proche de nous somme toute.
Et puis la peinture a cet avantage - comme la musique ou la danse - de passer outre la barrière de la langue. Les japonais aiment Monet comme nous aimons Hokusaï. Ils ne perçoivent sans doute pas la peinture de Monet comme nous, nous ne comprenons sans doute pas toutes les finesses d'Hokusaï, et alors? Vive la relativité et la diversité des points de vue!
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