Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
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Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Mon cadeau de Noël 2015 pour le forum :
Un sujet sur les Stavkirke, littéralement "églises pieux", expression souvent traduite par "églises en bois debout". Elles sont magnifiques, saisissantes, étonnantes et font partie du patrimoine religieux, artistique et culturel très spécifique de la Norvège. Il en existe cependant dans d'autres pays européens.
Je vous propose donc une excursion en Norvège, principalement autour de trois de ces églises que nous avons visitées ou vues en juillet 2008. Borgund, Urnes, et dans une moindre mesure Undredal. On élargira aux autres en continuant les recherches sur Internet. Les Stavkirke seront donc la colonne vertébrale de ce sujet, mais nous ramifierons avec plaisir : Un peu de détente, de tourisme, avec quelques conseils pratiques pour ceux qui voudraient se rendre là-bas, un peu de langue norvégienne, un peu d'histoire et de géographie du pays, etc ...
Comme dans d'autres sujets sur ce forum, certains points et approfondissements se feront en direct : La rédaction d'un sujet est enrichissante pour les lecteurs comme pour l'auteur.
Je développerai au fur et à mesure de mes disponibilités.
31.01.2016 : Ce sujet devient long, aussi j'ai créé d'abord un sommaire chronologique avec des liens directs. Au cœur du sujet en rouge, développements secondaires et détente en bleu. Puis suit un sommaire thématique.
SOMMAIRE CHRONOLOGIQUE :
De Flåm à Borgund par le tunnel de Lærdal
La stavkirke de Borgund
Eglises en bois debout. Un fragile et emblématique trésor du patrimoine religieux de la Norvège
L'avalanche de toits ou l'effet pagode
Eglises en bois (mais pas stavkirke) d'Ukraine et de Slovaquie
Jan Garbarek puis la réplique de Borgund à Rapid City, Dakota du Sud
Cartographie norvégienne : Le site Internet de Norgeskart
Carte des stavkirke norvégiennes
Stavkirke de Gol
Stavkirke d'Heddal
Un peu de norvégien
La "mini-stavkirke" d'Undredal
Undredal et Bakka
Les poteaux (stav) de la stavkirke de Borgund
Charpente de Borgund
Pin sylvestre
Heddal sous la neige
Au cœur de la structure de Borgund
Flambage ou flambement
Les "tang", traverses en tenailles
De Borgund à Flåm par la route des montagnes
Un peu de toponymie scandinave en Normandie
Structure de la charpente de Borgund, suite
Histoire du christianisme norvégien. Population norvégienne actuelle
Les paysages très sauvages de Norvège
Les croisées d'écharpes de la charpente de Borgund
Charpente de Borgund : Forces
Art roman ou influences romanes ? Influences gothiques ?
Borgund, forces : Poids de la flèche et poussée du vent
Techniques de charpenterie de marine des Normands du XIème siècle
Les dragons de toiture de Borgund
Dragons, toits de temples thaïlandais et gargouilles
Dragons
Temple bouddhiste thaïlandais
Tournée des toitures des stavkirke norvégiennes à la recherche d'autres dragons
Stavkirke d'Urnes, Patrimoine Mondial de l'Unesco
Borgund en 3D
Urnes vue par l'Unesco
Le bateau viking d'Oseberg, daté 815-820, donc début IXe siècle
Sculptures d'Urnes et du navire d'Oseberg
Du bon usage des serpents et des dragons
Portail principal de la stavkirke de Borgund
Portail principal d'Urnes
Escapade en kayak sur le Nærøyfjord
... Puis sur le Geirangerfjord !
Norvège, petit voyage étymologique et géographique
Faune des fjords
Nord, septentrion, septentrional, Cap Nord, Knivskjelodden ...
Grands itinéraires nordiques. Iles Lofoten
Ja, vi elsker dette landet
Cartes du XVIe siècle
Ja, vi elsker dette landet, suite. Aurores boréales
Essai de classification des stavkirke d'après le premier coup d'œil extérieur, la première impression
Flèches
La dendrochronologie ou l'art de faire parler les arbres.
La stavkirke de Grip.
Les stavkirke de Kvernes et Rødven.
Caractéristiques des stavkirke de type Møre (Grip, Kvernes, Rødven).
Håkon Christie, spécialiste norvégien de référence des stavkirke.
La stavkirke d'Haltdalen, premier abord extérieur.
Stavkirke d'Haltdalen : Impressionnante charpente !
Charpente d'Haltdalen : Forces... Prodigieux pour le XIIe siècle !
La réplique islandaise de la stavkirke d'Haltdalen.
Détour inattendu par la charpente du grand comble de la cathédrale de Bourges. Croisées d'écharpes. Flexion des poutres.
Origine des croisées d'écharpes vue par Viollet-le-Duc
Balade dans Bergen, capitale de l'ouest de la Norvège.
Stavkirke de Borgund : Les bas-côtés.
Stavkirke de Borgund : Galerie extérieure.
SOMMAIRE THEMATIQUE :
Introductions :
Histoire du christianisme norvégien.
Eglises en bois debout. Un fragile et emblématique trésor du patrimoine religieux de la Norvège
Håkon Christie, spécialiste norvégien de référence des stavkirke.
Carte des stavkirke norvégiennes
Premier abord extérieur des stavkirke :
Essai de classification des stavkirke d'après le premier coup d'œil extérieur, la première impression
Tournée des toitures des stavkirke norvégiennes à la recherche d'autres dragons
Stavkirke par stavkirke :
Borgund :
La stavkirke de Borgund
La stavkirke de Borgund (2)
L'avalanche de toits ou l'effet pagode
La réplique de Borgund à Rapid City, Dakota du Sud
Les poteaux (stav) de la stavkirke de Borgund
Charpente de Borgund
Au coeur de la structure de Borgund
Flambage ou flambement
Les tang, traverses en tenailles
Les tang, traverses en tenailles (2)
Le contreventement
Structure de la charpente de Borgund, suite
Les croisées d'écharpes de la charpente de Borgund
Croisées d'écharpes, suite
Charpente de Borgund : Forces
Borgund, forces : Poids de la flèche et poussée du vent
Les dragons de toiture de Borgund
La stavkirke de Borgund en 3D
Portail principal de la stavkirke de Borgund
Stavkirke de Borgund : Les bas-côtés.
Stavkirke de Borgund : Galerie extérieure.
Urnes :
Stavkirke d'Urnes, Patrimoine Mondial de l'Unesco
Stavkirke d'Urnes, Patrimoine Mondial de l'Unesco (2)
Stavkirke d'Urnes, Patrimoine Mondial de l'Unesco (3)
Urnes vue par l'Unesco.
Sculptures d'Urnes et du navire viking d'Oseberg
Portail principal d'Urnes
Haltdalen :
La stavkirke d'Haltdalen, premier abord extérieur
Stavkirke d'Haltdalen : Impressionnante charpente !
Charpente d'Haltdalen : Forces ... Prodigieux pour le XIIe siècle !
La réplique islandaise de la stavkirke d'Haltdalen
Gol :
Stavkirke de Gol
Heddal :
Stavkirke d'Heddal
Heddal sous la neige.
Undredal :
La "mini-stavkirke" d'Undredal
Undredal (suite)
Undredal et Bakka
Grip :
La stavkirke de Grip, ultra-maritime.
Kvernes et Rødven :
Les stavkirke de Kvernes et Rødven
Un peu de norvégien, de vieux norrois et d'islandais :
Un peu de norvégien. Bokmål et nynorsk.
Heddal sous la neige. Snø.
Un peu de toponymie scandinave en Normandie.
Norvège, petit voyage étymologique et géographique.
Ja, vi elsker dette landet.
Ja, vi elsker dette landet, suite
Balades norvégiennes :
Cartographie norvégienne : Le site Internet de Norgeskart
De Flåm à Borgung par le tunnel de Lærdal
De Borgund à Flåm par la route des montagnes
Les paysages très sauvages de Norvège
Escapade en kayak sur le Nærøyfjord
... Puis sur le Geirangerfjord !
Nord, septentrion, septentrional ...
Grands itinéraires nordiques
Balade dans Bergen, capitale de l'ouest de la Norvège.
Dernière édition par Northman le Ven 16 Déc 2016 - 17:38, édité 202 fois
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De Flåm à Borgung par le tunnel de Lærdal
Pour commencer, je vous emmène dans la région du Sognefjord, le plus long fjord norvégien :
La petite ville de Flåm, située au fond de l'Aurlandsfjord, branche du Sognefjord, constitue un excellent camp
de base pour rayonner vers de nombreux points d'intérêt, dont l'église en bois debout de Borgund. Le å est la
dernière lettre de l'alphabet norvégien. Il se prononce "o" le "o" de "côte", un "o" long. Sur votre clavier,
touche Alt enfoncée, tapez 0229 pour obtenir le å, et 0197 pour obtenir le Å. La ville la plus au sud des îles
Lofoten s'appelle Å.
Deux itinéraires possibles pour aller de Flåm à Borgund : Par le très long tunnel de Lærdal ou par la route des
montagnes. Nous avons pris le premier à l'aller, le second au retour.
Le tunnel de Lærdal fait 24,5 km de longueur !
Lærdalstunnelen : Un seul mot pour "Le tunnel de Lærdal". Le "en" à la fin est l'article défini masculin postposé. Si
on l'enlève, on obtient "Lærdalstunnel" qui signifie donc "Tunnel de Lærdal". Le "s" entre "Lærdal" et "tunnel" est
comme le 's anglais.
Au milieu du tunnel, nous avons fait une petite pause photo dans la grande cavité centrale magnifiquement éclairée :
Dernière édition par Northman le Dim 31 Jan 2016 - 13:02, édité 7 fois
Northman- Messages : 547
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La stavkirke de Borgund
La Stavkirke de Borgund, en pleine nature, un grand et inoubliable coup de cœur :
Un élan vers le haut, donné par la pente croissante des toitures :
Ou, de haut en bas, un "étalement" progressif vers l'horizontale du sol terrestre de ce qui vient verticalement d'en haut. Lieu de communication entre Ciel et Terre *, finalement. J'ai mis des majuscules à Ciel et Terre car il est évident que nous sommes dans un registre symbolique, qui renvoie à une expérience spirituelle intérieure. Les astronautes de la station spatiale internationale ne prennent pas l'apéritif avec les anges, et Youri Gagarine, lors du premier vol dans l'espace réalisé par l'homme, ne pouvait effectivement voir Dieu avec ses yeux physiques. C'est toute l'histoire du malentendu entre l'Eglise et la science, si bien creusé par l'historien Georges Minois. Pour faire bref, toute lecture littérale de la Bible mène droit dans le mur... comme toute lecture du Coran au pied de la lettre, c'est tellement d'actualité ! De même, toute approche matérialiste de la religion mène aussi droit dans le mur...
Dernière édition par Northman le Dim 29 Jan 2017 - 17:52, édité 14 fois
Northman- Messages : 547
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La stavkirke de Borgund
L'orientation ouest-nord-ouest est à l'opposé de beaucoup d'églises :
Côté gauche ci-dessous, une coupe verticale :
La verticalité prédomine nettement, globalement comme dans l'élan de la flèche d'un clocher qui serait directement posé
sur le sol :
La hauteur du triangle isocèle rouge est 1,62 fois plus grande que la base... Certainement pas un hasard ! Cette proportion
est vraiment très proche de 1,618 ... Le fameux nombre d'or ! Avec le bois comme matériau archi-dominant, y compris pour
la couverture, et de telles proportions, l'harmonie de cette église avec son environnement et la nature est très poussée. On
la ressent au premier regard.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:51, édité 6 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
La verticalité prédomine nettement
Oui mais pour tenir debout, il semble d'après tes photos, que la structure ait besoin de s'appuyer sur des piliers obliques qui s'écartent vers l'extérieur à la base.
Cela n'apparait pas sur la coupe verticale ci-dessus.
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Pfffff Jean-Yves n'a aucune éducation!
Elle est superbe cette église en bois, Northman, et merci pour le cadeau de Noël!
Elle est superbe cette église en bois, Northman, et merci pour le cadeau de Noël!
Eglises en bois debout. Un fragile et emblématique trésor du patrimoine religieux de la Norvège
Oui on va voir la charpente en détails plus loin, Jean-Yves. Je vous propose de lire la suite en musique, avec Jan Garbarek, musicien norvégien contemporain :
Eglises en bois debout. Un fragile et emblématique trésor du patrimoine religieux de la Norvège. 24 mai 2010 :
Source : http://www.narthex.fr/blogs/chroniques-scandinaves/eglises-en-bois-debout
" Les églises en bois debout (stavkirke) sont une spécificité architecturale de la Norvège où, à une ou deux exceptions près, on les y trouve toutes. Il y en a aujourd’hui environ 28 (les chiffres varient selon les sources de 25 à 29) qui sont toujours debout, ce qui est peu si l’on sait que le pays a dû compter quelques 1000 édifices de ce type. Le bois dont elles sont construites en a fait les proies faciles du feu, mais surtout, elles ont souvent été détruites volontairement pour permettre la construction de nouvelles églises plus grandes, plus lumineuses et plus sûres. Loin de se vouloir exhaustif, cet article est simplement l’occasion d’une courte présentation d’ensemble de ce type d’édifice religieux aux formes fascinantes et quelque peu mystérieuses… Pourquoi construire de fragiles églises en bois alors qu’à la même époque on construit ailleurs en Norvège des églises en pierre, bien plus solides et durables ? Et pourquoi ces étonnantes formes ?
Le bois est un matériel abondant en Norvège et pour cela il n’est donc pas surprenant que jusqu’à la fin de l’époque médiévale, ont y construisit des églises en bois. Il faut également se souvenir que les habitants de la Norvège avaient développé durant l’Age viking une très grand maîtrise du travail du bois – leurs constructions navales ont emmené les Scandinaves par delà les mers. Par conséquent, ces églises sont des bâtiments profondément autochtones, ce qui apparaît encore plus nettement si on les compare aux églises de pierre bâties avec des techniques et des styles importés d’Angleterre, telle la cathédrale de Stavanger datant de la première moitié du 12ème siècle ou la vieille église d’Aker à Oslo qui date d’environ 1150 (gamle Aker kirke), deux édifices parmi d’autres, qui sont contemporains des églises en bois debout. Ces dernières affirmaient – et affirment toujours – une certaine identité scandinave.
« Stavkirke », le terme norvégien que l’on traduit en français par « église en bois debout » vient du norvégien « stav » (stafr en vieux norrois) qui signifie « pieu » et « kirke » pour « église » ; une étymologie qui fait référence aux poteaux de bois qui forment la structure architecturale de base de ces édifices. Originellement, les premières églises norvégiennes auraient été de simples édifices de bois, en palissade (des lattes de bois accolées les unes aux autres pour former un pan), aux poteaux enfoncés dans le sol. Cependant, l’humidité du sol entraînait le pourrissement du bois et mettait ainsi en péril la construction. La solution apportée fut de faire reposer les poteaux non plus à même le sol, trop humide, mais sur de la pierre (stolpekirke), puis – et c’est le modèle des églises en bois debout – ce parterre de pierre fut couvert d’une plateforme de bois, sur laquelle les poteaux de bois qui portent l’édifice pouvaient prendre appui.
Ces églises sont parfois très simples, humbles, à l’image de l’église en bois debout d’Haltdalen, qui date supposément de 1170. Ici, on voit bien le sous-bassement de pierre sur lequel repose les poteaux et la palissade de bois dessinant un édifice à nef unique surmonté d’un toit à pente lui aussi en bois. Mais ces édifices religieux peuvent aussi être grandioses, comme par exemple l’église en bois debout d’Heddal, dont l’élévation est prodigieuse.
La structure de base des églises en bois debout, telles celles de Gol ou de Borgund, est un cadre de pierre sur lequel est posé quatre poutres en bois (disposées en #), et sur lesquelles viennent s’insérer les grands poteaux à la verticale, puis des poutres horizontales, la structure du toit et le clocher. Lorsque – à la différence de celle d’Haltdalen – l’église est haute, une telle structure n’est pas suffisante pour assurer son maintien à long terme ; en effet, l’église serait bien trop fragile et tomberait comme un fétu de paille face aux tempêtes de vent parfois extrêmement violentes en Norvège. D’où la présence et l’importance de quelques éléments que l’on confondrait facilement avec de la décoration, tels ces croisillons en forme de croix de saint André, parfois présents qui servent à renforcer la structure du bâtiment, ou cette galerie qui court tout le long de l’édifice au rez-de-chaussée, et dont le toit apporte quelque protection au mur en palissade. On a ensuite un deuxième niveau de toiture : la couverture des « bas-côtés » intérieurs qui encadrent la nef ; puis le troisième encore un peu plus haut, qui couvre lui la nef et enfin le(s) clocher(s) qui couronne(nt) l’édifice. C’est cette « avalanche » de toits de hauteurs et d’orientations différentes qui, il me semble, leur confère un caractère fascinant et quelque peu énigmatique puisque depuis l’extérieur, le novice aura probablement des difficultés à identifier la logique architecturale de ces bâtiments typiquement norvégiens. Pour Eva Valebrokk et Thomas Thiis-Evensen, la verticalité parfois impressionnante de certaines des églises en bois debout, ressort d’une volonté d’honorer Dieu et d’amplifier le caractère sacré du lieu, entre ciel et terre. Dans un sermon du 13ème siècle, il était dit que ces toitures, protégeant l’église des intempéries, « représentent les hommes … qui protègent le christianisme avec leurs prières, contre les tentations ».
L’intérieur des églises en bois debout peut être très sombre suite à l’absence de grandes fenêtres ; on peut imaginer que cette obscurité était favorable à l’entretien d’une atmosphère mystique et sacrée ; en rupture avec l’extérieur.
La plus grande église en bois debout, figurant dans tous les guides touristiques de la Norvège, est celle d’Heddal, dans le Télémark, datant des 13-14ème siècles. Ci-dessous est reproduite une liste d’églises en bois debout que l’on peut voir en Norvège, principalement loin des milieux urbains :
Borgund (après 1180)
Eidsborg (1250-1300)
Flesberg (après 1111)
Garmo (13ème siècle)
Gol (après 1216)
Grip (15ème siècle)
Haltdalen (avant 1200)
Hedalen – ou Hedal (après 1163)
Hegge (fin 12ème siècle)
Hopperstad (avant 1150 ?)
Høre (après 1179)
Høyjord (fin 12ème siècle et 13ème)
Kaupanger (1137)
Lom (après 1158)
Lomen (après 1179)
Nore (après 1166)
Reinli (après 1326 ?)
Ringebu (vers 1220)
Rollag (après 1425)
Rødven (12ème siècle)
Røldal (13ème siècle)
Undredal (fin 12ème siècle)
Urnes (après 1131) - patrimoine mondial de l'UNESCO
Uvdal (après 1168)
Øye (vers 1200 ?) "
On reprendra certains points dans la suite ...
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:52, édité 5 fois
Northman- Messages : 547
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Localisation : Normandie
L'avalanche de toits ou l'effet pagode
Une avalanche de photos des toitures de l'église de Borgund pour illustrer cette expression très juste de l'article ci-dessus :
Dernière édition par Northman le Dim 31 Jan 2016 - 12:54, édité 11 fois
Northman- Messages : 547
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Localisation : Normandie
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Magnifiques ces églises! wow!
............
En Ukraine il y a du bois aussi, j'ai 3 photos souvenirs de 2006.
Un mot sur Garbarek! Cela m'a ramené à mes 20 ans!
Moi qui perd la mémoire je me souviens de ce nom, il jouait avec mon ami Keith Jarrett.
Je n'avais jamais imaginé qu'il fût norvégien.
Super artistes.
............
En Ukraine il y a du bois aussi, j'ai 3 photos souvenirs de 2006.
Un mot sur Garbarek! Cela m'a ramené à mes 20 ans!
Moi qui perd la mémoire je me souviens de ce nom, il jouait avec mon ami Keith Jarrett.
Je n'avais jamais imaginé qu'il fût norvégien.
Super artistes.
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Bon ben puisqu'Alain a lancé le sujet, j'y vais aussi de mes églises en bois!
Celles-ci, superbes également, sont slovaques (voyage 2008). Par contre, pour retrouver les noms des lieux, il va falloir que je cherche!
Un truc intéressant à faire serait de repérer les lieux où on trouve ce type d'églises, leur "aire géographique"...
Celles-ci, superbes également, sont slovaques (voyage 2008). Par contre, pour retrouver les noms des lieux, il va falloir que je cherche!
Un truc intéressant à faire serait de repérer les lieux où on trouve ce type d'églises, leur "aire géographique"...
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
ah! la Slovaquie!
Durand mes 4 mois passés à Bratislava en 1981 j'avais 2 mentors.
Un officiel, coté régime en place. Il m'avait emmené à sa résidence secondaire dans les montagnes de l'Est.
Mais pas eu le temps d'y voir des églises, c'était un gros mangeur (et buveur).
Mon autre mentor était un écrivain mis de coté, il parlait fraçais et m'avait pris sous son auile.
Eh bien il avait une admiration pour la région de ses parents ou grand parents, je ne sais plus,
également dans ces montagnes de l'est.
Il me disait que l'humanité était davantage là-bas qu'ailleurs.
( l'humain, l'humain d'abord, quoi).
Quoiqu'il me fût très sympathique, je trouvais qu'il mythifiait sans doute un peu trop ces gens. On est con à 30 ans.
Mais je comprennais bien que cela lui faisait un pendant au régime qui l'opprimait.
Enfin, ce que je veux dire c'est que à voir vos photos on imagine tout un mode vie.
Bien loin du nôtre évidemment.
Permettez-moi d'ajouter un truc, c'est dimanche: en Slovaquie la peinture, au début du 20ème siècle,
est très très "provinciale", comme on dit péjorativement. Montagnes, vallées, vaches, cochons, bergères.
Prague a tôt fait son modernisme cubiste et surréaliste.
Bratislava avait du retard à l'allumage. Mon gentil écrivain adorait la peinture "provinciale"
Peut-être qu'il préférait les églises en bois de son pays à la cathédrale de Chartres.
Me souviens pas le lui avoir demandé, j'aurais dû.
Durand mes 4 mois passés à Bratislava en 1981 j'avais 2 mentors.
Un officiel, coté régime en place. Il m'avait emmené à sa résidence secondaire dans les montagnes de l'Est.
Mais pas eu le temps d'y voir des églises, c'était un gros mangeur (et buveur).
Mon autre mentor était un écrivain mis de coté, il parlait fraçais et m'avait pris sous son auile.
Eh bien il avait une admiration pour la région de ses parents ou grand parents, je ne sais plus,
également dans ces montagnes de l'est.
Il me disait que l'humanité était davantage là-bas qu'ailleurs.
( l'humain, l'humain d'abord, quoi).
Quoiqu'il me fût très sympathique, je trouvais qu'il mythifiait sans doute un peu trop ces gens. On est con à 30 ans.
Mais je comprennais bien que cela lui faisait un pendant au régime qui l'opprimait.
Enfin, ce que je veux dire c'est que à voir vos photos on imagine tout un mode vie.
Bien loin du nôtre évidemment.
Permettez-moi d'ajouter un truc, c'est dimanche: en Slovaquie la peinture, au début du 20ème siècle,
est très très "provinciale", comme on dit péjorativement. Montagnes, vallées, vaches, cochons, bergères.
Prague a tôt fait son modernisme cubiste et surréaliste.
Bratislava avait du retard à l'allumage. Mon gentil écrivain adorait la peinture "provinciale"
Peut-être qu'il préférait les églises en bois de son pays à la cathédrale de Chartres.
Me souviens pas le lui avoir demandé, j'aurais dû.
Jan Garbarek puis la réplique de Borgund à Rapid City, Dakota du Sud
alainAdmin a écrit:
Un mot sur Garbarek! Cela m'a ramené à mes 20 ans!
Moi qui perd la mémoire je me souviens de ce nom, il jouait avec mon ami Keith Jarrett.
Je n'avais jamais imaginé qu'il fût norvégien.
Super artistes.
Mon morceau préféré de Jan Garbarek : Son Molde Canticle :
Ils le passaient dans le musée de la Stavkirke de Borgund : L'association des
superbes souvenirs du lieu avec cette musique est pour moi indélébile !
Le Modle Canticle de Jan Garbarek joué par Marco Lo Muscio sur l'orgue de la
cathédrale de Moscou :
Un concert complet, avec une magnifique introduction :
Jan Garbarek choisi pour jouer dans un mariage royal norvégien en 2001, ce qui
montre bien l'importance nationale du musicien :
alainAdmin a écrit:Je n'avais jamais imaginé qu'il fût norvégien.
Maintenant, c'est très clair !
alainAdmin a écrit:
Un mot sur Garbarek! Cela m'a ramené à mes 20 ans!
Moi qui perd la mémoire je me souviens de ce nom, il jouait avec mon ami Keith Jarrett.
Plongée dans les années 70, Jan Garbarek avec Keith Jarett, European Quartet :
LA REPLIQUE DE LA STAVKIRKE DE BORGUNG A RAPID CITY, DAKOTA DU SUD :
Un petit tour par le Dakota du Sud, près de Rapid City, où se trouve une réplique exacte de la Stavkirke de Borgund.
Vue de sa façade ouest, donc côté entrée principale :
J'ai choisi la réplique de Rapid City car à Borgund j'ai été obligé de zoomer
en grand angle, à 28 mm de focale, ce qui déforme les verticales latérales.
On voyage beaucoup sur ce forum ...
Immigration norvégienne aux USA (on approfondira si besoin) :
http://www.epodunk.com/ancestry/Norwegian.html
Dernière édition par Northman le Sam 17 Déc 2016 - 10:40, édité 30 fois
Northman- Messages : 547
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Localisation : Normandie
Cartographie norvégienne : Le site Internet de Norgeskart
On aime beaucoup les cartes sur ce forum. Il existe un site officiel norvégien très performant pour la cartographie. On
peut zoomer à l'échelle qui permet de préparer des randonnées, à pied ou en kayak par exemple, et même aller jusqu'à
l'échelle cadastrale, ce que j'ai fait plus haut pour montrer l'orientation de la Stavkirke de Borgund. On peut aussi y
obtenir les cartes marines.
Le site :
https://www.norgeskart.no/
Exemples de cartes obtenues sur Norgeskart :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:55, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Localisation : Normandie
Carte des stavkirke norvégiennes
Source : http://www.stavkirke.info/stavkirker/kart/
J'y ai pointé Borgund, dont nous avons seulement commencé l'exploration, et Gol, que nous allons voir juste après :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:56, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Stavkirke de Gol
Visible au Norsk Folkemuseet, musée folklorique norvégien, à Oslo. Je ne l'ai pas vue en réalité. Quelques belles photos
glanées sur Internet, avec mise en valeur de l' avalanche de toitures par la neige :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:56, édité 5 fois
Northman- Messages : 547
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Localisation : Normandie
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:[justify]
un petit tour par le Dakota du Sud, près de Rapid City, où se trouve une réplique exacte de la Stavkirke de Borgund. Vue de sa façade ouest, donc côté entrée principale :
Réplique exacte?
Il y manque pourtant un détail de taille... Celui des extraordinaires "pignons" de Borgund
dont les équivalents sont bien présents sur les toits de l'église de Gol.
Ils m'intriguent, ces pignons! Prévois-tu d'en parler?
(Je ne voudrais pas déranger le fil de ta présentation, Northman. Que préfères-tu? Qu'on pose des questions au fur et à mesure? Ou bien qu'on les pose après, lors d'une "pause"? Je sais ce que c'est que de construire un sujet. Les deux options se défendent... )
Réplique de Borgund à Rapid City
Jean-Yves voici une vue latérale de la réplique de Rapid City. Il y a bien les dragons. On en parlera bientôt, bien sûr ! J'essaie d'aller de l'ensemble vers le détail, et de l'extérieur vers l'intérieur.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:36, édité 1 fois
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Stavkirke d'Heddal
La plus grande des églises en bois debout norvégiennes, toujours pour l'impression d'ensemble donnée par l'avalanche
des toitures. Là aussi c'est glané sur Internet. Nous n'y sommes pas allés. Magnifique :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:37, édité 1 fois
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Quand placer les questions ?
Jean-Yves Amir a écrit:
... Je ne voudrais pas déranger le fil de ta présentation, Northman. Que préfères-tu? Qu'on pose des questions au fur et à mesure? Ou bien qu'on les pose après, lors d'une "pause"? Je sais ce que c'est que de construire un sujet. Les deux options se défendent...
C'est bien les questions au fur et à mesure. Là, ça m'a obligé à préciser mon approche : Du global vers le détail et de l'extérieur vers l'intérieur de ces églises. J'ai abordé Gol et Heddal uniquement d'un point de vue global extérieur pour le moment, afin d'élargir à d'autres exemples de Stavkirker. Je vais revenir à Borgund pour aller plus dans les détails et entrer dans l'église.
En attendant, une autre très belle vue de Heddal :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:38, édité 1 fois
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Un peu de norvégien. Bokmål et nynorsk.
Kirke : Eglise en norvégien Bokmål.
Kirkje : Eglise en norvégien nynorsk.
Kirkja : Eglise en vieux norrois, langue des Vikings. Racine étymologique des deux précédents. Kirkja: Eglise en islandais contemporain. L'islandais est resté plus proche du vieux norrois... Isolement insulaire.
Bokmål et nynorsk : Eh oui ! Il y a deux langues écrites en Norvège. Bok, c'est "livre". Prononcer à l'anglaise comme book. Mål, c'est "langue". On l'a déjà vu, prononcer "môôl". Le bokmål, c'est donc la "langue des livres". Ny, c'est "nouveau" ou "néo".Ny fait donc penser à l'anglais new. Nynorsk, c'est "néo-norvégien".
Article de Jean-Baptiste Gouyon publié en avril 2003 dans La Recherche :
"Noreg ou Norge ? Depuis le milieu du XIXe siècle, les Norvégiens utilisent deux langues écrites, le bokmål et le nynorsk. Citadins ou campagnards, fonctionnaires ou poètes, à chacun son idiome et son idée d'une certaine identité nationale. En attendant la fusion des langages qui s'interpénètrent déjà. Plaisanterie norvégienne : pourquoi, en Norvège, n'y a-t-il pas encore eu de révolution ? Parce qu'on ne s'est pas encore mis d'accord sur la manière de l'écrire ! Ses habitants disposent en effet de deux langues écrites, le bokmål la langue des livres et le nynorsk ou néo-norvégien.
Quelque 600 000 personnes écrivent en nynorsk. Dans un pays de 4,5 millions d'habitants, cette langue est donc minoritaire [13,3 %]. L'égalité entre nynorsk et bokmål est néanmoins garantie par la loi : toute publication officielle est disponible dans l'une et l'autre langue ; le bilinguisme est la règle dans l'administration centrale. Quand un citoyen écrit une lettre en nynorsk à un fonctionnaire, celui-ci se doit de lui répondre dans cette langue.
Les autorités locales, elles, peuvent choisir leur camp. Ainsi, en 1998, sur les 435 communes du pays, 114 utilisaient le nynorsk comme langue officielle, contre 175 le bokmål. Les autres, au nombre desquelles Oslo et Bergen, les deux premières villes du pays, se définissent comme neutres. [voir carte ci-dessous]
Langue des villes et langue des champs
Mais, dans les faits, cela revient à utiliser le bokmål, langue du pouvoir politique et culturel, langue des villes ; le nynorsk se caractérise plutôt comme celle du monde rural. Ce n'est donc pas une coïncidence si la majorité des 17 % d'écoliers qui apprennent à écrire en nynorsk se trouve dans les campagnes du Sud et de l'Ouest. Ils n'apprennent le bokmål qu'au collège. Car les écoles, à l'image des communes, choisissent leur langue d'enseignement. Cependant, pour peu que les parents de 10 élèves demandent un changement, la question est posée par référendum à l'ensemble des parents d'élèves de l'école. Dans tout le pays, il faut imprimer les manuels scolaires dans les deux langues. Ce cas de diglossie pourrait être banal si nynorsk et bokmål n'étaient aussi proches l'un de l'autre lire encadré ci-contre. Au point que certains linguistes les considèrent comme les deux versions d'une même langue [1].
Qu'est-ce donc qui les distingue l'un de l'autre ? Les pratiquants du nynorsk parlent d'identité profonde de l'individu, de « psychologie ». Pour certains d'entre eux, jamais leur pays n'adhérera à l'Union européenne tant que leur langue sera vivante. Elle obligerait, selon eux, à toujours dire la vérité... Pour tout dire, les partisans du nynorsk s'estiment plus Norvégiens que leurs compatriotes qui écrivent en bokmål.
Si l'on se penche sur la littérature produite depuis 1870, le bokmål domine en prose, et le nynorsk en poésie lyrique. Langue très expressive car très concrète, le nynorsk s'accommode en effet fort bien du rythme de la parole. Quoi d'étonnant à cela ? Il emprunte son lexique aux dialectes parlés par les pêcheurs et les paysans.
Le premier ouvrage jamais écrit en nynorsk a été publié en 1853 par Ivar Aasen 1813-1896. Sorte de « défense et illustration » de la langue norvégienne, s'y trouve rassemblés, sous le titre Spécimens de la langue nationale de Norvège, des contes populaires, des proverbes, des traductions de Shakespeare et de Schiller.
L'auteur est un garçon de ferme venu à la linguistique entièrement seul. Après avoir disséqué son dialecte natal, il entreprend en 1842 la collecte des dialectes ruraux de l'Ouest et du Centre de la Norvège, qu'il considère comme les plus proches du nordique. De ce matériel, il dégage un dénominateur commun qu'il transcrit en utilisant comme base étymologique le nordique. En 1848, le nynorsk est né. Cette année-là paraît la première grammaire nynorsk, suivie d'un dictionnaire deux ans plus tard.
Le travail d'Aasen prend sa source dans le désir d'indépendance qui agite la Norvège à partir de 1814*. Les indépendantistes soulèvent alors un point essentiel : quel peuple peut prétendre à la liberté quand la langue qu'il écrit est celle d'un autre ? [Danois]
Réforme sans issue
Dès lors, deux options s'affrontent. Les tenants de la première visent la continuité historique. Le danois est la langue officielle en Norvège, et toute l'élite a étudié à Copenhague. Ils entament donc, sous la houlette du linguiste Knud Knudsen, une réforme orthographique du danois pour y intégrer la prononciation norvégienne. En toute logique, ils nomment d'abord leur nouvelle langue le dano-norvégien, avant de la baptiser riksmål, la langue du royaume. Elle prend le nom de bokmål en 1929. Ce mouvement trouve un écho favorable dans le National-Romantisme*.
L'autre terme de l'alternative s'incarne dans l'oeuvre d'Ivar Aasen. Avec sa création d'un norvégien « authentique », il souhaite consacrer la rupture entre Norvège et Danemark. Le nynorsk, qu'il baptise d'abord landsmål, langue nationale, est pour lui la « condition nécessaire à l'émancipation non révolutionnaire des masses populaires ». Pour gagner les faveurs de l'élite bourgeoise des villes, il emprunte ainsi au National-Romantisme sa rhétorique.
En 1885, le Parlement norvégien, à majorité libérale, déclare l'égalité entre nynorsk et bokmål. Suivent des réformes orthographiques qui tendent, d'une part à renforcer la différence entre bokmål et danois, d'autre part à introduire dans le nynorsk des formes dialectales du Nord et de l'Est, écartées par Aasen qui les estimait trop éloignées du nordique.
Jusqu'en 1938, l'État se cantonne dans un rôle d'arbitre. Mais, cette année-là, une réforme orthographique des deux langues est entamée pour les fusionner en un samnorsk, norvégien commun. Aussitôt, des protestations s'élèvent. La Seconde Guerre mondiale met un frein à la révolte, qui reprend au début des années cinquante. Des manifestations sont organisées, des livres brûlés, des campagnes de correction des manuels scolaires organisées. On reproche aux formes nynorsk introduites dans le bokmål d'être « plébéiennes ». En 1959, le gouvernement abandonne la réforme, qui reste dans l'histoire de Norvège la seule à avoir déclenché autant de passions. Depuis cet affrontement, les deux langues coexistent. Plusieurs milliers de mots bokmål ont été introduits dans le lexique nynorsk. Quant à la grammaire bokmål, elle se teinte de nynorsk. À l'avenir, la fusion pourrait bien se faire d'elle-même, sans le secours d'une loi. En attendant, est toujours imprimé sur les billets de banque le nom du pays en nynorsk et en bokmål : Noreg et Norge. J.-B. G.
[1] Peter Trudgill, « Norwegian as a Normal Language », dans Language Contact ad Language Conflict, rapport de l'International Ivar Aasen Conference, 14-16 novembre 1996, université d'Oslo-Volda College, p. 151.
[2] Christophe Bord, Les Langues scandinaves, coll. « Que sais-je ? », no 3590."
Source : http://www.larecherche.fr/savoirs/langage/coexistence-linguistique-norvege-01-11-2003-85086
Dernière édition par Northman le Mar 16 Fév 2016 - 8:29, édité 3 fois
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
Jean-Yves voici une vue latérale de la réplique de Rapid City. Il y a bien les dragons.
Oups! J'avais pas vu!
Drôle d'effet optique....
La "mini-stavkirke" d'Undredal
Avant de revenir à la Stavkirke de Borgund pour explorer sa charpente, je vous emmène faire un saut à Undredal, dont la toute petite église est aussi classée Stavkirke :
Undredal, Heddal, Lærdal ... Beaucoup de toponymes se terminant par dal en Norvège. Logique, c'est un pays montagneux,
et les villes et villages sont principalement dans les vallées. Dal, vallée. C'est le même mot en bokmål et en nynorsk, un
nom masculin, issu du vieux norrois dalr.En islandais contemporain, c'est dalur, encore une fois plus proche du vieux
norrois.
Undredal est un charmant petit village situé au bord de l'Aurlandsfjord.
L'église, semble tout à fait classique, et en dehors du fait d'être en bois, très loin de celles de Borgund, Gol ou Heddal
vues plus haut :
La plaque - en nynorsk- certifie pourtant bien qu'il s'agit à l'origine d'une Stavkirke.Quels sont donc les points
communs avec celles de Borgund, Gol, Heddal ? Pour le savoir, il va falloir entrer dans l'église.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:42, édité 3 fois
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Et pourquoi par exemple la petite église en bois de Bakka, au bord du magnifique Nærøyfjord, n'est elle pas classée stavkirke ?
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Undredal
Entrons dans la mini-église d'Undredal :
Ce sont trois photos trouvées sur Internet, car l'église était fermée quand nous sommes arrivés à Undredal. Notre but principal était de faire une reconnaissance des points de mises à l'eau pour mon kayak, afin d'avoir un point de départ et d'arrivée pour une randonnée dans la moitié aval du Nærøyfjord. La moitié amont, au départ de Gudvangen, nous l'avons aussi parcourue en kayak, mais en famille.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:42, édité 2 fois
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Undredal et Bakka
Voilà pourquoi la petite égise d'Undredal, construite en 1147, est une stavkirke, la plus petite église en bois debout encore
en activité :
Quatre poteaux en bois ainsi disposés, visibles à l'intérieur de l'église. Des poteaux porteurs fondamentaux pour toute la
structure. Stav : Poteau, pieu. Je n'ai pas pour le moment trouvé de plan de la charpente de cette église.
Nous avons pu visiter l'intérieur de la petite église de Bakka, au bord du Nærøyfjord. Elle n'est effectivement pas une
stavkirke :
On ne retrouve pas de structure fondée sur quatre gros poteaux d'angles, porteurs fondamentaux de la charpente, visibles
dans l'église et comme à Undredal détachés des parois. Au passage, l'absence de statues de Saints, et en particulier de
Marie, montre que nous ne sommes pas dans une église catholique. La religion largement dominante en Norvège est
protestante luthérienne. Près de l'entrée, la succession chronologique des différents pasteurs :
La charpente du clocher :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:45, édité 6 fois
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Je me doutais que c'était une question de structure.
L'église de Bakka est une église en bois, mais pas de "bois debout". Le bois ne sert qu'à l'habillage.
Mais alors comment tient-elle debout? Il lui faut bien une armature? Une structure métallique?
L'église de Bakka est une église en bois, mais pas de "bois debout". Le bois ne sert qu'à l'habillage.
Mais alors comment tient-elle debout? Il lui faut bien une armature? Une structure métallique?
Les poteaux (stav) de la stavkirke de Borgund
Jean-Yves Amir a écrit:Je me doutais que c'était une question de structure.
L'église de Bakka est une église en bois, mais pas de "bois debout". Le bois ne sert qu'à l'habillage.
Mais alors comment tient-elle debout? Il lui faut bien une armature? Une structure métallique?
Pour l'église de Bakka et les églises en bois qui ne sont pas des stavkirke, très probablement une ossature bois
sur le même principe que ce que l'on voit sur les chantiers de maisons à ossature bois. Revenons à Borgund. Les
poteaux porteurs principaux, stav, sont, comme les gros piliers des cathédrales de pierre, totalement apparents
dans l'église :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:47, édité 9 fois
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Charpente de Borgund
Une fiche de vocabulaire norvégien spécialisé en charpente. Très utile pour votre vie quotidienne: Interro demain matin à 8H00.
Non, en fait on va utiliser ce schéma pour pointer différents détails dans la suite du sujet.
Dernière édition par Northman le Dim 31 Jan 2016 - 13:19, édité 6 fois
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Pin sylvestre
Quel arbre abondant en Norvège peut donner la matière première pour réaliser ces hauts poteaux, porteurs de base de
toute la structure des stavkirke ? Le pin sylvestre, pinus sylvestris L.
Carte de répartition :
Forêt norvégienne de pins sylvestres :
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pin_sylvestre
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 12:48, édité 2 fois
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Heddal sous la neige. Snø.
Avec les photos et schémas de la charpente de la stavkirke de Borgund, on comprend mieux la logique de structure sous "l'avalanche de toits". Nous allons l'analyser méthodiquement.
Pour commencer, on remarque une admirable rencontre entre l'harmonie esthétique - formes, proportions, pentes des toits, bois , etc - et l'adaptation de la charpente et de la couverture aux contraintes physiques - forces, poids des structures, poids de la neige, force du vent qui peut souffler très fort en Norvège-.
Comme c'est Noël (au balcon) commençons par la neige (que nous n'avons pas en chez nous) :
C'est la stavkirke d'Heddal sous la neige. Nous avons déjà vu que les pentes des toits décroissent du haut en bas, ce qui renforce l'impression d'élan vertical vers le haut. La neige glissera plus facilement sur les pans de toits du haut que sur ceux du bas. C'est une heureuse nouvelle pour les forces exercées sur les poutres de la charpente.
La neige, c'est snø en norvégien, bokmål et nynorsk. Ca fait penser entre autres au snow anglais. Une bonne occasion, après le å, d'aborder le ø:
Il se prononce "eu". Le "eu" de "feu", pas celui de "peur". Pour le taper au clavier, touche Alt enfoncée et 0248 pour le ø, 0216 pour le Ø. En norvégien snø est masculin. "La neige" se traduira donc par snøen, en bokmål comme en nynorsk.
La prononciation : http://no.thefreedictionary.com/sn%C3%B8
Il faut cliquer sur l'icône représentant un haut-parleur.
La prononciation de kirke, mot déjà vu, vous surprendra très certainement :
http://no.thefreedictionary.com/Kirke
On est pas si loin du church anglais. Le k initial et le second k du mot ne se prononcent pas du tout de la même façon !
Ecoutez aussi le -rsk de norsk ( norvégien, la langue) :
http://no.thefreedictionary.com/Norsk
Là vous avez la prononciation de bokmål :
http://www.thefreedictionary.com/bokm%C3%A5l
Dal est plus proche de ce que l'on pouvait imaginer :
http://no.thefreedictionary.com/dal
Dernière édition par Northman le Mar 16 Fév 2016 - 8:32, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Au coeur de la structure de Borgund
Module principal de la charpente de la stavkirke de Borgund :
Les principaux poteaux porteurs sont ici surlignés en rouge. Ils encadrent la nef de l'église. Je ne sais pas si les stav sont tous
ces poteaux ou uniquement ceux des quatre angles - poteaux corniers-. Je chercherai. Ces poteaux sont donc faits de troncs de
pins sylvestres :
Ces poteaux principaux sont porteurs de la charpente de la toiture principale, ici en orange, avec ses cinq fermes vues de côté :
Cette charpente du toit principal est elle même est porteuse de la charpente du clocheton sommital, ici en jaune :
Il existe un poteau intermédiaire qui ne part pas du sol, ici en marron :
Très élancés, les poteaux porteurs principaux ( rouges ici) portent donc la charge de la charpente du toit principal
elle-même surmontée de celle du clocheton sommital, plus les couvertures correspondantes. Les troncs des pins
sylvestres sont naturellement structurés pour porter les branches et feuillages. Ici, ils peuvent largement encaisser
la compression due au poids des charpentes, mais le risque est le flambage. je vais revenir en détails sur cette
notion de résistance des matériaux. Simplement, pour éviter entre autres la rupture par flambage, il faut rigidifier
l'ensemble. C'est certainement le rôle principal de la structure ici en vert, avec ses croix de Saint-André :
Il est à mon avis erroné de lui attribuer uniquement un rôle de contreventement au sens strict du terme. Nous allons
creuser tout cela dans les prochains posts.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:04, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Flambage ou flambement
Au début de cette petite vidéo - inutile de la regarder entièrement-, une compression progressivement croissante est
appliquée sur un tube en carton. On le voit fléchir jusqu'au brutal point de rupture :
La charge critique de flambage théorique, pour un poteau homogène de diamètre donné, est inversement proportionnelle
au carré de la longueur de flambage *. Voir ici pour aller plus loin :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Flambage
Dans la structure de base de l'église de Borgund, La poutre horizontale avec les croix de Saint-André diminue
considérablement la longueur de flambage :
On passe de L à 0,57 L. Cette diminution de la longueur de flambage permet aux poteaux de supporter une charge
trois fois plus importante, grosso modo. Ces croix de Saint-André et les traverses associées n'ont donc pas qu'une
fonction ornementale ...
Ensuite, il faut voir les extrémités des poteaux. La résistance au flambage varie si les extrémités sont encastrées
(fixed), en rotules ( pinned) ou libres ( free) :
Initialement les stav, colonnes de bois des stavkirke, étaient plantés directement dans la terre, ce qui donnait
l'équivalent d'un encastrement au sol. Mais le pourrissement dû à l'humidité a fait opter pour une autre solution. Nous
verrons cela plus tard. La structure avec croix de Saint-André donne l'équivalent d'un encastrement en haut de la longueur
de flambage, ce qui renforce la résistance, puisque l'encastrement est la solution la plus solide.
* Pour une poutre articulée en rotules en haut et en bas.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:10, édité 8 fois
Northman- Messages : 547
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Les "tang", traverses en tenailles
La rigidification de la structure de base et la diminution de la longueur de flambage dépend déjà du soin apporté à la
réalisation de ces poutres appelées tang en norvégien :
Elles doivent particulièrement bien enserrer les poteaux. D'après ce schéma elle sont en deux parties, prenant ainsi
les poteaux, stav, en étau.
Sur un agrandissement d'une des rares photos que j'ai prises à l'intérieur de la stavkirke de Borgund, on voit
qu'effectivement la tang supérieure est en deux parties :
On voit mieux sur cette photo trouvée sur internet :
Tang, c'est "pince", "tenaille". http://no.thefreedictionary.com/tang.
On pourrait donc traduire le nom de ces poutres par "traverses en tenailles". Il serait intéressant de savoir comment les
deux parties de ces "tenailles" sont assemblées pour obtenir un bon enserrement des colonnes de bois.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:12, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Les "tang", traverses en tenailles
Sur cette photo, on voit bien ce qui semble être des têtes de chevilles en bois, qui serviraient donc à la fois à maintenir les deux traverses en tenailles serrées l'une contre l'autre, et à fixer les étrésillons des croix de Saint-André sur ces mêmes traverses. Si ces chevilles servent effectivement à maintenir les deux traverses serrées l'une contre l'autre, alors elles ne doivent pas être enfoncées perpendiculairement aux chants de ces poutres, mais en biais. Je n'ai toujours pas trouvé pour le moment de données sur le mode d'assemblage de ces tang, traverses en tenailles, donc cette hypothèse des fixations par chevilles reste à vérifier. J'ai pointé ces têtes de chevilles avec des cercles bleus :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:13, édité 1 fois
Northman- Messages : 547
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Le contreventement
"Le contreventement consiste à mettre en place des dispositifs empêchant la basculement et l’écroulement de la structure sous la pression du vent."
Source : https://constructionbois.bilp.fr/guide-ossature-bois/ossature-mur/ossature-bois-plateforme/contreventement
"Effet du vent sur une structure non-contreventée : Le vent provoque une force horizontale (en rouge) sur la structure. La résistance des points de
fixation étant négligeable par rapport à cette force, les fixations sont assimilables à des rotules (en bleu). La structure bascule autour de ses rotules : "
Exemple de structure en bois contreventée par des bras de contreventement :
La structure centrale de la stavkirke de Borgund est très bien contreventée entre autres par les croix de Saint-André et les traverses en tenailles :
Cette poutre (en vert sur le schéma ) constituée par les traverses en tenailles et les croix de Saint-André est donc à la fois un dispositif
anti-flambage des grandes colonnes de bois et un système de contreventement.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:15, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit: Il serait intéressant de savoir comment les deux parties de ces "tenailles" sont assemblées pour obtenir un bon enserrement des colonnes de bois.
Je ne serais pas surpris qu'on voie d'ici peu pousser une stavkirke en Normandie! Tu connaîtras bientôt tous les trucs de fabrication!
De Borgund à Flåm par la route des montagnes
Pour ce 31 décembre 2015, je vous propose une petite bouffée d'oxygène après ces posts sur les structures en bois et les forces. Sortons momentanément de la stavkirke de Borgund pour aller prendre l'air sur les plateaux montagneux des alentours. Prenons la route des montagnes :
Elle passe au dessus du long tunnel pris à l'aller :
Très souvent des animaux sur les routes norvégiennes, même importantes :
Aconit septentrional :
Linaigrette à feuilles étroites :
Encore des animaux sur la route, dans ces paysages très sauvages :
Toutes ces photos ont été prises le 17 juillet 2008.
Saisissant, l'Aurlandsfjord vu des hauteurs. Au loin, à gauche de la cascade, l'entrée du sublime Nærøyfjord, avec Beitelen,
ce musoir naturel de 675 mètres qui plonge droit dans l'eau de ce bras de mer.
Très bonne année 2016 !
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:16, édité 1 fois
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
De la neige!! on en veut!!!!
Meilleurs vœux aussi!
Meilleurs vœux aussi!
Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
alainAdmin a écrit:De la neige!! on en veut!!!!
Meilleurs vœux aussi!
Oui!
Pour info pour Northman qui ne suit pas toujours les autres sujets:
- un cadeau de nouvel an ici https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t113-dubuffet-labonfam-abeber
- et un mot sur la neige là https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t44-jean-yves-amir
Un peu de toponymie scandinave en Normandie
Jean-Yves Amir a écrit: ... Pour info pour Northman qui ne suit pas toujours les autres sujets...
Toujours le même problème : Soit je ne participe plus du tout au forum par manque de temps pour aller partout, soit je continue quand même en ne me concentrant correctement que sur un seul sujet à la fois.
Jean-Yves Amir a écrit: Je ne serais pas surpris qu'on voie d'ici peu pousser une stavkirke en Normandie! Tu connaîtras bientôt tous les trucs de fabrication! Laughing
Non, je n'aurai pas le temps de me lancer dans un tel projet !
Il reste cependant intéressant d'étudier de près une structure en bois comme l'église de Borgund qui a tenu le coup pendant plus de 800 ans. C'est la Stavkirke la mieux préservée sur les 28 restantes en Norvège... De la construction durable !
Mais nous avons des kirke en Normandie. Plus exactement des toponymes issus du vieux norrois kirkja :
Carquebut, , Cricqueboeuf, Cricqueville-en-Auge, Cricqueville-en-Bessin, La Crique, Criquebeuf-en-Caux, Criquebeuf-la-Campagne, Criquebeuf-sur-Seine, Criquetot-l'Esneval, Criquetot-le-Mauconduit, Criquetot-sur-Longeville, Criquetot-sur-Ouville, Querqueville.
Référence : "Dictionnaire étymologique des nolms de communes de Normandie". René Lepelley, 2003 éditions Charles Corlet et Presses universitaires de Caen.
Il est très intéressant de voir que les moins déformés par rapport à la langue d'origine sont dans le Cotentin, à l'ouest de la Normandie : Par exemple Carquebut a exactement la même étymologie que Cricqueboeuf. Carquebut se trouve dans le Cotentin et Cricqueboeuf dans le Calvados, non loin de Honfleur. De même, Querqueville, près de Cherbourg, a la même étymologie que les deux Cricqueville situés dans le Calvados.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:17, édité 1 fois
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Structure de la charpente de Borgund, suite
Revenons dans la stavkirke de Borgund. La structure principale, qui encadre et surplombe la nef, comprend une colonne
de bois qui ne descend pas jusqu'au sol :
La force transmise par le poteau central est reprise par deux jambes de force réalisant une belle arcature en plein cintre :
Même si l'élan vertical fait penser au gothique, la période de construction, les arcatures en plein cintre et la quasi absence
de fenêtres nous plongent en plein art roman, ou en pleine influence du roman.
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Histoire du christianisme norvégien. Population norvégienne actuelle
Nous avions vu ici que la période de construction des églises en bois debout s'étale sur les XIIème et XIIIème siècles, à l'exception de Reinli ( après 1326 ?) et de Rollag, construite après 1425, et de Grip, XVe siècle. Nous verrons là que la toute première génération de stavkirke remonte au XIe siècle.
Il est intéressant de resituer ces trois siècles dans l'histoire de la Norvège. J'ai trouvé un article d'Eric Eydoux, maître de conférences à l'université de Caen, qui la résume très bien. Voici l'extrait qui nous concerne :
"La création d'un pays unifié et christianisé :
C'est à la fin du IXe siècle, au moment où apparaît le terme Norvège – Noregr ou « route du Nord » – que le pays est unifié. Un siècle plus tard, le « Christ blanc » commence à chasser les anciennes divinités norroises, Odin, Thor ou Freyr – dieu de la Fécondité. C'est après la mort d'Olav Haraldsson en 1030, bientôt connu dans toute la Scandinavie sous le nom de saint Olav, que l'Église s'institutionnalise vraiment ; le processus s'achève en 1152 lorsque le pays accède à la dignité de province ecclésiastique, avec Trondheim pour métropole. Là s'élève toujours la cathédrale, le plus impressionnant fleuron de l'architecture religieuse de l'Europe du Nord, qui le cède cependant en originalité aux modestes stavkirker ou églises en bois debout. Au nombre de trente – dont celle du musée de plein air d'Oslo – elles sont spécifiques à la Norvège : une très déroutante allure de pagode y dissimule la structure d'une église classique.
Alors que s'implante l'Église, l'organisation sociale se diversifie et se hiérarchise suivant le modèle occidental. Tandis que dans les premières cités, telles Trondheim, Tynsberg et Oslo, émerge une bourgeoisie, les prérogatives royales se développent et les grands propriétaires, investis de fonctions militaires, commencent à former une caste nobiliaire. Les paysans, bientôt astreints à payer la dîme et l'impôt, sont également nombreux à perdre leur statut de propriétaire. Le servage n'aura néanmoins jamais droit de cité en Norvège où le paysan ne cessera d'être un homme libre, ce qu'on soulignera ensuite à l'envi. Au XIIIe siècle, Håkon Håkonsson (1217-1263) et Magnus le Législateur (1263-1280), souverains fermes et mesurés, finissent de mettre le royaume à l'heure de l'Europe. Mais si la Norvège connaît sous leurs règnes sa « période de grandeur », le déclin s'amorce dès le siècle suivant. Tandis que les Allemands de la Hanse, principalement implantés à Bergen, assurent leur domination sur le commerce, le pays perd une première fois son autonomie dans une union avec la Suède (1319-1355) ; puis il est frappé dans ses forces vives par la peste de 1349-50 qui emporte sans doute la moitié de sa population."
Vous aurez remarqué que l'auteur écrit "... aux modestes stavkirker...". La terminaison en -er est l'article indéfini masculin comme féminin pluriels, en bokmål. Donc :
Stavkirke : "Eglise en bois debout", en bokmål .
Stavirker : "Des églises en bois debout", toujours en bokmål.
On avait déjà vu que les articles définis sont postposés en norvégien. Les indéfinis le sont aussi au pluriel ... mais pas au singulier.
Trondheim sur la carte des stavkirke :
Vues de la cathédrale de Nidaros-Trondheim récupérées sur Internet :
L'aire urbaine de Trondheim comporte 279 515 habitants. C'est la quatrième aire urbaine de Norvège, la première étant la capitale Oslo avec 1 546 706 habitants, la seconde Bergen avec 402 624 habitants, et la troisième Stavanger avec 325 692 habitants.
Source :
https://en.wikipedia.org/wiki/Largest_metropolitan_areas_in_the_Nordic_countries
La précision des chiffres reste relative mais donne un bon ordre d'idée.
Si l'on additionne les populations de ces quatre plus grandes aires urbaines de Norvège, on obtient 2 554 537 habitants, soit 49,2% des 5 189 435 habitants du pays entier. Quasiment la moitié de la population norvégienne se concentre donc dans les quatre plus grandes aires urbaines du pays. Cette vue satellite nocturne montre bien où se concentre la population :
Principalement dans les grandes villes côtières. C'est pourquoi on trouve des paysages extrêmement sauvages dès qu'on s'aventure sur les routes montagneuses de l'intérieur du pays.
Oslo est une capitale à taille humaine. On y respire. J'en garde un très bon souvenir pour y avoir effectué un stage de quatre jours en 1993.
Vous n'aurez pas manqué de remarquer les spots lumineux en mer du Nord : Plateformes pétrolières.
Dernière édition par Northman le Ven 5 Fév 2016 - 19:16, édité 14 fois
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Les paysages très sauvages de Norvège
Avec 5 189 435 habitants pour une superficie totale de 385 199 kilomètre-carrés, la densité de population norvégienne est de 13,70 habitants par kilomètre-carré. Pour comparer, la superficie totale de la France est de 675 000 kilomètres-carrés. La superficie de la Norvège est donc 0,57 fois celle de la France.
La France comprend 67 148 000 habitants. La population de la Norvège est donc 0,08 fois celle de la France, dont la densité est de 98,8 habitants au kilomètre-carré. On comprend donc bien que l'on puisse trouver des espaces très sauvages en Norvège, dès qu'on s'éloigne des principales aires urbaines et des côtes. Voici pour illustrer quelques photos prises en juillet 2008 sur la route des Trolls et en haut de Dalsnibba, non loin de Geiranger :
Dernière édition par Northman le Jeu 4 Fév 2016 - 11:45, édité 2 fois
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Les croisées d'écharpes de la charpente de Borgund
Charpente de la toiture de la nef de la stavkirke de Borgund :
Chacune des fermes se compose de deux arbalétriers (en rouge ci-dessous), d'un entrait retroussé (en orange) et d'une
croisée d'écharpes qui renforce la résistance des arbalétriers à la flexion, dans leurs parties supérieures.
La courbure des écharpes donne un effet de voûte :
Il serait vraiment intéressant de chercher d'où est venue cette technique de la croisée d'écharpes avec entrait retroussé.
Et malheureusement, on ne voit pas le détail des assemblages entre ces différentes composantes de la ferme, sur le schéma
comme sur la photo.
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:26, édité 3 fois
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Croisées d'écharpes, suite
L'entrait retroussé n'étant pas moisé, aurait-on ceci ?
Arbalétriers en rouge, entrait retroussé en orange, jambes de force en jaune, étrésillons ou écharpes secondaires en
croix de Saint-André en vert. Difficile de trancher...
Ce détail d'un dessin de la charpente de la stavkirke de Gol est plus précis, mais encore flou sur les assemblages :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:31, édité 4 fois
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Charpente de Borgund : Forces
Les trois fermes centrales de la charpente (orange ci-dessous) de toiture de la nef de la stavkirke de Borgund
reprennent le poids de la flèche (jaune) :
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:33, édité 2 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
Même si l'élan vertical fait penser au gothique, la période de construction, les arcatures en plein cintre et la quasi absence de fenêtres nous plongent en plein art roman.
Juste un mot sur ce point, avec un peu de retard... (désolé)
Il me semble que ces références stylistiques "roman" ou "gothique" ne fonctionnent pas pour une telle construction.
Les arcs en plein cintre, hérités de la construction romaine, ont un rôle structurel dans l'architecture romane. Ici, ils ne jouent qu'un rôle décoratif, ils auraient pu être remplacés par une simple équerre.
Je connais mal la question, mais j'ai le sentiment que cette construction, très sophistiquée dans sa maitrise des structures, se rapproche davantage du gothique, même si on est très loin de ce qui relève de ce style dans l'architecture de pierre.
Pas évident...
Art roman ou influences romanes ? Influences gothiques ?
Jean-Yves Amir a écrit:Northman a écrit:
Même si l'élan vertical fait penser au gothique, la période de construction, les arcatures en plein cintre et la quasi absence de fenêtres nous plongent en plein art roman.
Juste un mot sur ce point, avec un peu de retard... (désolé)
Il me semble que ces références stylistiques "roman" ou "gothique" ne fonctionnent pas tellement pour une telle construction.
Les arcs en plein cintre, hérités de la construction romaine, ont un rôle structurel dans l'architecture romane. Ici, ils ne jouent qu'un rôle décoratif, ils auraient pu être remplacés par une simple équerre.
Je connais mal la question, mais j'ai le sentiment que cette construction, très sophistiquée dans sa maitrise des structures, se rapproche davantage du gothique, même si on est très loin de ce qui relève de ce style dans l'architecture de pierre.
Pas évident...
Oui jean-Yves les arcs en plein cintre et l'absence d'ogives et/ou de croisées d'ogives ne sont effectivement pas des critères suffisants pour exclure complètement les influences gothiques. C'est surtout le critère de la lumière avec cette quasi-absence de fenêtres qui m'a fait pencher vers l'intimité du roman. Je dois le vérifier, mais les petits "hublots" que l'on voit sur la stavirke de Borgund sont même des ajouts ultérieurs. L'élan vertical des hautes stavkirke est cependant commun avec l'élan vertical des églises gothiques, même s'il ne va pas chercher la lumière extérieure.
Les arcs en plein cintre, nous l'avons vu, ont quand-même un rôle structural dans les stavkirve de type Borgund, comme jambes de forces par exemple pour soutenir les traverses en tenailles là où les colonnes de bois ne descendent pas jusqu'au sol.
https://lartcommeonlaime.forumactif.org/t107p30-norvege-les-stavkirke-eglises-en-bois-debout#1591
Les charpentiers auraient très bien pu former des arcatures ogivales pour leur faire jouer le même rôle. Ils ont opté pour le plein cintre. Pourquoi ? Modèles d'églises de pierre romanes avec arcatures en plein cintre ?
Mais faut-il finalement chercher à classer les stavkirke dans l'une ou l'autre catégorie ? On peut déjà affirmer qu'elles sont bien à part, surtout vues de l'extérieur, et rechercher la documentation solide qui permettra de retrouver les différentes influences architecturales, les modèles initiaux, en commençant par les plus anciennes des stavkirke. J'essaie déjà de faire ce genre de recherche au fur et à mesure de mon analyse des différents détails de la charpente. J'avoue que ce sujet, couplé à mon amour pour la Norvège, est passionnant et quand même dépaysant. J'espère vous faire partager un peu de cet amour et de cette passion au travers de cette recherche qui, comme je l'ai posé au départ, garde les stavkirke comme colonne vertébrale, tout en "aérant" par de multiples ouvertures sur la Norvège...
19.02.2016 : La charpente de toiture de Borgund est clairement influencée par le style gothique. Voir ce post ultérieur. ce post ultérieur et le suivant.
Dernière édition par Northman le Ven 19 Fév 2016 - 21:16, édité 4 fois
Northman- Messages : 547
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Re: Norvège : Les "stavkirke", églises en "bois debout", et secondairement bien d'autres aspects de ce magnifique pays et de sa culture...
Northman a écrit:
Faut-il finalement chercher à classer les stavkirke dans l'une ou l'autre catégorie ? On peut déjà affirmer qu'elles sont bien à part, surtout vues de l'extérieur, et rechercher la documentation solide qui permettra de retrouver les différentes influences architecturales, les modèles initiaux, en commençant par les plus anciennes des stavkirke. J'essaie déjà de faire ce genre de recherche au fur et à mesure de mon analyse des différents détails de la charpente. J'avoue que ce sujet, couplé à mon amour pour la Norvège, est passionnant et quand même dépaysant. J'espère vous faire partager un peu de cet amour et de cette passion au travers de cette recherche qui, comme je l'ai posé au départ, garde les stavkirke comme colonne vertébrale, tout en "aérant" par de multiples ouvertures sur la Norvège...
Oui oui, Northman, tu fais du très bon boulot, précis et documenté, et qui donne envie d'aller en Norvège! C'est sûr, c'est même au programme de vacances prochaines...
La question que je me pose, mais je ne sais pas y répondre..., c'est de savoir quelles ont pu être les influences architecturales à cette époque. Les idées et les savoir faire circulaient beaucoup à travers l'Europe.
Comment les artisans adaptaient-ils leurs connaissances techniques, leurs envies de démonstrations ou d'innovations en fonction des situations locales, je me le demande.
A ce sujet, j'ai bien aimé le livre "Les Piliers de la terre" de Ken Follet qui raconte l'invention du gothique du point de vue d'un bâtisseur, d'un maçon, et les relations complexes entre les contraintes techniques et celles des pouvoirs.
On n'était pas en Norvège, mais j'ai l'impression que les charpentiers norvégiens devaient vivre le même genre de tensions...
Ceci dit en toute modestie, car je le répète, je ne sais pas.
Borgund, forces : Poids de la flèche et poussée du vent
Jean-Yves Amir a écrit:
La question que je me pose, mais je ne sais pas y répondre..., c'est de savoir quelles ont pu être les influences architecturales à cette époque. Les idées et les savoir faire circulaient beaucoup à travers l'Europe.
Comment les artisans adaptaient-ils leurs connaissances techniques, leurs envies de démonstrations ou d'innovations en fonction des situations locales, je me le demande.
A ce sujet, j'ai bien aimé le livre "Les Piliers de la terre" de Ken Follet qui raconte l'invention du gothique du point de vue d'un bâtisseur, d'un maçon, et les relations complexes entre les contraintes techniques et celles des pouvoirs.
On n'était pas en Norvège, mais j'ai l'impression que les charpentiers norvégiens devaient vivre le même genre de tensions...
Ceci dit en toute modestie, car je le répète, je ne sais pas.
On reste dans l'esprit ouvert et humble de la recherche. Il y a au moins une influence importante, celle des années de culture et d'expérience qui ont précédé le christianisme en Norvège. On va particulièrement la retrouver plus loin dans ce sujet quand on abordera la stavkirke d'Urnes. Et ce savoir faire en charpenterie de marine, hérité des Vikings dont les navires ont largement fait leurs preuves ! Si je vois des parallèles je n'hésiterai pas à vous en faire part. Et à la base, une forte influence naturelle par cet arbre, le pin sylvestre, avec son grand fût bien droit et sa grande hauteur...
Continuons avec les jonctions du clocher et de la toiture de la nef :
Mes trois points rouge sur cette coupe verticale représentent les points de jonction entre le clocher et la toiture de la nef de
Borgund :
En statique, la reprise du poids de la flèche par les arbalétriers et l'entrait (entrait retroussé et pannes intermédiaires en orange)
ne pose pas de problème. La statique ne justifie pas le système de croisée d'écharpes, sauf peut-être pour renforcer l'appui haut
de la panne faîtière sur les arbalétriers :
Faisons maintenant souffler un fort vent latéral :
Ce vent fort va induire de puissantes forces déformantes sur notre triangle de points de jonction :
Et là le système de croisées d'écharpes (en vert) donne un très bon renforcement du triangle, une amélioration
de sa rigidité, un contreventement au sens littéral :
Admirable, cette charpente ... qui a résisté à toutes les tempêtes depuis plus de 800 ans...
Dernière édition par Northman le Sam 30 Jan 2016 - 13:38, édité 4 fois
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